Le Mali est un pays compliqué, particulier et le mot adéquat pour le définir ne serait qu’une anomalie. Le puissant entrepreneur Amadou Haya Sanogo, au centre de scandales de nature politique et militaire, est une anomalie. Les politiciens de la vieille génération qui se présentent dans l’arène politique et qui ont fait coulé le Mali sont une anomalie. Les scandales passés et  récents comme l’affaire Boucary Daou, Dioncounda Traoré, Bhm/Waic ou encore les avantages accordés à un putschiste et son clan. Aujourd’hui plus que jamais, les élections dans la péninsule sont importantes pour le destin du Mali qui est à la recherche de sa propre identité et qui vient de passer les moments les plus sombres de son histoire.

electionToutefois les élections sont compliquées, dans un pays qui comporte beaucoup d’exceptions et peu de règles pendant une transition ou finalement personne n’est à l’abri de l’insécurité. Il est impératif que le Pays retrouve sa joie de vivre et que certains militaires comprennent que leur place ne serait que les casernes. Le bicéphalisme et les intimidations seront toujours le quotidien tant que le Mali n’aura pas un président démocratiquement élu.
L’affaire dite Boucary Daou pousse à dire que les Maliens continuent d’assister à toute forme de violation de procédure relative aux conditions de détentions. Ce qui signifie que nos militaires sont toujours au parfum des actes illicites dont l’exercice se ferait en coups bas. La question est de savoir à quel rythme ou intervalle ces coups bas auront lieu ? Ces coups bas viendront-ils à bout de la démocratie naissante dans le pays. Il est grand temps que certaines personnes comprennent que l’armée ne doit plus diriger le Mali, mais plutôt la servir.
L’armée doit alors, elle aussi, se démocratiser en se mettant aux services des Maliens et non se livrer à la nostalgie des intimidations et violations de procédures judiciaires.
Il revient à cette institution la lourde tâche de protéger la nation et ses libertés contre toute agression externe ou interne. L’armée  n’a pas à défendre un programme politique ou le point de vue d’un groupe social ou ethnique dans la mesure où sa mission régalienne est de défendre la société et non de la définir. A noter que le choix de société est du ressort des populations, à travers des élections libres et transparentes.
Il revient également au gouvernement de Diango Cissoko d’organiser les élections en la date prévue. Avec les élections, les hommes politiques auront la possibilité de projeter l’avenir de ce pays, d’en débattre, d’affiner leurs stratégie ou idées afin de relancer le processus démocratique.  Le malheur pour nous en est que pour le moment, le comportement des partis politiques étant entre polémique et division laisse à désirer.
La classe politique a-t-elle perdu la confiance des Maliens? 
Evidemment que oui. Sinon comment pourrait-il en être autrement après les différents scandales : abus en tous genres, détournements d’argent, promesses non tenues et surtout le grand silence pendant la crise. Il est grand temps de changer la classe politique. Car les anciens ont montré toute leur limite. Certes des progrès significatifs furent réalisés à partir de 1992 en matière de démocratie, rendant notamment crédibles les différentes élections. Mais les pratiques de la classe politique n’ont pas évolué dans le même sens. La persistance de la pensée unique à la tête de l’Etat, du clientélisme, des abus de pouvoir et de la corruption ont gâché les progrès accomplis. D’où la réclamation, à chaque moment difficile, de la nécessité de renouveler la classe politique. Alors que les crises sont parfois l’occasion de voir émerger de nouveaux leaders. Beaucoup de Maliens ont vu dans le coup d’État de 2012 la possibilité des changer les choses. Mais, en les mêmes personnes sur l’arène politique, il ne faut pas être devin pour comprendre que cela ne tiendra pas. L’attitude ou le rôle joué par les partis politiques surtout face à la gestion de la crise, montrent purement et simplement l’absence de programme et visions politiques alternatives claires, de stratégies et de leadership. La crise a montré que nos politiciens sont toujours à l’afflux des postes et de positions juteuses dans les rouages de l’État.
C’est au peuple malien d’écrire une nouvelle page de l’histoire, et à chaud à travers l’organisation d’une élection crédible et transparente selon les dates prévues.
Ibrahim M.GUEYE