Suite à la composition des membres du gouvernement par le nouveau premier ministre SoumeylouBoubeyeMaiga en fin de  semaine dernière, il y a eu beaucoupde réactions.Certains estiment que c’est un gouvernement de victoire alors que d’autres avancent  qu’il  va échouer comme les autres gouvernements  du régime IBK. Pour savoir le point de vue de l’opposition républicaine et démocratique, nous avons rencontré M. Nouhoum Togo, conseillerà la communication du chef de file de l’opposition. Il a dénoncé le nombre pléthorique mais aussi affirmé son pessimisme sur le résultat de l’Equipe de SBM.

Le pays : Quelles appréciations faites-vous de la composition du gouvernement SoumeylouBoubeyeMaiga ?

Nouhoum Togo : Pour nous, le cabinet du chef de file de l’opposition dont je suis le conseiller à la communication, ce gouvernement n’est ni un gouvernement de missions ni celui mis en place pour résoudre les problèmes de la nation malienne. Nous pensons que c’est un gouvernement qui n’est mis en place que pour faire la promotion de certains cadres. Pour nous, les véritables problèmes de la Nation aujourd’hui sont l’insécurité, la mauvaise gouvernance, l’Education… il nous fallait un gouvernement qui pouvait résoudre tous ces  problèmes et non faire revenir ceux qui ont déjà  échoué.

D’abord, nous avons constaté que ce gouvernement est pléthorique et budgétivore.Il faut rappeler que la situation économique actuelle de notre pays n’est pas aussi forte pour pouvoir supporter de tel gouvernement pléthorique. En plus de cela, nous avons constaté que pour beaucoup de départements, les missions ne sont pas claires. Parlant de son résultat, nous ne pensons pas que ce gouvernement puisse faire mieux que les gouvernements précédents du régime  IBK car il n’y’a pas eu assez de changements. A part cinq ministres, tous les autres membres du gouvernement Abdoulaye Idrissa Maiga sont maintenus. Je pense que le résultat de ce gouvernement  ne sera que négatif.

Peut-on réellement dire que ce gouvernement est celui d’union nationale ?

Cegouvernement est loin d’être un gouvernement d’union nationale. Au contraire, nous constatons  une division au sein de la majorité présidentielle par le refus de certains partis d’intégrer dans le nouveau gouvernement.La composition de ce gouvernement prouve que le président de la république n’a plus confiance à son parti, RPM. La démission du premier ministre Abdoulaye Idrissa Maiga et le nombre de ministre RPM  dans ce gouvernement l’attestent.La nomination de SoumeylouBoubeyeMaiga prouve et est synonyme du manque de  la cohésion entre les membres du RPM.La gestion de l’ETAT leur devient de plus en plus difficile.

Selon vous, quels sont les points faibles et forts de ce gouvernement ?

C’est un gouvernement très faible parce qu’il  n’y a pas de cohésion. La nomination de ceux qui ont déjà échoué crée beaucoup de problèmes.Il faut aussi noter que certains ministres  très compétents comme Abdoulaye Diop,Bathilyn’ont pas été reconduits. Je ne sais pas ce qui s’est passé entre eux. Ceux qui sont venus ne sont pas des hommes capables de relever les défis. Par exemple, Zoumana Mory Coulibaly n’est pas quelqu’un qui a beaucoup de talent pour changer la situation. Les  autres nouveaux entrants comme celui des sports vont certainement avoir beaucoup de difficultés à relever ces grands défis.On ne sent pas à ce gouvernement une équipe qui peut combattre les maux des Maliens.

Quant au premier ministre lui-même, il a été un homme de tous les présidents, de Alpha Oumar Konaré au président IBK. Cela  ne signifie pas qu’il a  réussi  ses missions. Nous nous rappelons bien, il a été viré du gouvernement pour  mauvaise gestion, surfacturation et la défaite de l’armée malienne à Kidal lors de la visite du premier ministre Mara.Donc si ce dernier est nommé premier ministre, il ne faut pas surtout s’attendre à un bon résultat. Au niveau international, SBM est très proche de l’Algérie, ce qui peut être même la source de non reconduction du ministre Diop car lui, il n’est pas un homme de l’Algérie. Malgré que Diop a été confronté à beaucoup de difficultés car l’application de l’accord d’Alger pose  jusqu’à présent problèmes,  mais je ne pense pas que ce gouvernement  de SBM avec un Tiema Huber Coulibaly aux affaires étrangères, puisse mieux   faire  avancer la mise en application de cet accord que lui. Face aux problèmes de l’insécurité, du chômage, de l’éducation, de la santé, ce gouvernement sera incapable car ce ne sont que ceux qui ont déjà échoué qui sont reconduits. Nous nous demandons pourquoi un ministère des pétroles et des mines. La séparation d’un département en trois : ministère de l’administration  territoriale, ministère des collectivités territoriales et  ministère du développement local nous étonne aussi. Les missions de ces trois départements peuvent être confiées à un seul ministre.

Pensez-vous que ce gouvernement n’est pas à mesure de satisfaire les aspirations du peuple Malien ?

Je ne pense pas que ce gouvernement puisse apporter des satisfactions aux problèmes des Maliens car ce sont presque  les mêmes ministres qui font face aux mêmes problèmes. Ils ont du mal à garantir la sécurité des Maliens pour laquelle le président IBK a eu la confiance des Maliens. L’éducation est paralysée par la grève des enseignants ; le sport est aussi malade depuis longtemps et beaucoup d’autres problèmes existent dans pas mal  de départements. Cette équipe gouvernementale doit  apporter de solutions à ces problèmes mais hélas !

Au niveau des élections, nous allons nous confronter aux problèmes, le gouvernement veut nous pousser à aller vers une transition. Je suis convaincu d’une chose, la transition ne peut pas arranger. Pour nous, si un président de la république élu par le peuple malien  n’a pas pu résoudre les problèmes du Mali, ce n’est pas avec une transition qui pourra les résoudre. Aujourd’hui, les indices nous montrent qu’ils sont entrain de tout faire pour ne pas aller aux élections.

Ne pensez-vous pas que ce gouvernement est mis en place pour la réélection du président Ibrahim Boubacar Keita ?

J’allais penser ainsi si, après la nomination de SBM à la primature, nous avions un BocarTreta à l’administration territoriale.Un autre constat, c’est  le RPM même qui se mobilise pour le départ du président IBK car la tendance Abdoulaye Idrissa Maiga a été renvoyée de la primature et Treta n’a pas n’ont plus intégré le gouvernement. Nous constatons ainsi la défaillance du RPM car, si un parti qui devrait travailler pour l’électorat du président n’occupe pas d’importants postes dans le gouvernement, c’est donc sa dislocation dans toutes ses composantes qui est en cours. Ce qui est sûr, si IBK compte sur ce gouvernement pour se faire réélire, il se trompe, ça ne marchera pas.C’est le citoyen  lambda qui a choisi le président IBK.Aujourd’hui, cette confiance n’existe plus entre lui et ceux qui l’ont élu en 2013.Au contraire si la situation évolue comme ça, je ne pense pas que IBK soit candidat à sa propre réélection car il n’a aucun bilan à présenter. Le peuple  ne peut pas compter sur  le RPM, un parti au sein duquel, on est incapable d’avoir de bons premiers  ministres au point de confier ce poste stratégique à de petits partis politiques.

Réalisée par Boureima Guindo

 

Source: Le Pays