Afin de se prononcer la situation socio-politique de notre pays, le Conseil national de la société civile (Cnsc) a organisé, le vendredi 12 février dernier, dans la salle de conférence de son tout-nouveau siège, une conférence de presse au cours de laquelle l’organisation exige la recomposition du Conseil national de transition (Cnt) dans l’esprit du Décret portant clé de répartition. Ladite conférence était principalement animée par le président du Cnsc, Bourema Allaye Touré, en présence de plusieurs responsables de l’organisation.

Selon le conférencier, l’évolution de la situation socio-politique nationale devient de plus en plus inquiétante, en dépit des espoirs de changements légitimement nourris par le peuple malien.

A titre de rappel, il dira que le Conseil national de la société civile du Mali a pris plusieurs initiatives et posé de nombreuses actions à travers des déclarations, conseils, médiation à l’endroit de l’ensemble des acteurs maliens dès le début des contestations entre les mouvements d’opposition et la majorité pour éviter l’effondrement de notre pays et maintenir la démocratique acquise au bout de sacrifices humains depuis 1991, ainsi que le renversement du pouvoir de manière non démocratique comme ce fut le cas en 2012, mais hélas ce qui ne devrait pas arrivé est finalement arrivé et a conduit au renversement du pouvoir en place, le 18 août 2020.

A l’entendre, le Conseil national de la Société civile du Mali a suivi et continue de suivre avec un grand intérêt l’évolution de la situation politique que traverse le Mali depuis la désignation du président de Transition, la nomination du Premier ministre, la formation du Gouvernement et les tractations de mise en place du Conseil national de transition.

Selon lui, à chaque étape, son organisation s’est donné le devoir de réserve pour soutenir la Transition au Mali parce que notre pays est dans une situation très fragile et le sursaut d’ensemble attendu n’est toujours pas là. Et d’ajouter que, aujourd’hui, le Conseil national de la société civile du Mali, fidèle à sa mission de veille citoyenne, est dans l’obligation morale de mettre à la disposition de l’opinion nationale, internationale et de prendre le peuple malien a témoin sur son analyse de la situation du pays portant sur les constats ci-après, notamment l’engagement pris par le groupe de militaires, regroupés au sein du Conseil national pour le salut du peuple (Cnsp), le soir du 18 août 2020, pour la mise en place d’une transition concertée avec l’ensemble des citoyens en vue de bâtir une gouvernance démocratique, plurielle et égale pour tous avec l’ensemble des Forces vives du Mali y compris nos concitoyens de la Diaspora, est actuellement très loin des attentes du Peuple ; la gestion de la Transition se passe de façon très opaque à travers l’exclusion tant des acteurs de la société civile dont la mission est le contrôle citoyen de l’action publique et de la classe politique à charge de l’animation du fait démocratique.

A ses dires, cette situation ne profite qu’a une minorité qui dirige de fait la Transition à travers une main mise sur l’ensemble du pouvoir et tous ses leviers, constituant ainsi un frein à l’expression tant de la souveraineté du peuple et ce malgré les appels, orientations multiples, aussi bien de la Cédéao que de toute la Communauté internationale. S’y ajoutent les risques majeurs liés au non-respect des droits et libertés individuelles chèrement acquis.

A cette date, martèle-t-il, il n’existe aucune visibilité sur les fondements d’une Transition qui doit jeter les jalons de la refondation du Mali à travers les réformes constitutionnelles, institutionnelles, l’organisation d’élections transparentes et crédibles et le tout sur la base d’une feuille de route détaillée, assortie d’un chronogramme qui n’est pas disponible après 5 mois.

De sa lecture, cette forme de militarisation de l’Administration publique en général est une source de frustration de la plupart des acteurs étatiques, en témoignent les contestations et grèves des syndicats de l’Administration ainsi que le non-respect par les autorités de la Transition des dispositions de la Charte, les décrets N°2020-0143/PT-RM du 09 novembre 2020 relatif à la répartition des sièges au CNT entre les acteurs visés ci-dessus et N°2020-142/PT-RM du 09 novembre 2020 fixant les modalités de désignation des membres devant composer le CNT par les organ?sations et autres acteurs définis à l’article 13 de la Charte. Ce non-respect met en doute tant la légalité que la légitimité de la représentativité de cet organe issu des concertations entre les Forces vives de la nation.

Par conséquent, le Conseil national de la Société civile demande la recomposition du Conseil national de transition conformément à l’esprit du décret portant clé de répartition des sièges de l’organe.

Pour lui, la création d’un cadre harmonisé avec toutes les forces vives de la nation et la Diaspora pour la refondation nationale à travers des reformes consensuelles pertinentes centrées sur l’Etat, la démocratie et la bonne gouvernance.Ainsi, le président du Conseil national de la société civile  invite le Gouvernement de Transition à se référer aux résolutions et recommandations issues du Dialogue national inclusif (DNI) qui est l’expression du peuple souverain pour la mise en œuvre de la feuille de route de la Transition. “Nous demandons au Gouvernement d’organiser les assises sociales nationales proposées par le Dialogue national inclusif (DNI) en vue de l’adoption d’un pacte de stabilité sociale. Nous estimons que la Transition est une période charnière pour rassembler et apaiser le climat social”, a-t-il noté.

Cependant, il a exprimé son regret de constater des démolitions d’immeubles dans la zone aéroportuaire. Toute chose, selon lui, qui est contraire à la quiétude et à la stabilité sociale. Avant d’en appeler aux autorités de la Transition d’apporter des solutions urgentes de recasement dans les meilleurs délais des nouveaux sinistrés de la zone aéroportuaire. “Le Cnsc déclare solennellement se démarquer des déclarations telles que manifestes et autres appels émanant de personnes physiques qui n’engagent que leurs auteurs. Nous lançons un appel à toutes les Forces vives de la nation à créer une synergie d’action avec le Cnsc du Mali en vue de relever les grands défis auxquels notre pays est confronté. Enfin, le Cnsc du Mali continue d’offrir ses bons offices en vue de pacifier le pays et aboutir à une transition dans les délais prescrits dans la charte”, a-t-il fait savoir.

Boubacar PAÏTAO

Source: Aujourd’hui-Mali