Ils étaient une fois de plus devant une foule qu’ils traînaient impitoyablement dans les rues de Bamako, sous un soleil de plomb. Selon une presse étrangère, cette sortie hasardeuse de Soumi champion de la marche est le dixième depuis le début du processus électoral de 2018 au Mali. Le principal objectif du candidat, malheureux à la présidentielle des 29 juillet et 12 août, est jusqu’à présent flou, tant dans ces agissements que dans son discours. Si les maliens l’accusent de vouloir déstabiliser la quiétude du pays, les experts de la politique pointent plutôt un doigt accusateur sur les nouveaux partisans de Soumi qui sont prêts à tout pour se venger d’un régime qui les a simplement remerciés.

 

Après avoir fait feu de tout bois, les anciens amis du président IBK escomptaient bien le chasser, par la voie des urnes, de la tête de la magistrature suprême de l’Etat. Tous les ingrédients paraissaient réunis pour leur faire croire que les maliens allaient résolument rejeter celui qu’ils avaient élu en 2013 avec un suffrage record de 77%. La preuve, les marches de la puissante plateforme ’’An tè a bana’’ qui rejetait en bloc la révision constitutionnelle. Cette plateforme, faut-il le rappeler, a remué la république pendant un certain temps par des démonstrations de force à l’endroit du président IBK, pour que ce dernier renonce à toute tentative de révision constitutionnelle. A la plateforme ‘’An tè a bana’’ s’ajoutaient de petits groupements de jeunes activistes et autres personnes qui, n’ayant pas eu gains de cause avec le régime en place, se sont du coup transformés en de véritables ennemis et ont juré de rendre infernale sa première mandature et l’éjecter de son fauteuil présidentiel à l’issue de la présidentielle du 29 juillet 2018.
Parmi ces anciens ami du président IBK, il est étonnant de voir le Ministre avocat qui a rendu, pendant quatre a années, des services dont on ne sait aujourd’hui s’ils étaient loyaux envers celui-là même qu’il voue aux gémonies. Me Mohamed Aly BATYHLY, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est devenu lui aussi meneur de rue. Pourtant, l’avocat du barreau malien était jusque-là discret et formel dans ses faits et gestes. Il faut certainement croire que la haine peut mener à tout, même dans la rue. Pire, la même personne dit tout le contraire de ce qu’il disait du président dans un passé très récent. Après avoir sévèrement mordu la poussière, à l’issue de la présidentielle du 29 juillet, l’avocat ministre s’adonne à la diffamation pour soutenir dans la rue un candidat plus chanceux de l’opposition. Cette rue dont eux seuls ont le secret.
L’image la plus choquante de cette marche est celle du Dr Choguel MAIGA qui a été toujours un homme respecté même par les personnes qui ne parlaient pas le même langage que lui. Après avoir été remercié du son poste de Ministre de la Communication, le président du MPR n’a visiblement pas pu supporter de se voir retirer sa voiture noire de fonction, qui rendait la circulation routière infernale de Baco-Djicoroni à la cité ministérielle. Comme Me BATHYLI, le Dr MAIGA ne rate pas, lui non plus l’occasion de se donner en spectacle dans la rue.

Une hypocrisie politique
Convaincu que leur zéro pourcent des voix ne peut égaler celui de leur ami d’hier, les malheureux candidats se joignent à un autre candidat malheureux pour perturber la quiétude des populations, en manipulant les honnêtes citoyens. En face de la Bourse du travail le samedi dernier, ces différents leaders se sont donnés en spectacle sous les yeux innocents des jeunes qui ne savaient même pas les raisons de leur présence à cette mascarade politique. « Le Mali ne plus marcher dans la tricherie, sur le vol des voix des citoyens dans les urnes, en votant, bourrant les urnes à la place des déplacés, en fraudant. A cause de ces faits gravissimes qui ont entaché les scrutins du 29 juillet et du 12 août 2018 au Mali, nous ne pouvons pas accepter cette victoire », clamaient les candidats 0%.
Toujours dans leur stratégie de manipulation, ils présentent quelqu’un comme le représentant du Chérif de Nioro du Sahel : « Le Chérif de Nioro Bouyé m’a chargé de venir à la marche, vous dire qu’il ne reconnait pas IBK comme président du Mali. Pour la simple et unique raison que les résultats des élections ont été truqués. Il m’a dit de vous dire qu’il demande à tous les citoyens de sortir pour défendre la patrie. Pour Bouyé, IBK et son gouvernement ont échoué dans la gestion du pays. IBK ne peut plus», a déclaré le prétendu envoyé spécial du chérif de Nioro du Sahel dont le nom n’a jamais été dévoilé aux marcheurs.
Et Dramane Dembélé, le candidat du front pour le redressement de l’Adema Pasj d’indiquer que leur victoire a été trichée (NRDL, la victoire du candidat Soumaila CISSE). « An tè son ; notre victoire a été volée. Ils ont triché. Si on ne se lève pas, c’est fini pour la démocratie malienne ».
Koniba Sidibé, le président du MODEC (Mouvement destin commun), un ancien Ministre demis de ses fonction au dernier remaniement, surenchérit : «IBK et ses hommes ont volé. Personnes ne veut de problème dans ce pays. Il faut respecter le choix du peuple malien », soutient-il, sans pour autant réclamer une voix volée pour le Dr Cheick Modibo DIARRA, dont il était l’allié. .
Selon Choguel Kokala Maïga, le président du MPR, ces élections ont été entachées d’irrégularités et il y a bien eu des bourrages d’urnes au nord du Mali en faveur d’IBK. «Comment des villes, dont la majeur partie de la population vit dans des camps de réfugiés, peuvent voter pour un candidat. Il y a eu bourrage d’urnes dans ces villes et en faveur d’IBK. Ces résultats truqués ne reflètent pas le vote des maliens, raison pour laquelle ils sont sortis massivement ce matin pour dire à la face du monde qu’ils n’accepteront plus jamais qu’on leur vole leur victoire », a-t-il dit. Comme pour enfoncer le clou, l’ancien ministre du président IBK l’accuse d’avoir un deal entre ce dernier et les anciens rebelles de la CMA. « Ceux qui ont empêché l’armée malienne de franchir les portes de Kidal ont été les premiers à féliciter IBK. On n’ignore pas le deal qui existe entre lui et ces bandits armés. Notre cause est juste, noble. Les causes justes finiront toujours par triompher, elles gagneront les esprits, les cœurs et le territoire. C’est une cause pour l’avenir. La résistance est un devoir pour les maliens avec ce qu’on vient de voir lors de ces élections. Si on ne le fait pas, on va se réveiller un jour voir à la tête du pays président élu de l’extérieur pour nous gouverner.»
Que de propos incendiaires venant des hommes politiques qui se réclament partisans d’un Mali apaisé ! Un paradoxe qui ne dit pas nom. Pourtant, les Soumi et ses acolytes doivent tirer une leçon : ces manifestations de rue n’ont aucune issue concrète et sérieuse.

PAR CHRISTELLE KONE

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