Plutôt un pyromane qu’un homme d’action

Au lieu de continuer à décréter des journées de deuil, le Président de la Transition ferait mieux de réorganiser les troupes avec son neveu Assimi Goïta, auteur du coup d’Etat contre un président pourtant démocratiquement élu, de requinquer leur moral, et de leur donner un nouveau plan de bataille sur le terrain. Par cette incapacité à revigorer l’armée, Bah Ndaw confirme l’étiquette qu’on lui colle, celui d’être plutôt un pyromane plutôt qu’un homme ayant le sens de l’anticipation, qui prend des mesures justes et courageuses.

Nul dans la conception des programmes, N’Daw n’a jamais entrepris une gestion de politique adéquate pour l’émergence d’un domaine d’activité donné. Son exercice favori est de dire « NON », de dénoncer, sans jamais apporter de solution, ou de démissionner tout court. Il est limité en prises d’initiatives, otage de son propre système et incapable d’insuffler une nouvelle dynamique à l’action publique. C’est peut-être un « énergumène » ou un « dandy » qui flirte avec l’instinct populaire.

Paranoïaque, Bah a été formé dans des écoles où la discipline et la rigueur militaires sont les maîtres mots, où l’art de la guerre a été enseigné et reçu avec succès. Jamais il n’a pris une décision allant dans le sens du développement ou l’épanouissement humain. Bah N’Daw est un Exécutant mais pas un concepteur ou un initiateur.

Son discours d’investiture force l’admiration pour lui. Mais il ne l’a pas écrit, on l’a fait lire pour tempérer les ardeurs d’un peuple assoiffé de promesses et d’attentes. C’était un discours populiste avec des morceaux choisis pour conquérir l’esprit et le coeur des Maliens. Lui et Goïta sont en train de militariser la Transition. Ils misent sur leur naïveté pour détruire ce qui a été construit. Au front, c’est la débandade, avec un tissu social fissuré, une économie exsangue, un front politique dénaturé avec une prééminence pour un candidat choisi au détriment des autres forces politiques. Oui, les dés semblent pipés.

Preuve de leur incapacité, la militarisation à outrance de l’administration pendant que le futur parlement devrait échoir à un militaire en la personne de Diaw. On a l’impression que le Mali marche sur sa tête pendant qu’il aurait fallu le remettre sur ses pieds. C’est la débandade de la classe politique, mise en minorité alors que le peloton d’exécution commis d’office pour son assassinat se met lentement mais sûrement en place. L’Epée de Damoclès suspendu sur la tête des politiciens ne devrait pas les rater, à sa chute.

Issiaka Sidibé

Source : le Matinal