Par un décret présidentiel signé le samedi dernier, le président de la République a abrogé le décret nommant Moustapha Dicko comme conseiller spécial et son représentant à l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Raison de ce limogeage inattendu : la candidature de ce vice-président de l’ADEMA aux primaires de son parti…

Le président de la République n’arrive visiblement pas à cacher sa colère contre ces personnalités, qui lorgnent son fauteuil douillet du palais de Koulouba. Il vient de le faire savoir en congédiant son ancien ministre de l’Enseignement supérieur, Moustapha Dicko, non moins 4ème vice-président de l’ADEMA au motif, rapporte-t-on, que celui-ci aspire à se porter candidat à la présidentielle 2018 en recherchant l’onction de son parti.

Or, il est établi que lors d’un conseil des ministres l’année dernière à Koulouba, IBK avait laissé entendre qu’une candidature interne de l’ADEMA-PASJ ne le dérange outre mesure. Car, disait-t-il, la candidature de l’ADEMA à la présidentielle de 2013 ne l’avait point empêché de se faire élire brillamment par un score éloquent de plus 77% des voix.

Mais, en prenant cette décision, qui pourrait s’assimiler à une vengeance, le locataire du palais présidentiel de Koulouba voue son désormais ancien collaborateur aux gémonies politiques. Comme pour dire à cet ancien député de Douentza : « Si tu veux devenir président de la République, tu ne peux plus être mon collaborateur !»

La question se pose alors de savoir s’il est formellement interdit à tout collaborateur d’avoir des ambitions présidentielles. IBK ne fait-il pas preuve d’intimidation politique vis-à-vis de potentiels concurrents ? Pourra-t-il ainsi engager une chasse aux sorcières à l’encontre des chefs de partis politiques, dont l’aspiration légitime est la conquête et l’exercice du pouvoir ? Que pourrait répondre le chef de l’Etat à ses adversaires qui indiquent que lui-même n’ayant jamais assuré qu’il est candidat ne devrait dissuader les autres alliés à lorgner le palais de Koulouba ?

En outre, cette détermination à n’accepter aucun débat politique contradictoire est inquiétante. Elle était ostensiblement exprimée récemment par le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga demandant aux alliés politiques (CMP) de « clarifier leur position par rapport à la présidentielle à venir ». En clair, le chef du gouvernement, aidé par le président de la CMP, Dr Bokary Tréta,  demandait aux partis membres de la majorité au pouvoir de préciser s’ils vont présenter une candidature à la présidentielle du 29 juillet ou pas. Ce qui énonce que tout postulant à Koulouba va rapidement être renvoyé du gouvernement ! Sauf que IBK et son Premier ministre oublient qu’aucune sanction ne pèse sur le chef de parti qui attend le 29 avril (date  du dépôt des candidatures) avant de déclarer ses réelles intentions. Si deux ou trois ministres sont dans ce schéma, alors bonjour le désordre et la déception dans le camp présidentiel !

Par ailleurs, en optant pour cette élimination systématique de ses collaborateurs désireux de se lancer dans la course pour la présidence, IBK va irrémédiablement pousser ses alliés à l’adversité. C’est ainsi que les Mountaga Tall, Kalifa Sanogo, Modibo Koné, Moussa Mara, Mamadou Igor Diarra, Moussa Sinko Coulibaly, Mes Mohamed Aly Bathily, Mamadou Ismaël Konaté, Bocar Moussa Diarra, Racine Thiam, Etienne Fakaba Sissoko, etc ayant senti le vent de cette tyrannie rampante venir, ont claqué la porte de son pouvoir pour le combattre.

On conclut alors que le désir d’IBK de rempiler à la tête du pays le conduira à se mettre à dos tous ceux qui ont gouverné avec lui et qui veulent tenter leur chance électorale.

Et si le président sortant venait à rempiler dans ce contexte, avec quelles compétences gouvernera-t-il alors le pays en s’étant fait autant d’inimitiés politiques ? Soumeylou Boubèye Maïga devrait pouvoir répondre à cette interrogation. Pour « l’honneur du Mali et le bonheur des Maliens » !

Boubou SIDIBE/

La rédaction