Suite à l’attaque terroriste contre le camp de Indelimane qui a fait plus 50 victimes dans les rangs des FAMa, le 1er novembre dernier, les responsables du Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD) étaient face à la presse, ce jeudi 7 novembre 2019, à la Maison de la presse. L’objectif de cette sortie médiatique était de manifester la solidarité du Front envers nos Forces de Défense et de Sécurité et sa compassion à l’endroit des familles et frères d’armes des soldats tombés sur le champ d’honneur.

Cette conférence de presse était animée par le Président du FSD, l’honorable Soumaïla CISSE, non moins chef de file de l’Opposition malienne qui avait à ses côtes le général Moussa Sinko COULIBALY ; les anciens ministre Konimba SIDIBE, Me Mountaga TALL, Choguel Kokala MAÏGA, tous membre du FSD, etc.
“Nous sommes en guerre, oui, nous sommes en guerre’’, c’est par ces mots que l’honorable CISSE a entamé cette conférence de presse. Face à une situation sécuritaire caractérisée par les attaques meurtrières et récurrentes contre les FAMa et la population, il a invité l’ensemble du peuple à l’union sacrée autour de nos Forces de Défense et de Sécurité pour préserver et renforcer le moral des troupes.
La responsabilité d’IBK
Selon lui, l’évolution meurtrière de la situation sécuritaire dans notre pays impose à l’Opposition malienne de s’assumer pleinement et de dénoncer la lourde et entière responsabilité du Président de la République et de son Gouvernement dans la gestion de la crise que notre pays connaît.
De ses analyses, il ressort qu’il y a un certain nombre de faits qui engagent manifestement la responsabilité du Chef suprême des armées (le Président IBK) parmi lesquels, il a cité la nomination de six ministres de la défense et presque autant de Chefs d’État-major des armées en six années dans un pays en guerre.
De même, le Président IBK est accusé, à tort ou à raison, de fermer les yeux et de couvrir des détournements de deniers publics à large échelle et à ciel ouvert sur les allocations budgétaires destinées à l’achat d’équipements et de matériels militaires de la part de certains hauts gradés de nos Forces de Défense et de Sécurité ou de responsables politiques ou étatiques connus de tous.
Autre grief contre le Président, c’est d’être « incapable d’avoir une couverture aérienne performante et le minimum d’équipements pour l’engagement et la protection de nos troupes».

Les exigences du FSD
Face à cette situation, le FSD exige un audit financier et comptable dans les plus brefs délais sur l’utilisation des 1 230 milliards votés par l’Assemblée Nationale dans le cadre de la Loi d’orientation de programmation militaire. De même, le FSD exige une enquête sérieuse sur la livraison, l’état et la disponibilité des équipements militaires de même que l’absence des points d’eau dans la plupart des postes de sécurité.
«Chaque soldat des FAMa qui tombe pour notre patrie est une vie sacrifiée pour la défendre, afin que notre nation reste debout, en dignité et en solidarité, face à l’adversité la plus perverse, la plus immonde et la plus meurtrière.», s’est-il insurgé avant d’inviter chaque Malienne à faire un sacrifice en direction de notre armée et des familles de nos soldats.
Loin d’être un corps isolé dans la société malienne, notre vaillante armée est, dit-il, victime de l’insouciance et de la gabegie du régime.

Ériger un cimetière militaire national
Pour une nation reconnaissante, il préconise que des dispositions soient prises pour qu’un cimetière militaire national soit érigé pour accueillir nos soldats morts pour la patrie, ainsi qu’un mémorial du souvenir. Ce cimetière militaire national, dit-il, servira de lieu de recueillement et de souvenir.
Pour Soumaîla CISSE, nos soldats doivent bénéficier du statut de mort pour le service de la nation dans ce contexte de guerre. À ce titre, leur épouse ou époux doit bénéficier d’une pension de réversion totale pour le reste de leur vie. De même, il exige que leurs enfants bénéficient du statut de «Pupille de la Nation», qui permet notamment une exonération totale des frais de scolarité, y compris dans l’enseignement supérieur, et un accès prioritaire à certains emplois dans l’administration. «La Nation malienne doit être une nation solidaire, généreuse et reconnaissante», a-t-il dit.
Pour lui, les Maliennes et les Maliens ont suffisamment encaissé et qu’il est temps pour la majorité silencieuse de dire ‘‘non ça suffit’’. Il s’agit de le dire pour les veuves et les orphelins des atrocités quotidiennes au nord, au centre et ailleurs au Mali.
L’Appel
Il a lancé un appel à toutes les forces politiques et sociales engagées aujourd’hui au chevet de la mère patrie : «nous ne nous limiterons plus à dire, à dénoncer. Nous allons agir et nous entendons agir avec tous les patriotes aujourd’hui engagés pour la survie du Mali».
À la question de savoir pourquoi démissionner et continuer de se plaindre de la situation de l’armée, le Général Moussa Sinko COULIBALY, a répondu : «dans l’armée tout comme dans la politique, je me bats avec le même engagement pour aider mon pays. C’est ce que j’essaie de faire tous les jours ». Il a invité le Président IBK à démissionner pour permettre au pays d’avoir une nouvelle direction, car, dit-il, il fait partie des problèmes. Selon lui, l’armée n’est pas en cause dans cette situation ; mais le régime. «Si on peut changer le régime ce matin, nous serions très heureux de le faire», a-t-il dit. Pour M. COULIBALY, les autres partenaires ne peuvent pas nous aider si nous ne savons pas ce que nous voulons pour notre pays.
La stratégie de défense en cause
Pour l’ancien ministre Konimba SIDIBE, le lien entre IBK et les échecs de l’armée se situe à niveau de la stratégie de défense. «IBK a choisi de cantonner nos soldats. Peut-on gagner une guerre si l’initiative est laissée à l’ennemi ? Il a sous-traité la défense du pays à des milices et la communauté internationale. Il doit rendre compte de ces résultats militaires. Il doit tirer les conséquences de ces résultats militaires. Nous sommes là pour dénoncer et mobiliser le peuple», a-t-il critiqué.
Pour Choguel, il n’y a pas de bon vent pour celui qui ne sait pas où il va. De même, a-t-il expliqué, l’extérieur vient libérer un peuple qui se bat et nous devons donner l’exemple. «On n’a pas besoin d’attendre les milliers de morts pour savoir que la meilleure manière de se défendre, c’est d’attaquer », a-t-il déploré.
Pour sa part, Me Mountaga TALL dira que le choix d’un chef d’État-major ou d’un ministre de la Défense n’est pas un défilé de miss faisant allusion aux nombreux changements intervenus sous le régime IBK au niveau de ces fonctions stratégiques de la défense nationale.

Par Abdoulaye OUATTARA

 

Source: info-matin