Le rendez-vous du scrutin présidentiel de 2022 se précise de plus en plus que la transition avance, à en juger du moins par l’annonce de la manne financière devant permettre d’organiser ladite élection, par le ministre de l’administration territoriale ainsi que par les assurances données par le Premier ministre lors de son passage au CNT quant au respect du délai de la transition. S’y ajoute aussi la flopée d’intentions et rumeurs de candidatures dont celle du patron de CIRA, Seydou Coulibaly, ou encore de l’ex autorité morale du M5-RFP, Mohamoud Dicko.

Nonobstant, à la différence des échéances précédentes, la présidentielle de 2022 s’annonce plus compliquée que prévue. Et, à moins de quatorze mois de l’échéance, aucun candidat ne peut prétendre se démarquer du lot. C’est ce qui explique probablement la posture de plusieurs candidats putatifs ou potentiels, qui, quoiqu’en précampagne depuis des mois, rechignent à se prononcer officiellement sur leur candidature, fort probablement parce qu’ils ne jouissent pas des mêmes atouts ayant contribué par le passé à porter certains candidats à la magistrature suprême : sympathie du monde religieux, bonnes grâces de la junte, incarnation des attentes du peuple, etc. La création d’une formation politique au nom du religieux le plus politique ainsi que les voix qui s’élèvent pour solliciter la candidature du vice-président de la Transition sont sans doute passées par-là.

Mais, si des candidats en précampagne comme Soumeylou Boubeye Maiga, Moussa Mara, Housseini Amion Guindo ou encore Aliou Boubacar Diallo de l’ADP ont entamé le marathon avant de connaître leurs adversaires, les états-majors de certaines formations politiques et pas des moindres ne semblent pas encore prêts pour la conquête de Koulouba. C’est du moins ce qu’elles laissent penser à travers leur posture. Il s’agit, tenez-vous bien, des deux locomotives de l’ancienne majorité présidentielle, l’Adema-PASJ et le RPM, ainsi que de la plupart des formations réunies au sein du regroupement M5-RFP.

Pour les uns, la course à la présidentielle semble assujettie à un congrès dont les couleurs sont annoncées par tant de candidatures en gestations. Or le temps de boucler lesdites assises et trancher entre les prétendants à la candidature, la campagne électorale aura déjà commencé. Comme quoi, l’Adema dont le rêve commun des militants n’est autre que la reconquête du pouvoir semble disqualifié d’avance, à moins qu’un sursaut partisan ne vienne chasser les oiseaux de mauvais augure. En tout état de cause, son candidat, quel qu’il soit, irait avec le handicap de temps par rapport à ses adversaires, surtout qu’il ne lui est garanti aucune cohésion de l’ensemble des Abeilles. En effet, au lieu de s’unir pour porter une candidature interne digne de la famille Adema, les ruchers, comme ce fut le cas de la présidentielle depuis 2002, seront divisés pour des questions partisanes et d’intérêts personnels.

Quant au RPM d’IBK, il incarne la posture de demoiselle de la scène politique. En effet, depuis le renversement de leur président-fondateur, les Tisserands ne font que des rencontres interminables avec comme seul objectif de prouver aux potentiels candidats que le RPM est et reste la première force politique, une belle demoiselle prête à se donner au plus offrant. Sauf que Tréta et compagnons oublient – ou refusent d’admettre – qu’ils auront pas avec autrui ce qu’ils n’ont eu avec IBK.

A ceux-ci s’ajoutent les formations et regroupements politiques du M5-RFP. Tombeurs d’IBK, ils comptent plus sur un raccourci pour se hisser aux affaires que sur une bataille des urnes. Président de partis politiques et anciens ministres pour la plupart, ils semblent convaincus qu’ils ne gouverneront le Mali que par effraction. Ainsi, en lieu et place d’une offre politique pour la présidentielle de 2022, ils continuent d’appeler à manifester contre la transition, un régime d’exception dont ils ont occasionné l’avènement. Il en résulte que les incertitudes liées à la future présidentielle dépasse le seul respect de l’échéance et concerne également l’émergence de figures véritablement dominantes.

 

Amidou Keïta

Source: Le Témoin