La traditionnelle conférence de présentation de vœux à la presse, hier mercredi 13 janvier, a été mise à profit par l’ancien président du Congrès national d’initiative démocratique (CNID-FYT), Me Mountaga Tall, pour se prononcer sur les contradictions que le M5-RFP entretient avec les autorités de la transition suite à la chute du régime d’IBK.

 

C’est le lendemain du départ de la mission d’évaluation de la Cédéao que Mountaga Tall a saisi pour passer en revue les relations difficiles que le M5 entretient avec la junte militaire au pouvoir. Ce, malgré son retrait de la présidence du CNID-FYT en décembre dernier lors du 7ème congrès du parti après trois décennies, cet opposant au régime d’Alpha Oumar Konaré, puis celui de Ibrahim Boubacar Keïta ne semble pas prêt à endosser son boubou de retraite politique.

Devant la presse, hier à la Maison de la Presse , il n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour cracher ses quatre vérités aux autorités de la transition.  Il dit être   convaincu que c’est l’action « héroïque et patriotique » du M5-RFP qui a contribué à la chute du régime de l’ancien président IBK.  Selon lui, le fruit de ce combat qui a permis de fédérer et de mobiliser les forces patriotiques de l’intérieur et de la diaspora pour dire non à la corruption, qui avait sapé tous les fondements de l’Etat », a été cueilli le 18 août dernier par le groupe militaire qui n’a jamais su établir une coopération dynamique avec le M5-RFP qui, en dehors des organes de la transition, continue à prôner une transition de rupture et non une rupture avec la transition.

De quoi insister, membre du comité stratégique du M5-RFP, Me Tall d’indiquer que « la transition est sur une très mauvaise trajectoire qu’il convient de redresser au plus tôt ». Sans ambages, il a poursuivi avec son argumentaire en dénonçant la militarisation à outrance des organes de la transition et de l’administration publique.  « Les violations réitérées des textes adoptés par les autorités eux-mêmes qui les ont édictées, le non-respect de l’Etat avec son corolaire des arrestations extrajudiciaires, la volonté affichée des militaires d’avoir une mainmise totale sur l’administration sont autant de faits qui fragilisent la transition et l’éloigne de ses objectifs initiaux et naturels », a-t-il fait remarquer.

Me Mountaga Tall, qui désapprouve visiblement la trajectoire prise par la transition, déplore le fait que les conditions opaques et bureaucratiques du processus de révision constitutionnelle et la mise en place d’une condition de cession planifiée du pouvoir en lieu et place d’élections crédibles et démocratiques ne voient aucune prémisse. Ce qui lui fait dire que « la refondation est jetée aux oubliettes au profit d’une transition de continuité ». Pour lui, ces errements sont encore évitables à condition que les autorités de la transition se ressaisissent à temps.

Liberté de la presse

S’agissant des atteintes à la liberté de la presse dans notre pays, Mountaga dira que le retrait et l’abrogation immédiate de l’instruction N° 2366/MATD-SG du 18 décembre 2020 relative à l’application de l’état d’urgences qui, sous le couvert de lutte contre la pandémie de la Covid-19, sont à envisager. Selon lui, cette instruction fait planer des menaces sur toutes les libertés individuelles et collectives. Et d’ajouter qu’en raison de la place éminente et irremplaçable de la presse en démocratie, un accent particulier doit être mis sur la formation des hommes de média et rendre les entreprises de presse viables pour soustraire les journalistes à la précarité.

Me Tall aussi cède son fauteuil de président

En termes de perspectives, le président du CNID-FYT a, en prélude au congrès du parti prévu au mois de mai prochain et qui coïncide avec les 30 années du parti, confié devant les hommes de média, son intention de mettre en place, une nouvelle direction et de ne pas renouveler son mandat à la tête du parti. Pour Me Tall, cette décision ne fera jamais de lui un ancien militant, elle n’émane pas non plus d’une quelconque pression, mais d’un choix mûrement réfléchi.

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