Après plus d’un mois de paralysie, suite à la grève illimitée décrétée par les agents de santé, les Centres de santé communautaire (Cscom) ont repris du service sur l’ensemble du territoire malien, à l’exception de quelques Cscom de Bamako. Et cette reprise des activités des Cscom fait suite à l’appel de la Fédération nationale des associations de santé communautaire (Fénascom) invitant les agents de santé des Cscom à reprendre le travail sans délai. Et selon Yaya Zan Konaré (président de la Fénascom) et son staff qui étaient devant la presse le mardi 11 avril 2017, 80% des agents des Cscom sur le territoire national ont repris le travail. Le reste soit  20 % serait, des Cscom de Bamako qui traînent les pieds pour reprendre le travail.

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Dans son intervention, Yaya Zan Konaré a fait observer une minute de silence pour la mémoire de ceux qui ont perdu la vie durant la grève illimitée qu’il a qualifiée de regrettable. A ses dires, cette grève des agents est intervenue sans concertation entre toutes les parties prenantes y compris la Fénascom. “Le préavis de grève ne nous a pas été adressé. Mais la grève dans son application a concerné le personnel de nos Cscom et plus particulièrement ceux qui sont liés par un contrat avec les Associations de santé communautaire (Asaco) et la Mutuelle de santé. Et il est difficile de comprendre aujourd’hui que la Fénascom soit exclue des négociations autour d’un préavis de grève dont les personnels recrutés et payés par l’Asaco et la Mutuelle de santé sont concernés. Le gouvernement, à travers le ministère en charge du Travail, n’a daigné associer la Fénascom, malgré son statut de représentant légitime des Asaco et des Mutuelles de santé qui sont les employeurs de cette catégorie de personnel dans les Cscom et les Centres de santé de mutuelle“, a-t-il dénoncé et regretté avant de laisser entendre que la Fénascom ne reconnaît pas cette grève. “N’ayant pas reçu de préavis de grève en ce qui concerne le personnel sur fonds Asaco et eu égard aux dispositions légales, on est en droit de ne pas reconnaître cette grève en tout cas pour les agents sous contrat avec les Asaco. Par conséquent, les Asaco et les Mutuelles de santé sont invitées à reprendre immédiatement les services effectifs dans leurs Cscom et Centres de santé de mutuelle, pour servir les populations, conformément à l’esprit de la santé communautaire. Le président de la Fénascom invite les populations à fréquenter leurs Cscom et Centres de santé de mutuelle pour bénéficier des soins de santé de qualité “, a-t-il dit, avant de réaffirmer que cette grève illimitée ne concerne pas les personnels recrutés sur fonds propres des Asaco et des Mutuelles de santé.

Cette réaction tardive à appeler les agents des Cscom à reprendre le travail est consécutif au fait que la Fénascom a cherché à faire revenir en vain les deux parties (grévistes et gouvernement) aux négociations. “La Fénascom n’est ni du côté de la partie gouvernementale ni avec les grévistes. Nous ne sommes ni à gauche ni à droite. La Fénascom n’a jamais été solidaire de la grève. Car ce sont les populations innocentes qui sont en train d’en souffrir. La santé communautaire est fondée sur la solidarité communautaire”, a-t-il indiqué, avant d’affirmer que les Cscom sont concernés par deux points sur les 8 points de revendications. Il s’agit du point 4 relatif aux ristournes que les médecins réclament sur les prestations des Cscom et le point 6 concernant l’intégration des agents des Cscom dans la Fonction publique. “Les Cscom ne peuvent pas appliquer ces deux points car ils ne font pas de profit. Ensuite, c’est des contrats qui lient les agents des Cscom et des Asaco. Ce qui fait qu’un contractuel ne peut pas devenir un fonctionnaire. A condition qu’il fasse le concours d’entrée à la Fonction publique”, a-t-il précisé.

Menace de licenciement brandie contre les agents grévistes des Cscom

Yaya Zan Konaré a insisté sur le fait que les agents de santé des Cscom qui refuseront de reprendre le travail seront sanctionnés selon la réglementation en vigueur. “Les agents des Cscom qui refuseront  de reprendre le travail, seront considérés comme démissionnaires et remplacés par d’autres agents qui seront recrutés”, a-t-il menacé, avant d’inviter les responsables des Asaco à procéder au recrutement de tous leurs agents sur fonds propres et en les liant avec eux par un contrat de travail en bonne et due forme en remplacement des agents affectés par l’Administration. Et des communiqués ont été diffusés invitant les agents des Cscom  à reprendre le travail dans délai. Il a rappelé que le Mali compte 1 363 Cscom dont 1 241 sont fonctionnels et qui répondent aux normes exigées. Et 3 600 volontaires gèrent ces Cscom.

K. Théra et S. Doumbia

Source: Aujourd’hui-Mali