Plusieurs dizaines de milliers de Maliens ont manifesté, ce vendredi, dans les rues de Bamako pour réclamer la démission du gouvernement, ainsi que le départ des forces militaires internationales présentes au Mali.

Des milliers de personnes manifestent dans la capitale du Mali

 

A l’appel des leaders réligieux rejoints par une partie de l’opposition, plus de 10.000 personnes se sont regroupées à la place de l’Independance, après la prière du vendredi. « Le Mali était bien ! Le Mali était tolérant ! Le Mali était beau ! Et maintenant, tout le monde souffre. Même quand tu dis bonjour à quelqu’un, il te fait la bagarre parce que le cœur est serré ! Les militaires meurent, les civils meurent », a declaré une manifestante répondant au nom de Fatim Diarra au micro de RFI.

Le massacre d’Ogossagou, où au moins 157 villageois ont été assassinés le 23 mars dernier, est la goutte d’eau qui a fait deborder le vase pour certains protestataires qui demandent le départ du gouvernement malien et des forces militaires internationales . « Barkhane et Minusma allez-vous-en de chez nous », « les enseignants, les médecins et les cheminots en grève, mais IBK s’en fout », « zéro sécurité », « IBK dégage », pouvait-on lire sur les différentes pancartes des manifestants.

« L’école est dehors, les commerçants se cherchent, et aujourd’hui, il n’y a pas de perspectives pour les jeunes, il n’y a pas d’emploi. Le chômage, l’insécurité… Ici, aujourd’hui, on dit : alors que les uns se font massacrer, qui sont les coupables, qui sont les auteurs, quelle politique nous a menés à ça ? La France est un pays ami, mais la France ne doit pas soutenir un gouvernement corrompu, illégitime », a martelé Issa Kaou N’djim, porte-parole du président du Haut conseil islamique, l’imam Mahmoud Dicko.

En marge, des jets de pierre, des pneus brûlés et des gaz lacrymogènes ont été lancés à proximité du musée national. Les leaders religieux ont annoncé que si leurs revendications ne sont satisfaites, ils appelleront à une nouvelle manifestation vendredi prochain.

Quelles sont les intentions de l’imam Mahmoud Dicko?

Depuis plusieurs mois, le président du Haut conseil islamique Mahmoud Dicko multiplie les attaques contre le gouvernement malien. Il y a eu une première offensive, décembre dernier, contre un programme d’éducation sexuelle puis, en mi-février, lors d’un rassemblement au stade du 26 mars à Bamako, où 60 000 personnes sont venues entendre le prédicateur islamique dénoncer la mauvaise gouvernance.

« Mahmoud Dicko mène un combat personnel. S’il veut faire de la politique, qu’il descende dans l’arène », a soutenu Mahamadou Camara, membre de la majorité qui pense que l’imam profite de toutes actions pour se faire de la publicité politiciennne.

Pour l’opposant Mountaga Tall, cette mobilisation pour Ogossagou était une nécessité. « Partout dans le monde, il y a eu des manifestations. Il serait honteux que rien ne se passe à Bamako », explique-t-il. Sur les intentions politiques de Mahmoud Dicko, Mountaga Tall reste prudent : « Je ne peux pas sonder son âme, mais en politique il faut abandonner le turban », a-t-il declaré.

Une opionon que ne partage pas le politologue Kalilou Sidibé qui rappelle que les religieux ont toujours fait partie du paysage politique malien. « Dès 1947, ils se battaient pour l’Indépendance », explique-t-il.

 

Source: .afrique-sur7.fr