Une femme en menstrues est aux yeux de tous, un être impur. Traditionalistes et religieux observent souvent une distance vis-à-vis d’elles en cette période.  Belles, elles semblent devenir, en peu de jours, impures. Du moins, c’est l’impression que certains Maliens ont des femmes en menstrues.

D’aucuns estiment que faire l’amour pendant les règles, c’est profaner la sainteté du corps et de l’esprit. « Il est déconseillé dans la tradition d’avoir des relations sexuelles avec une femme en menstrues. Car cela vous attire la malchance et le malheur », nous confie un traditionnaliste.

 Dans beaucoup de religions, ce qui semble être une discrimination est érigée en principes. Pour Iréné, chrétienne de l’Eglise évangélique les Saints des derniers jours, c’est tout à fait logique. A l’en croire, la femme en cette période ne doit pas se rendre au sanctuaire. Elle se réfère au Lévitique 14-15, verset 19 à 32. « Une femme qui saigne est dans ses indispositions pendant sept jours, et quiconque la touche est impur ».

Dans la religion musulmane, une femme en règle ne peut en aucun cas faire l’amour avec son mari. « Cette pratique est prohibée, ce n’est pas bon. Puisque la menstruation, c’est l’élimination des déchets, des maladies, d’un sang toxique qu’a accumulé l’organisme pendant 30 jours. Donc si un homme s’approche d’une femme en menstruation, il s’expose à des maladies », explique l’imam de Missabougou Coura.

Dans certaines communautés, la femme en menstrues a sa case à part. Elle ne doit pas fréquenter la case des autres au risque de la souiller. Après les menstrues, la femme est purifiée, la case de même et partout où elle a pu mettre ses pieds pour rendre la maison encore pure.

Ainsi, pour beaucoup, la femme ne doit pas se laisser posséder en cette période par son mari ou par d’autres hommes à cause de l’argent. « C’est la femme même qui crée le fétiche qui se trouve dans son ventre communément appelé kyste. Ce fétiche l’empêche de procréer ».

Chez les musulmans, la femme impure n’a pas le droit d’accéder aux lieux saints. « Durant cette période, la femme musulmane ne doit pas se rendre à la mosquée. L’exception se fait uniquement dans les périodes des deux fêtes musulmanes que sont le Ramadan et la Tabaski. Mais elle est isolée des autres femmes pendant les prières. L’accès au Coran lui est formellement interdit. Ces préceptes sont abordés par le Prophète Karim dans le Saint Coran », explique l’imam.

Selon Dr Savané, socio-anthropologue : « la plupart des religions voyaient les règles comme sales et la femme comme impure par le passé. Elles ont mis en place des interdits, qui perdurent aujourd’hui, parfois inconsciemment. ».

Paul Y. N’GUESSAN

Source: Bamako News