Sidi Brahim Ould Sidatt, le Secrétaire Général du Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA-CMA) et président en exercice de la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad), a été assassiné, le mardi 13 avril dernier, à Bamako. Il se trouvait devant sa résidence, où il réparait son générateur électrique, lorsqu’il a subi des tirs entre les 6 et 7 Heures du matin. Selon Attaye Ag Mohamed, chargé des questions juridiques de la CMA, les deux Assaillants se trouvaient à bord d’une voiture quand ils l’ont pris pour cible. Blessé, Sidi Brahim Ould Sidatt a été transféré à la Clinique Golden Life. C’est là qu’il finira par succomber à ses blessures. Aujourd’hui de nombreuses questions sont posées sur l’identité des auteurs de ce crime qui suscite  beaucoup de réactions.

Sidi Brahim Ould Sidatt, était l’ancien Maire de la Commune de Ber, dans la Région de Tombouctou, mais  était surtout l’une des grandes figures du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), composé d’Arabes comme lui. Le MAA, établi principalement à Tombouctou, est l’une des composantes de la CMA qu’il a participé à créer.

En plus d’être Secrétaire Général du MAA, Ould Sidatt assurait également la Présidence tournante de la CMA. Reconduit en janvier 2020, à la tête du MAA lors du congrès de Ber, il préside aussi la Délégation de la CMA au Comité de Suivi de l’Accord de paix d’Alger.

On retiendra de lui ses initiales apposées sur l’Accord issu du processus d’Alger, le 20 juin

 Pluie de condamnations

Réagissant à cet assassinat, le Premier Ministre de la Transition, Moctar Ouane, indiquera sur les réseaux sociaux que le crime avait été perpétré par « deux individus armés non identifiés ». Il a exprimé sa « stupeur » devant un tel « acte abominable » perpétré alors qu’il devait le recevoir le jour même pour des discussions sur les réformes à conduire.  « Je condamne fermement cet acte abominable survenu alors que je devais le recevoir ce jour pour des discussions autour du Comité d’orientation stratégique sur les réformes politiques et institutionnelles. Il fut un Acteur important du processus de paix au Mali. Condoléances attristées à sa famille à laquelle j’assure qu’une enquête sera diligentée pour identifier, arrêter et traduire en justice les Auteurs de ce forfait », a déclaré le Chef du Gouvernement, Moctar Ouane.

Dans un communiqué, le Gouvernement malien dit avoir appris avec « stupeur » la mort du Président en exercice de la CMA, à la suite d’une « attaque perpétrée, ce mardi 13 avril 2021, à Bamako, par deux individus armés non identifiés ». Le Gouvernement a condamné cet acte abominable et regretté la perte d’un des Acteurs clés du processus de paix au Mali. Le communiqué précise qu’une enquête sera aussitôt ouverte pour faire la lumière sur les circonstances de cet de ce douloureux acte et identifier les auteurs qui seront arrêtés et traduits en justice.

« À ce stade, on peut que penser que c’est la CMA elle-même qui a été ciblée, à travers sa première personnalité », a déploré Almou Ag Mohamed, porte-parole de la CMA. Aussi, la Coordination des Mouvements de l’Azawad condamne avec la plus forte rigueur cet acte lâche et abominable. Elle regrette profondément la perte d’un de ses leaders, pendant que celui-ci conduisait une mission dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation nationale au Mali issu du Processus d’Alger. Et exige la diligence d’une enquête indépendante et transparente bénéficiant d’un fort engagement des Autorités de la Transition mais également de l’implication des parties prenantes au processus de Paix au Mali, notamment de la médiation internationale à travers la MINUSMA. En outre, la CMA exige du Gouvernement la mise en place d’un dispositif sécuritaire spécial pour la protection de ses cadres évoluant officiellement dans les structures de mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation nationale en son nom à Bamako.

Le Représentant de l’ONU au Mali, Mahamat Saleh Annadif, s’est dit « outré » par l’assassinat de Ould Sidatt. Il « faisait partie de ces Maliens qui croient et œuvrent réellement pour la paix et l’unité du Mali », a-t-il dit. « Au sein des mouvements signataires de l’Accord (de 2015), il était toujours à la recherche du consensus pour rendre le processus de paix au Mali irréversible », a-t-il dit.

Autre réaction, celle du Mouvement des Maliens Tout Court dont Sidi Sidy Brahim Ould Sidatt était membre.

Ainsi, ce mouvement déplore dans un communiqué son assassinat : « notre mouvement vient de perdre un de ses grands membres en la personne de Sidy Brahim Ould Sidatt, qui vient de succomber à ses blessures suite à une attaque devant son domicile. Militant infatigable de la paix, il avait accompagné notre mouvement partout au Mali où besoin a été. Nous tenons à présenter nos condoléances les plus attristées à sa famille, sa communauté et à tous ses amis. Il aura payé de sa vie sa volonté de faire revenir la paix dans son cher pays… », affirme Ibrahima Diawara, Président des Maliens Tout Court

La Médiation internationale a, elle , appris avec « consternation » le meurtre du Président de la CMA. Soulignant que Sidi Brahim Ould Sidatt a été « un acteur important des négociations et de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale ». La Médiation internationale « condamne avec la dernière énergie cet acte lâche commis par les ennemis de la paix au Mali », lit-on encore dans le document. Sa disparition peut représenter un coup dur pour le processus de paix qui a du mal à être accéléré. Aussi, cet assassinat suscite des interrogations non seulement quant à ses motivations, mais aussi, dans une période troublée, quant à ses conséquences éventuelles, notamment sur l’application de l’Accord dit d’Alger. « On ignore si l’assassinat a une motivation politique…  A-t-il été victime de règlement de compte interne au sein des groupes armés ou victime des conflits personnels ?  En tout cas, pour le moment du moins,  les motifs de son assassinat ne sont pas connus.

Mais ce n’est pas la première fois qu’un Chef de groupes armés soit assassiné en plein processus de paix.

En effet, en 1992, Bilal Saloun, figure majeure du Mouvement pour la libération de l’Azawad avait été assassiné dans une localité du Nord.

 Mémé Sanogo

Source: Journal L’Aube- Mali