Les politologues, les journalistes, les politiques et les politiciens, les universitaires, les militaires, tous ont commenté à loisir le départ de l’ex-président du Mali (2013-2020), Ibrahim Boubacar KEITA dit IBK.

Certains (les partisans du Mouvement du 5 juin) ont célébré le départ forcé du président démocratiquement élu en 2013 et en 2018. D’autres (les fans du gouvernement, les ministres, la famille présidentielle) ont pleuré, se sont lamentés.

Certains parlent de soulèvement populaire, d’autres parlent d’un soulèvement d’une partie de la population avec l’implication de certains chefs religieux musulmans comme Mahamoud DICKO, incarnant « la personnalité morale » du M5-RFP (Rassemblement des Forces Patriotiques). Les figures emblématiques sont connues : Mahamoud Dicko (Imam), Kaou DJIM (Coordinateur de la CMAS), Dr Choguel Kokala Maiga (ancien ministre), Cheick Oumar Sissoko (ancien ministre), Me Mountaga Tall (ancien ministre), Mohamed Salia Touré (ex-président de la jeunesse, ministre actuellement), etc. J’en passe volontiers.

Il fallait faire partir IBK. Il a été facile de faire partir Soumeylou Boubey Maiga (ancien premier ministre). Ce dernier avait des rapports difficiles avec Mahamoud Dicko, la personnalité morale du M5-RFP.

Il fallait chasser IBK. Il est chassé. Il est parti. Le Mali demeure. Les militaires se sont impliqués à la dernière minute. S’ils s’étaient levés tôt, le président serait parti tôt. Le 18 août 2020, à Kati, garnison importante, IBK démissionne en faisant une adresse à la nation via la télévision nationale ORTM dans la nuit. Un ouf ! pour les membres du M5-RFP et ses fans ?

IBK est parti. Démission ou coup de force ou coup d’Etat ? Les réponses sont partagées. A chacun ses commentaires. A qui revient le pouvoir ou l’honneur ? Tout le monde sait que le pouvoir ne se donne pas, il s’arrache. Le CNSP (Comité National pour le Salut du Peuple) est mis en place. Le pouvoir est arraché. Car le pouvoir ne se promène pas dans la rue. Le comité est composé des hauts gradés de l’armée nationale (des colonels). A qui veut-on qu’il laisse le pouvoir ? Au peuple, répondront les imprudents ! Mais qui est le peuple ? « Le M5-RFP », répondront les imprudents.

A qui profite le départ d’IBK ?

En d’autres termes, qui a les bénéfices du départ de l’ancien président de la République du Mali ?

Il est difficile d’affirmer que cela profite aux Maliens tout court. Qu’est-ce qui a changé ? Si le Mali s’écroule, les Maliens s’écrouleront avec lui. Le train de vie de certaines familles a baissé, l’économie nationale est en berne, les dépenses se multiplient tous les jours, les grèves s’accumulent : les enseignants, les travailleurs affiliés à l’UNTM (Union Nationale des Travailleurs du Mali), les médecins. Le coronavirus est au rendez-vous ! De crise en crise, le Maliba s’amincit de jour en jour.

A qui profite le départ d’IBK ?

A ceux qui ont réussi à se faire entendre. A ceux qui ont réussi à se faire des places. A ceux qui ont réussi à louer la violence. A ceux qui ont réussi à embrasser la violence. A ceux qui ont aimé la destruction des édifices publics. A ceux qui ont embrassé le meurtre des innocents. A ceux qui ont su saisir du vide le succès incertain.

Aux Maliens ?

Dr. Souabou Togo

Source: SOLONI