Diéma, 18 novembre (AMAP) Le hanneton ! Je ne connais pas. Telle pourrait être la réponsedes enfants d’aujourd’hui, dans les villes comme dans les campagnes du Mali.

Le hanneton est un insecte aux couleurs parfois variées, avec des antennes courtes frangées à leur extrémité. La larve du hanneton est différente  de l’adulte et ne mange pas la même chose. Lorsqu’il est sous forme de larve, il s’attaque aux racines des plantes. Au stade adulte, il se nourrit de jeunes feuilles et de  bourgeons.  Le cycle de vie du hanneton à l’état larvaire se prolonge pendant trois ans. C’est au cours des périodes hivernales et deux mues successives que la femelle s’enfonce dans le sol pour pondre des œufs. Une fois devenu adulte, le hanneton a une durée de vie qui ne dépasse guère un mois.

Depuis une vingtaine d’années, cet insecte, si  convoité par les enfants d’une autre époque, est tombé dans les oubliettes. Aucun enfant ne lui accorde encore de l’importance, à supposer qu’il sache de quoi il s’agit. Or à l’époque, les enfants les attrapaient, quotidiennement, au vol, sur les plantes, les arbres, partout où ils étaient reclus. Ces petits êtres volatiles constituaient pour les garnements de véritables trésors. Certains petits malins en tiraient profit, financièrement parlant. Ils partaient chercher  les hannetons les plus beaux, les plus merveilleux, de part leurs couleurs et leur gabarit. Ils les vendaient à leurs petits camarades. Ce qu’a fait Solo qui en a tiré des bénéfices appréciables…

Il pratiquait une sorte d’embouche avec sa colonie de hannetons. Il mettait un peu de coton dans des boîtes d’allumette vides,  plaçait dans chacune, une femelle, refermait et, au bout de deux jours, elles pondaient des œufs. Solo vendait les hannetons  avec leurs œufs, et ne manquait jamais de casse-croutes pour l’école. D’autres préféraient  griller leurs moissons et les croquer, simultanément, comme des noix de kola. Devant ce récit, les enfants d’aujourd’hui feraient, certainement, un beurk !!! de dégoût.

Madoua, rentré du Maouloud, en était friand. Aujourd’hui, il n’ose plus porter à la bouche  la chair du hanneton. Il explique que lui, Madoua, pouvait bouffer par jour une dizaine de hannetons grillés, trempés dans d’huile. « L’enfance est une maladie ! », s’exclame-t-il, en faisant un mouvement, de gauche à droite, de la tête.

Le hanneton était utilisé également comme cerf-volant. On attachait un fil solide à une de ses pattes et on le laissait voler comme un hélicoptère. « Le spectacle était  passionnant », déclare ce sexagénaire, quelque peu nostalgique.

Kantara, ce natif de Béma, se souvient du conseil que lui a prodigué son père. « Mon vieux me disait, rapporte-t-il,  le jour où tu vois deux hannetons s’accoupler, n’essaie pas de les déranger, car s’ils se  séparent par ta faute, tu seras frappé de stérilité ». Samba s’indigne. « S’il est vrai que les hannetons sont nuisibles, qu’ils contribuent  à la destruction du couvert végétal, pourquoi ne pas les traquer comme on le fait avec certains nuisibles ? », s ;’interroge-t-il.

«Les hannetons ne sortent pas en grand nombre. Ils n’ont pas les mêmes comportements que les déprédateurs », renchérit le compagnon de Samba, qui semblait impatient.  Sagaïré,  le Maure, déclare que pour voir  les hannetons, actuellement, il faut dépasser de parcourir plusieurs kilomètres, après les habitations de la ville. « Ils se sont éloignés, poursuit-il, à cause  des pieds de neems, qui envahissent nos villes et villages et qu’ils détestent’, estime-t-il.

OB/MD (AMAP)