Dans un arrêt rendu ce vendredi 28 mai 2021, la Cour Constitutionnelle du Mali, après avoir acté la vacance de la Présidence de la Transition suite à la démission de Monsieur Bah N’DAW, Président de la Transition, Chef de l’Etat dit sans équivoque que le Vice-Président de la Transition exercera désormais les fonctions, attributs et prérogatives de Président de la Transition pour conduire le processus de transition à son terme, à savoir le reste 18 mois impartis. Avec cette sentence, on peut dire comme les Yankee Game is over… sans aucun risque d’être rudoyer par un Chirac qui nous dire que rien n’est terminé, que ce qui se passe est loin d’être un jeu, qu’il s’agit de la tragédie d’une grande nation, la nation éternelle du Mali, qui ne peut être ramener à un jeu.

 

Sur les principes, il faut en convenir… on peut difficilement prendre comme un jeu le cycle époustouflant de putschs dans notre pays. En effet, il est loin d’être un jeu plaisant de voir chaque épreuves de la nation l’armée investir le palais, cueillir manu militari, de manière humiliante, comme de vulgaires malfaiteurs, les plus hautes autorités, les jeter dans les véhicules, les faire traverser la ville et les séquestrer à Kati. C’est loin d’être un jeu républicain et démocratique, de contraindre à la démission l’Élu d’une nation souveraine, le président démocratiquement élu d’un pays.
Dans le cas qui nous concerne, on peut s’interroger comment et sur quelle base, un vice-président peut démettre un président, évoquer l’effectivité des normes qui nous régissent et dire sans risque de se faire contredire que toute violation de la Constitution du Mali et de la Charte de la transition devrait appeler à une condamnation unanime ferme de tous les démocrates et patriotes plutôt que celle d’un principe.
Il faut à cet égard regretter fortement que la Cour Constitutionnelle du Mali n’ait pas été saisi dès le départ pour faire constater la soi-disant violation de la charte de la Transition reprochée à l’ex-Président Ba N’DAW et qui a valu son arrestation extra-judiciaire à Kati, sa séquestration et sa destitution non prévue par la même Charte.
Mais la question est aussi : sommes-nous encore sur les principes ou en train de surfer sur le principe de réalité. Il y a une évidence accessible désormais à tous depuis quelques temps au Mali que chacun ne voit qu’à travers ses lunettes, que chacun ne suit que son Dieu, pardon que chacun suit son leader ou sa chapelle, et tant que ce dernier caresse Pharaon dans le sens des poils, on n’assume pas pleinement son état d’âme….question d’intérêts.
La République, on s’en fout… seule compte désormais dans notre Mali à terre depuis belle lurette que les postures, les intérêts, qui hélas se résument souvent en maroquins et en prébendes. La République, basta avec la logique et la cohérence ! Place à compromission et à la perfidie. Pour des intérêts claniques et conjoncturels n’a-t-on pas vu les démocrates de tous bords renier les dieux de la démocratie et de la patrie pour faires des génuflexions devant les démons de l’autocratie et les putschistes sans aucune vision. De 2012 à aujourd’hui à qu’est-ce qu’on n’a pas vu ? A quelle forfaiture politique n’a-t-on pas assisté ?
Après, on voudrait s’étonner qu’un coup d’État ne soit pas un jeu ?
Quand la classe politique ferme les yeux sur un coup d’État, se compromet pour faire passer la destitution d’un président légitime dans un camp militaire, actons que nous sommes dans un jeu politicien, malsain. L’histoire se répétant, la mise hors de leurs prérogatives de Bah N’DAW et de Moctar OUANE, aussi dramatique qu’elle paraisse est bel et bien un jeu qui se termine par le sacre du plus adroit, du plus audacieux et du cohérent des joueurs de la partie : Assimi GOÏTA.
Alors faute d’être des joueurs fair-play, pour n’avoir pas été des démocrates lucides et désintéressés pour la cause de la nation, soyons au moins des républicains et patriotes loyaux… et à cheval sur les principes de réalité qui s’impose à nous obligatoirement. Républicain contraint et forcé devant le fait accompli ou républicain sélectif suivant son intérêt, on est désormais tous obligé de prendre acte de la décision de la Cour Constitutionnelle du Mali, faisant du colonel Assimi GOITA, le nouveau président de la transition au Mali.
Face aux enjeux et aux intérêts en jeu, ce n’est pas facile pour tous les acteurs impliqués dans le processus. Parce que, certains, avec l’évolution politique qui profile risque de disparaître. Mais, face à la réalité, ont-ils le choix ?
En effet, dans le contexte actuel, pour beaucoup de politicien qui pourraient tout perdre, être républicain et légaliste en respectant le verdict de la Cour constitutionnelle reviendrait, comme l’explique un professeur de droit, à avaler des couleuvres au nom de la préséance de la loi, de la primauté du droit, même dans un cas aussi flagrant comme celui-ci, la loi étant la loi! Toutes choses qui auraient pour conséquence au plan politique : un hara-kiri sans aucune garantie, les putschistes ayant obtenu ce qu’ils voulaient à savoir la plénitude du pouvoir.
Les politiques et les milieux affairistes et activistes vont-ils jouer le jeu en actant le verdict de la Cour et en respectant scrupuleusement les institutions ? Pubien, l’Intifada politicienne va-t-elle reprendre contre le régime désormais adoubé légalement du Colonel Assimi GOÏTA ? Ce ne serait pas facile. Mais les principes sont les principes, et souvent ils ne sont ni applicables, ni acceptables.

Affaire à suivre…

Source : INFO-MATIN