L’enlisement du Mali dans la crise postélectorale ne semble plus laisser le choix aux diplomates en fonction au Mali. Cette crise politique agissante, marquée par l’utilisation abusive des forces de l’ordre pour étouffer les contestations, est venue s’ajouter à la crise sécuritaire qui a rendu le nord et le centre du Mali impraticable.

Dans ce contexte de cafouillage inouï, la situation est déjà incertaine, mais avec la certitude que tout peut arriver : des errements à l’aventure. Cette tension qui ne laisse personne indifférent a- t- elle résolu la diplomatie étrangère à prendre certaines initiatives en vue de peser de son poids et de son influence pour renouer le dialogue politique entre pouvoir et opposition, car à la place du dialogue que ferait-on ?

Selon des sources bien informées, le chef de la diplomatie d’un pays ami du Mali a pris langue avec l’opposition d’abord, ensuite la majorité, dans le but sans doute d’arrondir les angles, en vu d’amener les deux parties à se donner la main, à s’entendre pour souffler dans la même trompette, afin que de cette harmonie soit conjuré le mal malien.

Ces rencontres avec le chef de la diplomatie de ce grand pays lié au Mali par l’histoire doivent permettre de régler la question de légitimité des institutions de la République et tourner la page de la crise postélectorale. Le dialogue est en marche, les Maliens doivent se donner la main pour construire au lieu de se poursuivre dans les rues, pendant que des ennemis du Mali s’attaquent à l’unité nationale et la cohésion sociale, comme il est loisible de le constater au nord et au centre du Mali.

Comment ne pas bien accueillir cette ingérence amicale de nos amis dans nos affaires internes, si nous Maliens – le pouvoir en particulier – nous révélons incapables de faire la paix, de faire du Mali un havre de paix. Le constat de cette incapacité de la classe politique à s’unir autour de l’essentiel pour construire le Mali ne crève-t-il pas les yeux ?

Le pouvoir IBK a souvent refusé le dialogue au point de nécessiter ce genre d’intervention. «Je ne négocierai plus avec un groupe armé, … un rebelle ne peut se hisser à mon niveau pour discuter d’égal à égal», avait dit le Président IBK, à l’occasion de l’inauguration du barrage de Félou en décembre 2013, alors que l’accord de Ouaga le lui ordonnait le dialogue. Répondant à l’appel au dialogue de Le Drian, IBK ne se « laisserait pas trimbaler », ne « négocierait pas tant que les groupes du Nord n’auront pas déposé les armes », en plus « les négociations ne se tiendraient nulle part ailleurs qu’au Mali ». On connait la suite, le président de la République s’est rendu à – Canossa – en Alger aux pourparlers inter-maliens dans un rapport de forces totalement défavorable au Mali. Le Mali en fait encore les frais.

Aujourd’hui, au Mali, l’heure n’est plus à la boursouflure de l’égo, mais aux concessions de part et d’autres : pouvoir et opposition doivent saisir l’opportunité du dialogue fructueux pour mettre les compétences au service de la construction nationale. S’unir autour de l’ensemble des questions nationales du pays : crises sécuritaire, sociale, financière et politique, bref, sur la gouvernance.

B. Daou

Info-matin