La querelle de légitimité semble continuer au Mali, quand la deuxième « vague » de la transition s’élance. Chaque prise de parole politique est teintée de la question de savoir qui devrait la prendre et qui ne devrait pas y avoir droit. Entre les anciens « dignitaires », les dignitaires reconvertis et les nouveaux princes du jour, la guerre fait jour et les uns et les autres, en fonction de leurs vieilles casseroles se refusent le droit à la parole publique.

Le premier pendant d’un putsch est, sans aucun doute, le manque de légitimité dans un contexte démocratique. Ce postulat acquis, la situation malienne est marquée par ce déni, non pas au Colonel Assimi Goïta aujourd’hui Président de la transition, mais à son premier ministre. Il ne serait pas et ne saurait être l’homme de la situation selon ses anciens alliés. Sa vision, qui doit-être déclinée en action, n’est pas tant au cœur des critiques, il s’agit plus de ses premières sorties (une série de visites à des personnalités et des institutions) qui interrogent mais aussi de son passif et de son passé. La polémique enflant, le Premier ministre s’est mis dans un exercice de justification du bienfondé de ses visites aux anciens chefs du gouvernement, sans vraiment convaincre.

L’appendice de ce débat porte sur la légitimité que peut avoir un gouvernement de transition pour lancer le chantier de la révision constitutionnelle ou encore de la refondation de l’Etat, dans le temps imparti. C’est le débat que lance Tiébilé Dramé sur les réseaux sociaux avec un petit message adressé au Premier ministre Choguel Maïga, qui opinait sur la nécessité d’une constitution écrite par des maliens : « L’art de noyer le poisson en déplaçant les problèmes. La question est loin d’être là où l’actuel Gouvernement du Mali la pose. Une des vraies questions est : avons-nous le temps de nous embarquer dans une révision ? ».

Cette sortie de Tiébilé Dramé en a appelé d’autres qui lui nient le droit de critiquer le gouvernement. On lui rappelle sa véhémence contre IBK avant qu’il ne rejoigne le gouvernement de ce dernier sous Boubou Cissé ; on lui rappelle son silence quand Kadiatou Konaré, son épouse était ministre ; on lui rappelle l’apathie de son parti politique quand la rue bouillait contre le régime IBK. Il en va de même avec Mahamane Baby qui s’est fendu d’un tweet contre les autorités de la transition.

De plus, il est fait le constat que la société civile, les autorités coutumières, les légitimités traditionnelles ou encore la presse semblent définitivement disqualifiées pour avoir un avis objectif sur le Mali. Si, de même, les autorités du moment n’ont, visiblement pas la légitimité nécessaire pour conduire la destinée des reformes et que les nouveaux opposants, anciens « dignitaires » ne peuvent pas non plus orientés ou du moins rester une sentinelle pour aiguiller la gestion de l’Etat, dès lors, qui peut prendre légitimement la parole au Mali ?

Y.KEBE

 

Source: Bamakonews