Désabusés, étaient ceux des 18 millions des Maliens qui ont cru un petit temps soit peu que le Président IBK mettrait en place un gouvernement d’union nationale. Par-là, il faut entendre un gouvernement de large ouverture où toutes les sensibilités de la République seraient représentées.  C’était mal connaitre le décideur suprême et ignorer ses deux incroyables talents.

IBK aime ce pays. Oh que si ! Il aime ce bon vieux Mali, à la folie. Il le reconnait lui-même chaque fois que des « esprits malins » tentent de lui renier cela. Ce fol amour de notre président bien aimé pour ce pays ne souffre d’aucun doute. D’ailleurs comment ne pas aimer cette terre de culture et de traditions que nous ont léguées Soundjata Keïta, Damonzon Diarra, Tiéba Traoré et autres grands conquérants, grâce à qui nous fûmes pendant que d’autres n’y étaient pas.

Mais ce que l’on ignorait de notre vaillant et bien aimé décideur suprême, ce sont ses deux incroyables talents. On ne le savait pas « un trouble-fête » de classe exceptionnelle.

On ne lui reconnait surtout pas ce don presque naturel de créer des opposants, des mécontents et même des « insurgés » parfois dans son propre cercle d’amis.

Il faut dire qu’en moins de cinq ans de gouvernance, il a gâché année après année les fêtes de beau nombres.

Avec la mise en place du gouvernement SBM, en fin d’année 2017, il a réussi encore une fois, à troubler le sommeil et l’équilibre alimentaire de plus d’un.

Depuis une semaine, les commentaires vont bon train. Chacun y va de son analyse. Pour certains le chef suprême a pour habitude de faire du neuf avec du vieux. Donc, ce gouvernement est un non-événement, car sa composition ne surprend guère. Par contre, d’autres voient un gouvernement stratégique avec l’oncle national à sa tête.

Mes cousins dogons et leurs alliés, à qui le président bien aimé vient de couper le sommeil, n’ont pas compris encore ce qui leur arrive. Ainsi, dès l’annonce de la rumeur du remaniement, adoubés par  les promesses fermes des charlatans et autres vendeurs d’illusions qui pullulent nos contrées et nos grandes villes,  mes chers cousins ont dépoussiéré leurs vieux costumes et amidonnés leurs grands bazins stockés au fonds des malles depuis des lustres. Ils ont vu midi devant leurs portes, car les jeteurs de cauris les ont rassurés de cela.

Ils sont restés scotcher dans leur fauteuil en scrutant l’horizon du coté de bozola où le communiqué du remaniement devait être lu. Mes cousins et alliés n’en reviennent toujours pas que leurs noms ne figurent pas sur la liste du nouveau gouvernement. Certains ont cru que leurs oreilles les jouent des tours ou qu’ils sont dans un mauvais rêve. Seulement, ils se sont rendus à l’évidence que le décideur suprême n’a pas tenue compte de leurs CV cette fois-ci.

Ils se sont vu obligé de recaser leurs costumes et  bazins certainement pour la prochainement fois.

Seulement, il n’y aura pas de prochainement fois, car ce gouvernement est le dernier du moins du quinquennat du chef des céans.

Maintenant qu’ils ont été désabusés, les gros dogons aux nez épatés et leurs alliés se sont réveillés le dimanche matin avec une migraine atroce. Ils ont donc décidés de passer le réveillon dans leurs salons ou dans leurs chambres.

Ils ne cessent de ruminer quelques médisances à l’endroit du patron du pays. Bon, ne dit-on pas que pour éviter une grande déception, il faut éviter de beaucoup espérer. Les bambaras le traduisent bien « Nata baya, be na ni dossou kachi ba yé ».

La semaine dernière, les Maliens se sont vraiment rendu compte du second talent incroyable du boss.

Dès le début de son quinquennat, ce talent présidentiel de créer des mécontents, des fâchés, des très fâchés et mêmes d’insurgés a été mis en exergue. Ce talent presqu’inné a été perçu très tôt par les plus avertis.

Les très fâchés

Dans le lot des très fâchés, on retrouve sa famille politique le RPM qui ne cesse de réclamer la paternité de la victoire historique de 2013. Même si le boss, lui pense le contraire. Cette famille politique multicolore et inodore composée des uns et des autres comme à l’ère du Pdes, n’a jamais gobé les choix du grand chef et non moins président fondateur de la famille. Elle l’a montré lors de la composition du premier gouvernement dirigé par Tatam Ly. Elle ne l’a pas caché lors de la nomination de Moussa Mara et de Modibo Keïta. La famille n’a pas fait cadeau au boss lors de la nomination d’Abdoulaye Idrissa Maïga qui pourtant est issu de ses rangs. La famille a espéré récupérer, avec le dernier remaniement, le fauteuil qu’elle pense lui revenir de droit. Mais c’était sans compter avec la détermination du boss de Sébénicoro. Alors inutile de vous dire l’atmosphère qui a prévalu  au sein du QG des tisserands après la nomination de SBM. Dans cette belle famille, il y a toutes les catégories, les très fâchés comme Bocari Treta et son clan, les fâchés comme Bafotigui Diallo et mêmes des insurgés à l’image de Bananzolé Bourama Tidiani. Mais comme, c’est un regroupement dans lequel chacun connait les raisons de son militantisme, on fait avec. Ce dernier acte d’IBK a sonné comme une trahison et les braises couvent toujours sous les cendres. Des coups d’éclats ne sont pas à exclure en cette année.

Les fâchés contre le boss sont les plus nombreux. Ils sont tellement fâchés que certains pensent même à le faire partir. Ils sont constitués pour la plus part d’anciens collaborateurs du président bien aimé. Ils sont entre autres deux de ses anciens Premier ministres, les anciens PDG de la Cmdt et la majorité des partis politiques composant la Convention et de la majorité présidentielle (CMP). Cette dernière catégorie est la plus nombreuse.

Les fâchés sont aussi ceux là, qui ont cru que pour une raison ou pour une autre, auront une place autour de la table à manger. Ils sont des politiques, des membres de la société et parfois des courtisans de la cour de Sébénicoro. Certains se sont même endettés auprès de certains fournisseurs d’habillement pour changer leur garde robe ou qui débarquent avec des présents destinés à la famille de Sébénicoro. Ils sont désabusés et fâchés. Puisque la stratégie développée n’a pas payé, ils vont devoir changer de stratagèmes en 2018. En attendant, ils jouent au chat et à la souris avec leurs créanciers.

 Les insurgés et les va t-en guerre

C’est la catégorie la plus radicale. Ils sont tous des va t’en guerre. Si l’opposition est dans son rôle de peindre tout ce qui concerne IBK et son régime en noir, ce n’est pas le cas de certains à l’image de Moussa Mara et de Moussa Sinko Coulibaly. Ces deux ont des postures qui jurent avec l’honneur. On peut dire que les « Moussa » sont imprévisibles. Il s’agit de ceux là même qui un moment de l’histoire partaient au charbon pour défendre IBK. Si le second l’a même presque déclaré vainqueur dès le premier tour de la présidentielle de 2013. Le premier a même été jusqu’à mentir au peuple devant au sein de l’hémicycle concernant l’avion présidentiel. Ce sont ces deux là aujourd’hui dressés en insurgés veulent faire partir leur mentor d’hier en le qualifiant de tous les noms.

Maintenant que chacun a découvert l’incroyable talent du patron suprême,  à défaut de retourner sur leurs falaises et dans  leurs hameaux, mes cousins et alliés abasourdis par la décision tentent de se convaincre de la réalité de la nouvelle.

Certains sont retournés dans leurs états major politiques pour voir comment, ils vont se venger du patron. D’autres plus opportunistes décortiquent les biographies des nouveaux ministres pour voir comment se rapprocher de la marmite nationale.

Pour eux, il n’est pas question de sortir les mains vides et les ventres affamés de la maison commune. Comme sous nos cieux, tout le monde connait quelqu’un qui connait à son tour quelqu’un qui est le cousin des nouveaux arrivants. Donc, ils peuvent toujours espérer avoir un petit morceau à se mettre sous la dent de quoi se consoler.

Pour l’heure, c’est la grande concertation au sein des partis politiques. Tout le monde cherche ses marques. Surtout que le chef suprême a promis d’organiser les élections législatives et présidentielles de 2018 à date. Il faut s’attendre à une recomposition certaine du paysage politique et les grands revirements à la malienne. Les très fâchés  de la République sont nombreux.

Bon mes cousins dogons et leurs alliés, eux ne sont pas aussi fâchés que ça. Car, ils n’ont aucun mérite, mais ils font tellement confiance à leur marabout et fétiches qu’ils ont vu midi devant leur porte. Leurs marabouts leur doivent certainement des comptes.

Ils sont appris à leur dépend qu’avec le patron rien n’est gagné d’avance. Car il a un incroyable talent de « troubler la fête » à certains. Quand même hein, ces gros dogons tout crasseux sont trop prétentieux.

Le gouvernement est enfin en place, certainement le dernier du quinquennat, le boss se voulait stratégique. Cela s’explique par la nomination du stratège oncle national à la tête de l’équipe. Celui qu’on surnomme le « Tigre » est supposé mettre en place une stratégie efficace peut être jamais développée jusque là pour remettre le pays sur les rails et le conduire vers des lendemains heureux. En tous cas, il a les moyens et les idées pour y parvenir. Comme c’est un homme mystérieux, on peut lui accorder le bénéfice du doute. Dieu veille !

Harber MAIGA

Par

Par Azalaï-Express