“Elle ne peut diriger le département de la médecine traditionnelle en même temps que son ONG”

Dans l’entretien qui suit, le tradithérapeute Baba Kassogué (président de la Confédération des associations de tradipraticiens et herboristes du Mali – Cathéma), parle de la Covid-19, du diabète et l’apport des tradithérapeutes dans le traitement de ces maladies.

Aujourd’hui-Mali : La Covid-19 continue de faire de nombreuses victimes. Quel peut être l’apport des tradithérapeutes dans la lutte contre la pandémie ?

Baba Kassogué : La Covid-19 est une maladie venue après la rougeole, la variole, le Sida et autres maladies considérées comme des maladies de vent et transmises par le vent. Le Prophète (PSL) avait prédit toutes ces maladies que la médecine traditionnelle et la médecine européenne auront des difficultés pour les traiter. Mais il avait fait des recommandations en conseillant de prendre des dispositions pour le traitement de ces maladies.

En tant que tradithérapeute, je me base sur les théories de la cosmogonie dogon et ce que le Prophète a recommandé pour parvenir à traiter les maladies appelées les maladies de vent, les maladies inconnues, les maladies irrationnelles. Parce qu’il n’y a pas de maladie sur la terre qui ne peut pas être traitée par les humains.

Seulement, les humains peuvent avoir des difficultés dans leur traitement. Et Dieu a dit que là où il y a l’entente, le rassemblement, la solidarité, la pitié, il intervient rapidement. Mais là où les hommes s’écartent les uns des autres avec des systèmes de zizanie, de méchanceté, d’égoïsme, il donne beaucoup de  difficultés dans le traitement des maladies ; C’est ce qui arrive aujourd’hui dans le monde.

Si les pays qui se disent puissants sont solidaires avec les pays pauvres, Dieu fera des faveurs pour le monde. Mais si ces puissances n’interviennent pas auprès des pays pauvres, la destruction va commencer par elles avant d’atteindre les pays dits pauvres à travers les comportements, les conduites des populations les unes envers les autres. Dieu a donné beaucoup de tablettes qui peuvent sauver l’humanité.

Concernant la prévention et le traitement contre la Covid-19, je suis en train de regrouper les vrais tradithérapeutes au Mali qui ont plus de 20, 30, 40 ans dans la pratique pour recenser les plantes qui peuvent traiter la maladie. Ensuite, nous allons faire des propositions au gouvernement. Qu’il les accepte ou pas, cela est une autre affaire, mais les malades seront libres de se traiter avec nos plantes. Ce que les gens ne savent pas, Dieu a partagé les maladies. Il y a d’abord les racines des maladies qui sont au nombre de 333. Sur les 333 racines de maladie, il a donné 150 à la médecine européenne et 150 à la médecine traditionnelle.

Et il a proposé une collaboration entre la médecine européenne et la médecine traditionnelle pour trouver un traitement à 30 racines de maladies. Les 3 autres maladies restantes appartiennent à la puissance divine, omnipotente, omnisciente. Et Dieu a dit que ni la médecine européenne, ni la médecine traditionnelle ne pourra traiter ces 3 maladies qui ont pour noms l’égoïsme, la jalousie et la maladie de la mort.

La réalité est que même la science est en retard par rapport à la nature. C’est pour dire que toutes les médecines (européenne et traditionnelle) sont modernes. Mais ce sont les éléments (matériels) de travail qui font la différence entre la médecine européenne et la médecine traditionnelle. Sur le plan des matériels de travail, la médecine européenne est en avance sur la médecine traditionnelle. Par exemple, pour savoir que quelqu’un est diabétique, la médecine européenne procède par l’analyse du taux de glycémie (taux de sucre dans le sang) du malade avec un glycomètre.

Par contre en médecine traditionnelle, les tradithérapeutes vont dire au malade d’aller uriner dans la toilette ou sur une fourmilière. Et si les insectes se regroupent sur l’urine, cela prouve que le malade est diabétique. Le traitement du diabète en médecine européenne se fait avec des comprimés et de l’insuline qui est le plafond. En médecine traditionnelle, le traitement du diabète va des recommandations du Prophète (PSL) qui consistent à rechercher des plantes et les mettre dans des percales et faire des incantations surtout si la personne a un diabète héréditaire. Il y a aussi la consommation des plantes sous forme de poudre jusqu’au totem du sucre qui sont des plantes. Dans le traitement du diabète, la médecine traditionnelle est plus efficace que la médecine européenne. Pour quelqu’un qui est insulinodépendant, le traitement en médecine européenne peut lui causer des calculs rénaux. Alors qu’au niveau de la médecine traditionnelle, le traitement se fait avec des plantes naturelles qui n’ont pas de risque. Au contraire, les plantes renforcent les organes vitaux.

Pour préserver leur santé, les Maliens doivent contrôler leur régime d’alimentation. Ce sont les mauvaises alimentations qui sont en train de tuer beaucoup de Maliens à travers le diabète et l’hypertension artérielle. C’est vrai que le diabète peut jouer sur tous les organes de l’homme. Je suis en train de préparer des produits pour les personnes âgées (60-90 ans) atteintes d’impuissances sexuelles et autres maladies.

Dans la lutte contre la pandémie, le département de la Santé a-t-il approché les tradithérapeutes ?

Les responsables du département de la Santé ont commencé à écouter les tradithérapeutes parce qu’ils ont compris qu’en se refermant sur eux-mêmes et en se cantonnant sur un seul carcan, ils vont faire du mal à la population.

La ministre de la Santé, Fanta Siby connaît l’importance des tradithérapeutes dans la lutte contre la maladie parce qu’elle a eu à travailler avec eux. Elle a rencontré les tradithérapeutes autour de la lutte contre la Covid-19.

Au cours de cette réunion, la Confédération des associations de tradipraticiens et herboristes du Mali “Cathéma”, dont je suis le président a parlé de ses possibilités dans le traitement de la Covid-19. La Fémath aussi a parlé de ses possibilités. Maintenant, c’est au ministre de voir pour que jaillisse la lumière.

Lors de cette rencontre à laquelle prenait part Rokia Sanogo (la cheffe du département), nous avons dit au ministre de la Santé qu’elle est à la base de la destruction de la médecine traditionnelle au Mali. Et Fanta Siby m’a fait savoir qu’elle n’a jamais reçu mes correspondances au niveau de son cabinet. Ce qui est étonnant. Car j’ai toujours écrit à tous les ministres, dont elle. Nous avons dénoncé Rokia Sanogo devant le ministre de la Santé. Confondue, Rokia Sanogo n’a pu placer mot. Nous avons été très clairs avec la ministre de la Santé, Rokia Sanogo ne peut pas diriger le département de la médecine traditionnelle en même temps que son ONG. Car il y a un conflit d’intérêt au détriment de l’Etat et un manque à gagner pour les tradithérapeutes.

Dans l’avenir, les tradithérapeutes vont faire beaucoup de propositions au ministre pour sauver les Maliens avec nos produits. J’espère que dans l’avenir, les choses vont rentrer dans l’ordre dans la relation des tradithérapeutes avec le département de la Santé. Et si cela ne se réalise pas, ce serait la catastrophe pour le département de la médecine traditionnelle et dommageable pour l’Etat. Je le dis et le maintien, aucun responsable ne peut servir une ONG et servir une structure étatique.

         Réalisée par Siaka Doumbia

Source: Aujourd’hui-Mali