Nous avons rencontré Fousseïni Coulibaly, microbiologiste au laboratoire de biologie médicale et hygiène hospitalière du CHU du point G, samedi dernier à la Bourse de Travail.  Nous l’avons interrogé sur la situation qui prévaut au niveau du CHU du point G. Il défend son titre de Secrétaire général du syndicat national de la santé, de l’action  sociale et de la promotion féminine, comité  du CHU du point G.

Quelle est la situation au point G ?

Depuis 2012, le point G est confronté à un certain nombre de problèmes. Notamment, le problème de plateau technique. Le personnel est confronté à d’énormes difficultés pour mener à bien le travail qui lui a été assigné. Le bureau sortant, qui était dirigé pendant longtemps, par Issoufi Maiga, qui est notamment, aujourd’hui, le secrétaire général adjoint du syndicat national de la santé et de l’action sociale au niveau du bureau national et qui est le secrétaire général sortant du comité du CHU du point G, est à la retraite.  Son  bureau qu’il a dirigé, a mis le point G dans un caillot, en collaborant avec toutes les administrations qui sont passées au niveau du point G,  en collaborant avec tous les départements qui sont passés au niveau du ministère de la santé, pour juste mettre le personnel de côté.  Lequel avait mis  ce bureau là en place pour défendre ses intérêts. Ils ont ignoré le personnel pour travailler avec les différentes administrations qui se sont succédé au niveau du point G, notamment au niveau du ministère. Le cas d’aujourd’hui montre à suffisance la collaboration de ce bureau avec l’ancien bureau, avec le département actuel, avec l’administration actuelle. Pour la cause du personnel du CHU du point G, le personnel du CHU du point G a jugé nécessaire le renouvellement du  bureau syndical  sur toute l’étendue  du territoire national et c’est dans ce cadre-là qu’un courrier a été envoyé au niveau du CHU du point G, pour dire que le bureau du CHU du point G sera renouvelé le 10 mai passé.

Qu’est-ce qui a motivé votre candidature ?

Nous avons été sollicités, jusqu’à notre service par la majorité du personnel du CHU du point G, pour que nous puissions nous présenter comme secrétaire général au niveau du syndicat national de la santé du CHU du point G. Suite à cela, des observateurs ont été désignés par le bureau national du syndicat national de la santé pour superviser le processus  électoral,  au niveau du point G. C’est ce qui s’est passé, le 10 mai. A cet effet, ces superviseurs, on les a vus dans la salle, manifester leur appartenance à un camp, notamment, le camp de Karim Traoré qui était  mon  opposant, je peux le dire ainsi, parce que je suis déjà élu. Je me rappelle ce que le secrétaire général sortant,  Issoufi Maiga a dit dans la salle, ce jour-là : « chers camarades, même si vous êtes  majoritaires au niveau du point G, si vous gagnez au niveau du point G, arrivés à la Bourse du travail, au syndicat national de la santé, c’est nous, qui détenons le stylo et le papier pour valider votre bureau. Tant que nous ne validerons pas votre bureau, il ne sera pas reconnu au niveau national. »

Que disent les textes sur ce point ?

Les textes disent que la décision de l’assemblée générale est souveraine. Dans ce contexte,  ils ne peuvent pas s’opposer à notre élection. Ceci étant dit, nous avons fait appel à un huissier, commissaire de justice, qui a supervisé le travail,  tout le processus électoral. Puisqu’ils se sont vus en minorité, ils ont décidé  d’imposer au superviseur la suspension de notre élection. En temps réel, cela ne revient pas aux superviseurs de suspendre une élection, puisque, c’est l’ensemble des travailleurs qui décident pour ladite  élection et à notre grande surprise, M. Ongoiba, qui était le président des superviseurs, a  décidé de suspendre l’élection. Il a dit : « comme je n’ai pas été respecté, donc je suspends l’élection au niveau du point G. » Ça s’est passé le 10 mai.  Nous nous sommes dit que c’est leur stratégie, Maiga a été élu comme ça à deux reprises. Ils disent qu’ils ont  suspendu, ils sortent de  la salle pour aller s’arrêter à un coin de l’hôpital et quand les travailleurs sortent de la salle pour aller travailler ils retiennent dans la salle, quelques éléments et ils mettent en place  leur bureau qui est ensuite validé, puisque ce sont eux qui commandent le syndicat national, donc facilement, ils valident le bureau. Ce jour-là,   nous avons décidé de rester dans la salle avec l’huissier. Il  y avait des professeurs, des médecins, des pharmaciens, des sages-femmes, des infirmiers, des ingénieurs, des bénévoles, je veux dire des techniciens de surface et ils sont restés jusqu’à seize heures. Devant l’huissier, nous avons demandé à l’assemblée ce qu’il faut faire en la matière, l’assemblée a décidé de continuer le processus électoral.

Comment l’assemblée pouvait-elle accéder à la salle ?

Je vous apprends que  tous ceux qui étaient dans la salle étaient munis de leur carte UNTM, parce que c’était l’une des conditions, pour avoir accès à la salle. Condition qui a été exigée par le bureau sortant  et par le  syndicat national de la santé. Lors du processus, avant leur démission, ils ont dit que nous sommes supportés par les militants d’autres corporations syndicales. En la matière, les textes sont très clairs : ils disent que  l’appartenance à une corporation syndicale est liée à l’obtention de la carte du syndicat et nos militants avaient déjà acheté leurs cartes UNTM, donc ils étaient munis de leurs cartes.  Nous avons continué le processus, fait la lecture des membres de notre bureau, acclamée par l’assemblée souveraine du CHU du point G et nous avons mis en place notre bureau. Le lendemain, nous avons adressé une correspondance au syndicat national de la santé pour validation de  notre bureau mis en place avec le rapport de l’huissier commissaire de justice qui a supervisé le  travail avec une personne assermentée. Nous avons adressé la correspondance  à l’UNTM et à la direction du CHU  du point G. Nous sommes restés  plusieurs semaines sans réponse et nous avons  adressé une demande d’audience au secrétaire général du  syndicat national de la santé, notamment le professeur Mamadi Kané, qui est de Gabriel Touré et qui est, je crois, à le retraite. Il est le premier responsable du syndicat national de la santé. La correspondance a été faite avec ampliation à l’UNTM, mais, aussi, à la direction du CHU du point G. Ils nous ont répondu qu’ils ne vont pas nous recevoir, qu’ils vont nous recevoir en tant que qui ? Nous n’avons pas pris la chose avec le cœur, mais avec l’esprit, en matures, car, nous sommes des responsables.

Quelle est l’attitude de Yacouba Katilé, secrétaire général de l’UNTM ?

Quelques jours après, nous avons adressé une demande à l’UNTM, à Katilé, pour les dispositions à prendre  pour son implication, en ce qui concerne le cas du CHU du point G. Nous sommes restés sans réponse de Katilé. Nous ne nous sommes pas découragés.  Nous avons adressé une correspondance à la commission de discipline de l’UNTM, qui doit être compétente en la matière, à travers son président, Abdoulaye Berthé,  qui est resté pendant plusieurs semaines sans  répondre. Nous l’avons bousculé, jusqu’à ce qu’il nous adresse sa réponse pour dire qu’il laisse le soin à la commission de discipline de l’UNTM, au bureau national,  de  trancher la situation du CHU du point G. Or, la centrale du syndicat national de la santé est de mauvaise foi et  refuse de nous contacter, de nous répondre, de dialoguer avec nous. C’est une rupture de dialogue entre eux et le bureau mis en place au niveau du CHU du point G, chose qui a rendu difficile  le cas du CHU du point G. Malgré tout, nous avons pris notre courage à deux mains, nous avons effectué un déplacement, une première fois, pour venir contacter Katilé, qui nous a promis qu’il allait s’impliquer  pour qu’on puisse résoudre le  cas du CHU du  point G. On est resté longtemps, sans   réponse, après, nous nous sommes déplacés,   nous-mêmes, la majorité du personnel du CHU du point G, au niveau de l’UNTM. Nous  avons trouvé sur place le secrétaire administratif, M. Bengaly, il y avait, aussi, le Pr. Mamadi Kané, qui est le secrétaire général du syndicat national de la santé, en même temps, il est le secrétaire  général  adjoint de l’UNTM, qui a remplacé Maouloud Ben Kattra, quand il a été nommé ministre. Donc, c’est lui la première personnalité du syndicat national de la santé, mais, la deuxième personnalité, au niveau de l’UNTM. Il est l’acolyte d’Issoufi Maiga, qui est son adjoint au niveau du bureau national. Issoufi Maiga est aussi membre du bureau de l’UNTM, il est organisateur, là-bas. Voilà la complexité du cas du CHU du point G, parce que Maiga avait juré, avec le pr. Mamadi Kané, tous deux à la retraite, de ne pas valider le bureau du CHU du point G. Quand on est venu à l’UNTM, Issoufi  Maiga a refusé d’être dans la salle, Kané, aussi, pour dire qu’ils ne peuvent pas être juges et parties  la fois.

Comment avez-vous été reçus à l’UNTM ?

Nous avons été reçus par plusieurs membres du bureau de l’UNTM, notamment,  à la tête du secrétaire administratif, M. Bengaly,  qui nous a écoutés avec son staff et qui nous a donné raison, ce jour-là, en disant que toute la documentation leur a été adressée  par nous, parce que   nous avons tenu un rapport, avec en plus, le rapport de l’huissier de justice, avec toute la documentation produite en la matière. Donc,  y compris la réponse de la commission de discipline de l’UNTM.  A notre grande surprise, un jour, Mamadi Kané, secrétaire général du syndicat national de la santé m’a envoyé une lettre confidentielle pour  me  dire que je suis suspendu par le syndicat national de la  santé, à cause de mon attitude, ils n’ont pas dit de motif. J’ai été surpris, je n’ai pas compris cette attitude du premier responsable du syndicat national de la santé, ensuite, quelqu’un dont tu n’as pas reconnu le bureau, pourquoi le suspends-tu ?   Donc,  je me suis dit que peut-être, il ne sait pas ce qu’il veut. J’étais étonné, car, soit mon bureau a été reconnu à mon insu, d’où ma suspension, mais qu’est-ce qui se passe en réalité ? Le  jour où nous avons rencontré l’UNTM, nous lui avons montré cette lettre. L’UNTM a dit qu’elle n’a pas été informée  et que c’est nul et non avenu et même les superviseurs qui ont supervisé,  qui ont suspendu notre élection, n’ont pas fait de  rapport. Ils n’ont pas fait de rapport, parce que l’UNTM n’a pas reçu de rapport. Pour la suite, j’ai été délégué pour aller en formation  au Bénin  le 29 juillet. Tout le processus   du renouvellement  devait prendre fin le 31 juillet. Le 29 juillet, on m’a envoyé en mission au Bénin, à Cotonou, pour une formation en maintenance biomédicale. Quand ils ont appris, je ne sais  pas comment ils ont eu mon ordre de mission, en mon absence, ils ont colmaté  le bureau qui a  suspendu les élections pour aller reprendre les élections au niveau du point G. Avec la lettre de suspension qu’ils m’ont adressée, ils se sont présentés dans la salle pour dire à l’assemblée que j’ai été suspendu.

Comment la base a-t-elle réagi ?

Quand on a demandé les candidats, la base a cité mon nom pour dire que je suis leur candidat  et que je resterai leur candidat. Ils ont dit non, que  j’ai été suspendu. La base a dit que ce n’est pas au bureau national de suspendre le camarade Fousseïny Coulibaly, parce qu’il doit être suspendu par l’assemblée générale, par sa base ou bien être choisi par sa base. Cela ne revient pas au bureau national du syndicat de la santé. Après ça, ils se sont vus en position de faiblesse, parce que même la minorité qu’ils avaient le 10 mai, ils l’ont perdue le 2 août, parce que la deuxième fois, c’était le 2 août. L’ensemble du personnel du point G, les mêmes équipes, sont venues dans la salle,  ils ont opté pour notre bureau qui a été mis en place. Le même huissier, aussi, était présent, il a fait son rapport. A partir de ce 2 août, nos collègues ont adressé une correspondance au syndicat national de la santé, avec ampliation à  l’UNTM,   à la direction du CHU du point G,   pour la validation, encore, de ce même bureau et ce bureau est resté sans être validé par le syndicat national de la santé et de l’action sociale, de la promotion féminine. Mais, pour le bureau, les textes sont clairs là-dessus. Le bureau a été mis en place par l’assemblée souveraine du point G, selon la démocratie syndicale, selon les textes de l’UNTM et de l’Organisation internationale du travail et la validation, au niveau du bureau national, ça pose problème. Maiga est à la retraite, Kané est à la retraite. Ils ont dit qu’ils ne vont pas reconnaitre notre bureau,  d’où ce bruit, aujourd’hui, au niveau du CHU du point G.

Que pensez-vous du plateau technique ?  

Le plateau technique, ça fait mal au personnel du point G.  Vous vous imaginez ? Un hôpital de dernière référence comme le CHU du  point G, où, aujourd’hui, les analyses les plus courantes ne sont pas réalisables ? Les analyses effectuées dans les centres de première référence, dans les CSCOM, dans les centres de santé, ne sont pas réalisables au niveau du CHU du point G. Pour faire une radiographie digne de ce nom, une échographie digne de nom, il faut que ce malade  soit référé dans une clinique privée, ou laboratoire privé, pour faire ses analyses, pour le simple bilan complémentaire. On dit non !  Trop c’est  trop !  Le point G  est ignoré par le ministre Samba Sow, par le directeur présent aujourd’hui, le professeur Illo Bella Diall. Il s’en fiche du point G parce que le point G, aujourd’hui, est dans un coma. Même la simple eau de javel, pour trouver ça  au point G, c’est très difficile,  le savon pour se laver la main, après une intervention, c’est très rare, les meilleurs équipements du point G sont en panne aujourd’hui par défaut de maintenance. Les vraies revendications du personnel du point G ne sont pas prises en compte, parce que l’ancien bureau a tout foutu en l’air.  Voilà pourquoi l’ensemble des travailleurs du point G ont décidé de changer carrément ce bureau pour que le point G puisse être réanimé, pour que le point G puisse être au top aujourd’hui.

Les patients ne sont-ils pas handicapés par vos sit-in ?

Les patients sont gênés, sont mécontents, avant même le sit-in, parce que le plateau technique n’y est pas, il ne faut pas qu’on se voile la face. Nous avons mis en stand-by les sit-in, parce qu’il y a des médiations en cours,  on a fait le sit-in le lundi passé, le mardi, le mercredi et ça a fait son effet. Les gens ont dit que les portes étaient bloquées, mais c’est tout à fait le contraire, nos malades entraient comme ils voulaient, ils sortaient comme ils voulaient, mais   le personnel qui s’occupait de ces malades était à la porte pour le sit-in,  donc  ces malades ne pouvaient pas être consultés en temps voulu, mais nous sommes des professionnels de santé, nous sommes matures,  voilà pourquoi après les sit-in de deux heures et trois heures de temps, on retourne dans nos services respectifs, pour aller consulter les malades, pour prodiguer des soins à nos malades. Voilà pourquoi il y a des personnels qui sont descendus le lundi, le mardi le mercredi, de onze heures jusqu’à 18 heures, 19 heures. Ils ont quitté leurs services  parce qu’ils ont laissé les malades,  pour aller faire le sit-in et en récompense, il faut prolonger le temps d’exercice pour compenser le temps perdu. C’était pour se faire entendre  et nous avons intérêt aujourd’hui à penser à cela pour qu’on puisse être écouté, entendu, par les hauts responsables de ce pays, par le département de tutelle, par l’administration. Ce qui a motivé le sit-in, c’est que l’administration, le directeur, le pr. Illo Bella Diall continue de travailler avec l’ancien bureau. Le 2 août, l’ancien bureau a officiellement démissionné.  Maiga,  qui  est à la retraite, est le  secrétaire général sortant. Il a officiellement démissionné le 2 août.  Nous avons été élus le même 2 août par une assemblée souveraine composée  de plus de 95% des travailleurs du CHU du point G. Voilà que le syndicat national refuse et l’UNTM refuse de s’impliquer à fond pour que notre bureau soit reconnu. Je ne peux pas comprendre… Maiga et Kané sont deux personnalités du syndicat national de la santé,  mais, aussi des personnalités au niveau  de l’UNTM, donc, l’UNTM ne peut pas dire qu’elle ne peut pas faire quelque chose en la matière, parce que nous sommes tous affiliés à l’UNTM.

Avez-vous un appel à lancer ?

Il faut que l’UNTM sache que le point G ne leur appartient pas, le point G est une grande structure à part, il  appartient au personnel du point G.   Ce n’est pas  au syndicat national d’imposer un dauphin au point G,  mais ce sont les travailleurs du point G qui doivent mettre en place un secrétaire général, pour qui ils ont opté. Nous avons été choisis par la majorité des travailleurs du CHU du point G. Il faut que l’administration    du professeur Bella Illo Diall arrête de collaborer avec l’ancien bureau, notamment avec M. Samaké, chef du service informatique, qui a son nez fourré dans toutes les affaires du CHU du point G et qui est sale, au niveau du point G, il faut qu’il essaye de se laver.  On sait ce qu’il est en train de faire avec le D.G. actuel,  au niveau du CHU  du point G
Propos recueillis
 par Baba Dembélé 

Source: Le Canard Déchaîné