Moussa Sinko Coulibaly, faiseur de roi, et enfant de cœur du président de la République, a jeté l’éponge, le week-end dernier. Il a démissionné de l’armée et de son poste de directeur de l’Ecole de maintien de la Paix Alioune Blondin Bèye. « Bourreau » d’une démocratie en marche, suite au coup d’Etat militaire du 22 mars 2012, en compagnie d’une « bande d’enfants gâtés » ayant pris le pouvoir au forceps, Moussa Sinko Coulibaly entend se consacrer à autre chose, comme révélé dans sa lettre de démission adressée au chef de l’Etat le 30 novembre 2017. Paradoxal. D’autant que ce jeune général, promis à un avenir prolifique, a subitement fait ses valises au plus mauvais moment dans un Mali en crise et en pleine mutation géo-politico-économique.  Ce qui est sûr, en plus de la France,  Moussa Sinko Coulibaly dispose de réseau  d’opérateurs économiques prêts à le financer.

 Ancien chef de cabinet du Général en disgrâce, Amadou H. Sanogo, ancien ministre, Moussa vient de se débarrasser de son costume de Général. Les faits ne plaident pas forcément en sa faveur s’il s’agit d’être candidat à la présidentielle à venir. Mais si un deal le lie au chef de l’Etat et qu’il doit assumer une fonction internationale à l’origine de sa démission, alors un boulevard royal se dresse devant lui.

Moussa Sinko faut-il le rappeler a commis la plus grande bourde de l’histoire politique récente du Mali en déclarant lors des élections présidentielles de 2013 que : « les écarts sont importants entre les candidats, et s’ils sont confirmés, il n’y aura pas de deuxième tour ». IBK vainqueur au premier tour de l’élection présidentielle de 2013 ? L’intéressé lui-même s’y attendait le moins. IBK d’ailleurs a été tout heureux de constater qu’un deuxième tour l’opposait au candidat de l’URD Soumaila Cissé. Cette annonce avant la lettre a contribué à éclabousser le Général…

La deuxième faute la plus grave est qu’un doigt est pointé sur lui d’avoir été aperçu sur une photo avec des militaires soupçonnés de crimes de sang… Si depuis les bonnes graines ont été dissociées de l’ivraie, des langues se sont déliées pour dire que Moussa Sinko n’est pas blanc comme neige dans cette affaire. Le passé de Moussa plaide-t-il en sa faveur pour avoir la plus haute prétention pour la magistrature suprême même si d’aucuns pensent qu’il n’a pas directement participé au coup d’Etat ?

Mais un coup de force a des effets collatéraux. Mieux, des éléments intellectuels ou moraux peuvent engager la responsabilité pénale d’un individu aux termes de la loi malienne. Vu sous cet angle, Moussa Sinko, doit revoir sa carte de visite si son objectif est politique.

Enfin, le fait de s’être entretenu avec un officier de la force Barkhane prouve qu’il lorgne d’autres cieux. Mais dans sa lettre de démission, l’ex-officier indique clairement « vouloir contribuer autrement à trouver des solutions aux défis politique, économique, éducatif culturel et social auxquels le Mali est confronté ». A travers cette citation, il lève aussi un coin de voile sur ses ambitions au plan national.

Toutefois, le Rassemblement Pour le Mali (RPM) d’Ibrahim Boubacar Keita assure ne pas être prêt, selon nos informations, à l’accueillir comme son candidat, comme l’insinuent certaines tendances. Cette même tendance affirme que Bocari Tréta serait poussé vers la sortie et que celui-ci, agacé et entamé, moralement, serait dans l’obligation de créer sa propre formation politique.

 

Issiaka Sidibé

 

Source:  Le Matinal