Même si les sanctions de la CEDEAO continuent d’éprouver durement le peuple malien, il n’est jamais tard pour redresser la barre. C’est ce que semble avoir compris le pouvoir du Colonel Assimi Goïta en démarrant une course contre la montre, et…revenir dans les rangs.

Après plusieurs mois de sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA, le Mali à travers les récentes initiatives politico-institutionnelles de ses autorités de transition semble jouer enfin son va-tout pour retrouver une certaine « fréquentabilité » au sein de la zone CEDEAO et auprès de la communauté internationale.
Le gouvernement de transition vient de lancer le processus de retour à l’ordre constitutionnel normal, devant passer des élections dont la machine vient d’être lancée.En faisant adopter la nouvelle loi électorale, le vendredi dernier, le gouvernement de transition semble désormais résolument engagé à accélérer la marche du pays vers le retour à l’ordre constitutionnel normal. Le lancement de ce processus devrait constituer un signal majeur de en vue d’une décrispation entre les autorités de la transition et les dirigeants de la CEDEAO.
En effet, après le maintien du statu quo lors du sommet extraordinaire de l’organisation sous-régionale, du 4 juin dernier à Accra, les regards sont tournés vers Bamako dans la perspective du sommet ordinaire du 3 juillet. Et les dirigeants de la CEDEAO attendent de voir si les autorités de la Transition vont poser des actes significatifs dans le sens des préparatifs des prochaines élections. Ces actes sont en train de se concrétiser les uns après les autres pour prouver la bonne foi du chef de l’Etat et de son gouvernement.

Cela passe premièrement par le lancement du processus d’élaboration d’une nouvelle Constitution, dont le décret avait été adopté la semaine précédente. Et il nous revient que la semaine qui commence ce 20 juin doit être marquée par la nomination des membres de cette commission d’experts pour la rédaction de cette nouvelle Loi fondamentale devant ouvrir la voie à la IV e République au Mali. Faut-il rappeler que cette commission n’a qu’un délai de 2 mois pour finaliser son travail et permettre au gouvernement de disposer d’un projet de loi portant nouvelle Constitution ? Ce qui veut dire que les plus hautes autorités ont à présent pris la mesure du retard accusé et semblent avoir sonné la révolte pour une course contre la montre. Toute chose devant permettre ç la transition de tenir dans les 24 mois qu’elle s’est donné comme temps de prolongation à compter du 26 mars 2022.
En outre, le gouvernement, malgré les insuffisances contenues dans son texte de départ, a gagné un pari en réussissant l’adoption par le Conseil national de transition de la nouvelle loi électorale. Ce texte, faut-il le rappeler comporte l’innovation majeure portant sur la création d’un organe unique indépendant de gestion des élections, l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE).
A ce niveau, il faut préciser que l’AIGE bénéficiera d’un appui conséquent et diligent de l’Administration territoriale, pour avoir plus de chance de succès dans sa mission délicate d’organiser, en moins de deux ans, au moins trois consultations électorales : le référendum constitutionnel, l’élection présidentielle et les élections législatives. Ce qui constitue des défis de taille dans la mesure où le pays n’est pas encore affranchi de la menace terroriste. Même s’il est admis que les Forces armées maliennes(FAMA) ont, ces derniers mois, substantiellement monté en puissance et administrent de lourdes pertes aux groupes armés terroristes à divers endroits du vaste territoire national.


Par ailleurs, en optant pour l’intensification de ses efforts diplomatiques en vue mieux convaincre ses interlocuteurs de la sous-région, le Gouvernement de Transition, sous le leadership du président, le Col Assimi Goïta a réussi à baisser la tension entre Bamako et Abuja. Et, selon des indiscrétions, les présidents Macky Sall du Sénégal, Alassane Ouattara de l Cote d’Ivoire, Nana Akuffo Addo du Ghana, Faure Gnassingbé du Togo, Patrice Talon du Bénin, Mohamed Bazoum du Niger et même Mahamadou Bouhari du Nigéria sont revenus à de meilleurs sentiments face au pouvoir de Bamako. Ces dirigeants pourraient alors aider le Mali à obtenir la levée des sanctions injustes qui le frappent depuis bientôt six mois, lors du prochain sommet ordinaire de l’organisation sous-régionale, le 3 juillet prochain. Ce qui sera un grand ouf de soulagement pour un peuple meurtri et en proie à plusieurs difficultés.
Kassoum TOGO
Source : Mali-Horizon