Le conflit autour de la gestion du Centre de Santé Communautaire (CSCOM) de Lafiabougou devient de plus en plus tendu. Alors qu’une grande partie de la population demande toujours la dissolution du bureau actuel de l’Association de Santé Communautaire de Lafiabougou ‘’ASACOLA1’’, dirigé par un certain Daouda Adama Coulibaly. Selon des témoignages, les partisans dudit bureau décrié multiplient désormais les actes de chantage et même de violence à l’endroit de tous leurs détracteurs.

C’est une brouille sans précédent qui existe autour de la gestion du premier Centre de Santé Communautaire de Lafiabougou, connu sous le nom de ‘’ASACOLA 1’’. Quatre mois seulement après sa mise en place, le nouveau bureau exécutif de ladite association, dirigé par un certain Daouda Adama Coulibaly, est déclaré obsolète par la majeure partie de la population du secteur qui affirme ne plus reconnaître les compétences de son comité de Gestion.

Ainsi, le 08 septembre 2022, de nombreuses personnes ont tenu un sit-in à l’allure de meeting pour réclamer la dissolution pure et simple du bureau actuel. Cette frange de la population dans laquelle se trouve certains membres de l’ancien et de l’actuel bureau de l’’ASACOLA1, dénonce une gestion calamiteuse de la structure sanitaire située en Commune IV du District de Bamako,  par un clan du comité de gestion. Le tout, « avec la complicité du médecin-chef », disent-ils.

Mme Coulibaly Rokiatou Kampo, est une femme leader et porte-parole des femmes du secteur. Pour elle, ce comité n’a jamais été légitime et sa gestion laisse à désirer. « Ce centre est une des références en matière d’ASACO à Bamako. Beaucoup d’équipes ont eu à gérer de façon saine cette structure. Mais depuis que ces jeunes sont arrivés, plus rien n’est comme avant. D’abord, c’est par une élection truquée qui n’a jamais fait l’unanimité que cette équipe est parachutée sur le centre, avec la complicité du médecin-chef, puisque le candidat était un proche de ce dernier qui, à son tour, a induit en erreur le maire qui avait appelé pour avoir la confirmation de la légitimité du bureau. Donc, c’est par une manigance organisée que ces jeunes sont arrivés à la tête de l’ASACOLA 1 », a-t-elle dénoncé.

Pire, Mme Coulibaly fustige le bilan “calamiteux” de la gestion après seulement quatre mois de mandat. « Aujourd’hui, le centre est endetté à plus de 35 millions de francs CFA. Pire encore, la pharmacie est vide, le laboratoire est désastreux et le traitement du personnel est inhumain parce qu’il y a beaucoup de sages-femmes qui ne perçoivent qu’entre 20 000 et 30 000 par mois. Ce centre est là pour cette population et il n’est pas question que des jeunes viennent juste s’enrichir dans le dos de paisibles citoyens par injustice. Nous ne l’accepterons jamais », a-t-elle insisté.

Le bureau actuel se défend !

De leur côté, les membres fidèles au président du bureau actuel s’inscrivent en faux contre toutes les accusations faites à leur égard. Pour eux, c’est tout simplement un conflit d’intérêt pour ne pas dire de la pure méchanceté. « Tout est absolument faux. C’est une question de personne qui n’a rien à voir avec le développement de l’ASACOLA 1. Ce que je voudrai dire est que le CSCOM n’est la propriété exclusive de personne. Il faut qu’on sorte de ces calculs personnels, car ça n’arrangera pas les choses parce que nous ne nous laisserons pas faire », a ainsi promis Boubacar Sidiki Traoré, trésorier général de l’actuel bureau.

Vers une violence ?

Mécontent de la tentative de sa destitution du poste de président, Daouda Adama Coulibaly use désormais de tous les moyens pour intimider ces adversaires. Trois jours après la manifestation, Mme Coulibaly Rokiatou Kampo témoigne qu’elle a été victime de menaces directe de la part du président contesté. « Le vendredi dernier (9 eptembre 2022), alors que je quittais Kati pour un baptême, un numéro inconnu m’a appelée. Étant en pleine circulation, je n’ai pas pu décrocher l’appel. Le même numéro m’a rappelé peu après mon arrivée à la maison et c’était le soi-disant président Daouda Adama Coulibaly. Il a commencé par des injures. Je lui ai clairement dit que je n’échangerai pas au téléphone sur la question de l’ASACOLA 1, que je  ne suis pas seule a demandé son départ et que s’il veut la transparence, il n’a qu’à convoquer une réunion avec tout le monde. Après, je l’ai raccroché au nez. A ma grande surprise, le clan du président, notamment son trésorier et d’autres personnes, sont venus encercler ma devanture avec leurs véhicules. Ils m’ont traité de tous les noms et quand je suis sortie, le président a essayé de foncer sur moi avec sa voiture et c’est là qu’un voisin lui a dit : ‘’Tu veux la tuer ou quoi ?’’ », a témoigné Rokiatou Kampo, tout en affirmant avoir saisi la justice contre les agissements du clan de Coulibaly.

« Trouver une issue favorable au conflit »

L’imam Mahamadou Konta est membre du bureau actuel et joue un rôle de facilitateur entre les deux parties. Cependant, il reconnaît que tout n’est pas clair avec le bureau actuel et estime qu’il y a une nécessité de revoir les choses. « Vous savez, ce bureau a été mis en place sur fonds de crise. Moi personnellement, je me suis retrouvé dans ce bureau sans mon consentement alors même que j’étais à la Mecque, c’est-à-dire que c’est après la mise en place du bureau et sans aucune consultation, qu’on m’a annoncé que j’occupais le poste de contrôleur et jusqu’ici les choses ne se sont pas arrangées. Je pense qu’il y a lieu de s’écouter et de trouver une issue favorable. La violence n’est pas une solution. Si j’ai un seul souhait, c’est qu’on n’arrive jamais jusqu’à la fermeture du CSCOM parce que ce sont des innocents qui en seraient les victimes », a-t-il plaidé.

En observant la situation de près, c’est une vraie discorde qui existe et l’on est loin pour l’instant d’une solution pacifique.

Amadou Kodio

Source : Ziré