«Lors d’une session de brainstorming en décembre 2019 à l’ambassade du Mali, l’ambassadeur Mahamadou Nimaga a envisagé le lancement de cette collaboration par une carte du nouvel An avec un design en bogolan», a expliqué Mme Catherine Rielly de Rubia dans une note publiée par la représentation diplomatique du Mali dans la capitale fédérale américaine.

 

Et pour le nouvel An 2020, l’ambassadeur Nimaga a envoyé au moins 500 cartes de vœux avec un motif de bogolan de Rubia à son cabinet, aux parlementaires et au corps diplomatique. Ce qui lui a valu les remerciements de Rubia pour cette précieuse collaboration. «Je suis convaincue que nous pourrons aider plus d’artisans maliens avec le soutien de l’ambassade», espère-t-elle.

S’appuyant sur sa décennie d’expérience en Afghanistan après le conflit, Rubia renforce les artisans spécialisés dans le bogolan au Mali avec la double ambition de lutter contre la pauvreté et de préserver le patrimoine culturel. «Actuellement, Rubia vend des écharpes, des teintures murales, des couvre-lits et des jetés fabriqués par des artisans maliens sur les marchés américain et européen. Et elle utilise les bénéfices pour acheter plus de textiles», souligne Mme Catherine Rielly.

Rubia s’est ainsi associée à deux entreprises sociales composées d’artistes féminins et de jeunes : Ndomo Workshop à Ségou et Tanti Bogolan Women’s Association dans la ville de Djenné, dont l’ancien site (Djenné Djeno) et la célèbre mosquée sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1988

«Alors qu’elle prospérait avant la crise économique et sécuritaire au Mali, l’organisation de Tanti Bogolan ne vend qu’à Rubia. Pour les femmes et les jeunes avec qui nous collaborons, travailler avec Rubia a été l’occasion d’améliorer leurs revenus», précise Mme Rielly.

Elle lie le choix de Ségou et de Djenné à «l’instabilité politique qui menace les moyens de subsistance traditionnels, exacerbant la pauvreté et la malnutrition». Connue pour sa célèbre et mythique mosquée (le plus grand édifice du monde en adobe, c’est-à-dire en terre crue ou banco) avec son trio de minarets, Djenné a longtemps été une destination touristique très prisée (jusqu’en 2013) avant que les avertissements d’enlèvement et de terrorisme n’effraient les étrangers.

 

Une bouée de sauvetage- La crise sécuritaire a durement touché Djenné et les artisans spécialisés en bogolan et qui avaient l’habitude de vendre leurs produits textiles aux touristes peinent naturellement à survivre. C’est pourquoi ce programme de Rubia, soutenu par l’ambassade du Mali à Washington, y est perçu comme une véritable bouée de sauvetage.

L’ONG Rubia doit son nom à la racine de garance rouge utilisée pour teindre les fils utilisés par les brodeuses en Afghanistan. Rubia a commencé en 2000 à Lahore, au Pakistan, lorsque Ghulam Sakhi Rustamkhan (décédée le 14 juillet 2011) a demandé à Rachel Lehr, artiste et ethnolinguiste vivant dans le New Hampshire, d’aider sa famille appauvrie qui avait fuit l’Afghanistan pour échapper aux Talibans.

«Lorsque Ghulam Sakhi Rustamkhan m’a contacté en 2000, il était un réfugié à Lahore (Pakistan) et cherchait désespérément un moyen d’améliorer la vie de sa famille immédiate et élargie. Sakhi et moi avions étudié ensemble à Douchanbé, au Tadjikistan, au début des années 80. Mais, nous nous étions perdus de vue au fil du temps. Lorsqu’il m’a approché, plusieurs années plus tard, sa famille vivait dans des conditions épouvantables dans les bidonvilles de Lahore avec d’autres réfugiés afghans de leur région d’origine», témoigne Rachel Lehr en mettant en exergue le rôle joué par Sakhi dans la fondation de Rubia.

Rachel a répondu à cette requête par la création d’une entreprise où les femmes et les adolescentes liées par la tradition du purdah (ségrégation sociale) pourraient travailler à la maison à travers l’artisanat afghan de broderie séculaire. C’est ainsi qu’a débuté la collaboration de Rubia avec des femmes du monde entier. Et cela depuis plus de deux décennies.

«Avec Catherine Rielly, nous sommes engagés pour la promotion de la culture malienne aux USA à travers le bogolan. Merci à Rubia pour ce précieux partenariat», souligne Mahamadou Nimaga, l’ambassadeur du Mali à Washington. Et de préciser, «c’est l’année dernière (2019), au cours d’une conférence à Harvard (Boston), que j’ai fait la connaissance de Mme Catherine Rielly, une grande amie du Mali.

Elle a décidé d’aider les femmes de la ville de Djenné, organisées en association autour du bogolan. Depuis, Catherine a décidé de faire du Mali et de la promotion de son bogolan aux USA son credo. Notre partenariat pour 2020 ira au-delà du bogolan en intégrant la culture et l’artisanat maliens».

Un précieux partenariat donc en gestation pour booster la culture et l’artisanat du Mali dans le monde, notamment aux états-Unis.

Source : L’Essor