Le cabinet Soonni (Cabinet d’intelligence économique d’Amadou Bathily), en partenariat avec le Centre d’études stratégique (CES) dirigé par Mahamane Touré, a organisé le jeudi 8 avril 2021 à l’Ecole de Maintien de la Paix Alioune Blondin BEYE, la 1ère édition du Forum d’intelligence économique et de la prospective au Mali. Au cours du forum, les panelistes ont débattu des thèmes comme “la diplomatie économique” ; “l’intelligence territoriale” ; “la veille économique et la sécurité économique des entreprises”. La cérémonie d’ouverture du forum était présidée par Mamadou Mohamed Coulibaly, ministre de la Refondation de l’Etat, chargé des Relations avec les Institutions.

En ouvrant la cérémonie, le ministre de la Refondation de l’Etat, chargé des Relations avec les Institutions, Mamadou Mohamed Coulibaly, avait signalé que l’intelligence économique est un domaine d’expertise, à la foi des Etats et des entreprises qui déploient des moyens d’investigation pour, entre autres, recueillir de l’information sur les marchés et leurs acteurs, notamment la concurrence ; analyser et exploiter les données afin d’anticiper pour garder le contrôle et s’adapter. D’après lui, les précieux renseignements obtenus sont susceptibles de procurer un positionnement et des avantages stratégiques dans l’activité considérée.

“Notre pays ayant une Administration mal équipée, mal encadrée, avec un faible tissu industriel, accuse relativement un grand retard dans la promotion d’entreprises et le développement des outils du management moderne. Ce faisant, nous sommes en même temps confrontés à un manque de ressources humaines qualifiées”, a-t-il déclaré.

Il s’est dit fier de voir de jeunes Maliens, entreprenants, dynamiques, s’investir légitimement dans le pari de la compétitivité des entreprises nationales et du renforcement des capacités stratégiques de l’Etat.

“Ce que nous voyons et vivons chez nous, malgré des exceptions, est loin d’être un modèle, vu l’inertie, les pesanteurs, dans l’appropriation des solutions nouvelles porteuses de changement. En cela, chacun appréhende l’impératif de la refondation de la gouvernance dans presque tous les secteurs d’activité.  Le Forum de l’intelligence économique et de la prospective témoigne de la volonté et de la détermination du promoteur, le cabinet Soonni, 1er à embrasser la vocation, d’offrir à l’écosystème des affaires un service de qualité, à la fois performant et innovant”, a-t-il dit.  Pour lui, le métier de l’intelligence économique évolue avec le temps. Et il va de pair avec les projections, la prospective. “La révolution technologique du nouveau siècle  apporte aux opérateurs dans ce domaine de nouveaux outils pour plus d’efficacité, de professionnalisme et de réactivité. Les sujets débattus nous interpellent sur la nécessité pour l’Etat malien d’implémenter une politique publique d’intelligence économique”, a-t-il indiqué.

Les missions du Centre d’études stratégiques

Auparavant, le directeur général du Centre d’études stratégiques, Mahamane Touré, a rappelé les missions de son centre qui a été créé par ordonnance n° 99-052/P-RM du 1er octobre 1999 et rattaché au ministre des Affaires étrangères. Le Centre vise, entre autres, à apporter une éclairage au gouvernement dans le domaine des décisions à prendre en matière de relations extérieures, de défense et de sécurité ; à effectuer des analyses techniques et prévisionnelles sur l’environnement international dans ses aspects géostratégique, géoéconomique et géopolitique ; de présenter au gouvernement, à sa demande ou spontanément, des recommandations et options politiques ou stratégiques lorsqu’il s’agit de choix à moyen et long terme et couvrant les secteurs de la politique intérieure et extérieure, de la défense nationale, de la sécurité, etc. ; d’assurer, par des modules, la formation en stratégie des hauts cadres de l’Etat et de la société civile en collaboration avec les organismes nationaux et étrangers compétents.

L’institutionnalisation de l’intelligence économique au Mali en ligne de mire

Il a fait savoir qu’en période de Transition, période d’opportunités et face aux défis multiples et complexes qui assaillent la nation malienne, il est urgent de rebâtir une voie à la recherche de la croissance économique, de la souveraineté, de la compétitivité du tissu socioéconomique malien en quête de paix, de stabilité, d’une meilleure sécurité économique, mais aussi de l’influence à l’échelle régionale et internationale.

En vue de valoriser l’existant, il a proposé d’évoluer vers une institutionnalisation de l’intelligence économique, à travers la création d’une structure faîtière ou coordinatrice (par exemple un Haut commissariat), en charge de l’analyse stratégique et de la prospective.

“Je pense qu’il est temps d’élaborer une politique, mais surtout de la mettre en œuvre à travers une stratégie publique d’intelligence économique au service de la préservation de nos intérêts économiques et de la promotion des entreprises, des unités de transformation et de os industries”, a-t-il préconisé.

Pour ce faire et à titre indicatif, il a suggéré à l’Etat, entre autres, d’identifier les agents et les secteurs économiques vitaux à l’économie nationale, afin de prendre en toute connaissance de cause, les mesures de protection et de promotion de ceux-ci ; d’encourager les entreprises, les unités de transformation, industries, notamment évoluant dans le secteur informel, à évoluer vers une normalisation, voire une formalisation de leurs activités ; d’élaborer la vulgarisation d’une politique assortie de la mise en œuvre d’une stratégie de compétitivité et de concurrence loyales.

Dans le cadre de la Zlecaf, il a suggéré de contribuer à la mise aux normes et booster les transformation de l’économie malienne, en vue d’engranger les dividendes ; de promouvoir la culture du renseignement économique et commercial dans l’économie malienne en général, en vue d’anticiper les changements et évolutions susceptibles d’impacter les secteurs d’activités ; de développer une démarche systématique et systémique d’intelligence collective sur les enjeux économiques et commerciaux ; d’outiller les organismes professionnels en vue de saisir les enjeux de la guerre économique et commerciale et opportunités subséquentes.

                            Siaka DOUMBIA

 

Source: Aujourd’hui-Mali