Organisée par l’Institut néerlandais pour la démocratie multipartite (NIMD), une rencontre de haut niveau sur les réformes électorales s’est tenue la semaine dernière dans un hôtel de Bamako. Elle a regroupé les participants issus des partis politiques et les organisations de la société  civile.   

 

Durant deux jours, différents groupes de travail ont réfléchi sur des questions importantes comme le cadre législatif et règlementaire (pertinence et hiérarchisation des réformes) ; l’administration des élections (pertinence et hiérarchisation des réformes) ; l’accès aux postes administratifs et électifs (jeunes, femmes) ; la synergie et le partenariat (forces, faiblesses, opportunités, menaces, activités prioritaires). Une autre activité phare de la session a porté sur la présentation intitulée : «étude des propositions de réformes électorales au Mali» par Dr Ibrahima Sangho, consultant.

Aux termes d’échanges fort intéressant, les participants ont retenu un certain nombre de recommandations. Il s’agit  notamment de  la création d’un organe indépendant et unique de gestion des élections au Mali dans un souci de cohérence et d’efficacité technique et financière ; du plafonnement des dépenses et le dispositif de comptabilité des campagnes avec comme objectif d’instaurer la transparence, mais aussi d’améliorer l’équité entre les candidats lors des différents scrutins ; de la révision à la hausse du délai entre les deux tours  afin de permettre aux deux candidats en concurrence de battre  campagne et de mobiliser les électeurs.

L’exigence de la publication en ligne des résultats du scrutin, par bureau de vote et centre de vote, au fur et à mesure de la centralisation dans la loi électorale ; la définition des circonscriptions électorales en tenant compte de la création de nouveaux cercles ; le choix de la proportionnelle pour l’élection des députés et des sénateurs ; le respect du Code de bonne conduite des partis politiques et des candidats ; la redynamisation de l’Observatoire pour la déontologie et l’éthique des médias (ODEP), pour l’autorégulation des professionnels des médias ont aussi été des recommandations retenues par les participants. Ils ont aussi souhaité  l’application stricte de la loi 052 ; que l’accès aux postes administratifs et électifs soit fait sur la base du mérite pour tous les citoyens, à compétence égale, chance égale pour les femmes et les jeunes.

Lors de la cérémonie de clôture de la rencontre, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Boubacar Alpha Bah a déclaré que les réformes électorales ont toujours été un point d’achoppement, ajoutant que cela résulte de la rupture de confiance entre les acteurs. Il a rappelé que compte tenu de la situation dans laquelle se trouve notre pays, il est nécessaire de procéder à des réformes du système électoral pour rendre visible la représentativité à tous les niveaux et surtout pour mettre en place un système qui permettra à toutes les opinions de s’exprimer. Ainsi pour arriver à cette fin, Boubacar Alpha Bah a indiqué qu’il faut une intelligence de la classe politique et une confiance mutuelle entre l’ensemble des acteurs pour une meilleure gouvernance de notre pays. Pour sa part, son collègue chargé des Réformes institutionnelles et des Relations avec la société civile, Amadou Thiam saluera l’engagement des acteurs politiques et celui des organisations de la société civile pour leur participation et adhésion à ce processus de dialogue sur les réformes électorales.

«Comme vous le savez la construction de la démocratie et l’édification de l’état de droit commencent par le dialogue entre tous les acteurs. Nous sommes très heureux de constater qu’au cours des deux jours de travaux, vous avez engagé des débats féconds qui ont abouti à des constats mais aussi des propositions concrètes de réformes pertinentes et consensuelles du système électoral», s’est-il réjoui.  Avant d’ajouter que ce qui lui parait plus reluisant ce sont les propositions pertinentes, les recommandations faites.

Il s’agit, a détaillé le ministre Thiam, de la création de l’organe indépendant et unique de gestion des élections, de l’introduction de la proportionnelle dans le système électoral,  de l’encadrement juridique des campagnes électorales. Il dira que leur conviction est constante que les textes relatifs aux élections éprouvent des nécessités d’adaptation aux besoins du moment, estimant qu’à ce titre il est évident que les conclusions de ces travaux constitueront un bréviaire pour les acteurs politiques et les forces sociales désireux d’approfondir les réflexions sur les questions électorales.

D’ores et déjà, a promis Amadou Thiam, son département se propose de verser les conclusions et recommandations de cette rencontre de haut niveau aux travaux du symposium national sur les réformes politiques et institutionnelles prévu les 14, 15 et 16 novembre 2019.

Massa SIDIBE

L’Essor