Demandes, doléances ou revendications, chacun pourra choisir le mot qu’il veut. Mais, nous estimons que l’Etat dans sa volonté de mettre en scelle les légitimités traditionnelles ne devra en aucune manière mettre les charrues avant les bœufs. Si telle est la stratégie, la traction sera impossible et le statu-quo-ante est souhaitable, au risque d’ouvrir la boîte de  pandore.

 

 Dans une déclaration intitulée « déclaration des Chefs traditionnels du Mali », lue par Hamadoun Dicko, ancien ministre malien et non moins porte-parole des Chefs Traditionnels du Mali pour la circonstance, il ressort que le dimanche 30 octobre 2022, sur initiative du Patriarche des Niaré, ils se sont réunis à Bamako. « Réunis à Bamako Niaréla le dimanche 30 Octobre 2022, sur initiative du Patriarche des Niaré, avons très largement échangé sur la situation nationale, la crise sécuritaire, la déchirure du tissu social, les tensions sociales à tous les niveaux, la célébration de la journée nationale des légitimités traditionnelles et notamment du rôle et de la responsabilité des chefferies traditionnelles pour la paix et la cohésion sociale », a indiqué la déclaration. Avant d’ajouter que les Chefs traditionnels ont exprimé leur profonde gratitude et remerciement au colonel Assimi Goita et à toutes les autorités de la Transition pour l’instauration d’une journée nationale dédiée aux légitimités traditionnelles.

Ils ont aussi estimé  qu’aucun peuple ne peut se développer harmonieusement en méprisant ses propres valeurs socio culturelles, sans la paix et l’entente au sein de la société.

Sans le dire, sûrement face à la grande hésitation des autorités maliennes, la déclaration des Chefs traditionnels a tenté de définir ce qu’ils entendent par légitimité traditionnelle. « Entendons par légitimité traditionnelle, le fondateur ou chefs de village, (DOUGOU TIGUI), qui réunit dans son vestibule ou sa tente son imam, son griot, son chef des chasseurs, ses dépositaires coutumiers. Cette légitimité est immémoriale, incontestable, reconnue, acceptée et justifiée », a indiqué la déclaration. Avant de demander « l’abrogation du décret qui a annulé les chefferies traditionnelles sous la première République ».

Les Chefs Traditionnels ont aussi demandé «  la prise en charge du rôle et de la responsabilité des légitimités traditionnelles dans la nouvelle Constitution, et son érection en Haute Autorité Traditionnelle (HAT) ». Mieux, ils ont demandé «  qu’il soit mieux précisé l’ancrage institutionnel des légitimités traditionnelles », comme s’ils voulaient contester leur rattachement actuel au Ministère en charge de la culture.

Aussi, après avoir déclaré qu’ils mesurent «  l’ampleur des défis, des contraintes, et des énormes difficultés liées à la crise multidimensionnelle que vit notre pays depuis des années », ils ont pris « l’engagement de travailler inlassablement à la promotion d’un développement local inclusif, endogène, durable et efficace, dans un esprit de paix, de cohésion sociale, et de complémentarité ». Pour cela, ils ont réaffirmé leur «  adhésion pleine et entière à la forme républicaine de l’état, à l’intégrité du territoire, à la laïcité de l’état, au respect des institutions de la république et des lois de la république ». Avant de lancer « un appel solennel à toutes les forces vives pour travailler de concert dans la recherche de la paix, de la cohésion sociale, de la conscience citoyenne, du vouloir vivre ensemble, qui ont caractérisé notre espace politique, culturel et sociologique et qui doivent servir aujourd’hui de ciment pour la refondation de l’état ».

Assane Koné

Source : Arc en Ciel