La tension ne baisse pas sur le front social. Après l’Untm, dont le second débrayage a pu être évité de justesse, ce sont le syndicat national de l’éducation de base (Sneb) et la section nationale des mines et industries (Secnami) qui ont déclenché des grèves à travers le pays. Le gouvernement n’a pas pu, faute d’arguments (mauvaise volonté ?), atténuer la colère de ces syndicats qui ont finalement observé un arrêt de travail, cette semaine. Ils invoquent le manque de propositions concrètes de la part du gouvernement par rapport aux différentes doléances.

 Jacqueline Togola ministre éducation base

Le régime actuel serait, aux yeux des syndicalistes, le plus mauvais partenaire qu’est connu le monde syndical au Mali. Conséquence : les menaces de grève, qui fusent de toute part, sont mises en exécution sans que nos gouvernants aient trouvé le discours approprié pouvant atténuer ces ardeurs. Ainsi, le Secnami et le Sneb, qui avaient des préavis de grève sur la table du gouvernement depuis plusieurs jours, sont passés à la vitesse supérieure. Les miniers ont donné le ton, en observant une grève, les 3 et 4 novembre derniers. Puis les enseignants leurs ont emboité le pas en entamant, le 5 novembre, une grève de 72 heures.

Au Secnami, l’on parle de « réussite totale ». En effet, le secrétaire général de ce syndicat, Zoumana Ouattara a affirmé que « tous les membres ont respecté le mot d’ordre ». Pour le moment, impossible de connaitre les actions futures. Cependant les propos tenus au sein du syndicat laissent croire que les miniers restent déterminer à poursuivre le combat jusqu’à la satisfaction de leurs doléances. Lesquelles, faut-il le rappeler, sont relatives à l’élaboration et l’adoption des plans sociaux en cas de licenciement pour motif économique et fermeture dans les secteurs des mines et de l’industrie, de l’administration minière et pétrolière ; à la reprise immédiate des activités d’exploitations minières à Wassoul-Or ; et à la poursuite et la relance des activités d’exploration et de recherche pétrolière à l’AUREP, entre autres.

Quant au Sneb, la décision d’aller en grève a été prise dans la nuit du lundi 3 novembre après plusieurs heures de négociations avec les autorités. Les doléances du syndicat ont pour noms : la relecture de l’arrêté 3282 du 11 août 2011 portant sur la mobilité et les congés de formation ; l’arrêt des cotisations au titre de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) et le remboursement immédiat des sommes déjà prélevées sur les salaires de ses militants ; la finalisation immédiate du processus d’intégration de la session de 2010 (Etat et Collectivités) ; la levée de suspension de certains enseignants (qui exercent dans le nord du Mali) et l’avancement et la titularisation pour d’autres.

« Sur aucun des points évoqués, un accord définitif n’a été trouvé », selon le secrétaire général du Sneb, Amadou Coulibaly. Cependant, il précise qu’un accord partiel a été trouvé concernant le processus de finalisation des intégrations et la relecture de l’arrêté n°3282. A cet égard, le gouvernement se serait engagé à mettre en place une commission d’ici à fin février 2015 pour un examen approfondi de l’arrêt en question. Contrairement à ces deux points, le désaccord entre le gouvernement et le syndicat est total quant aux questions d’avancement et de titularisation des enseignants répondant aux matricules CT6, CT7 et CT9 ; et par rapport à la levée de suspension pour les enseignants qui avaient abandonné leur poste au nord pour raison d’insécurité. Aussi, le désaccord est total concernant l’arrêt des cotisations au titre de l’AMO.

Voilà qui justifie, le débrayage de ces enseignants qui triment au moment où nos dirigeants baignent dans l’opulence. Leur train de vie ostentatoire a fini de convaincre les travailleurs que le Mali dispose de quoi améliorer les conditions de vie et de travail.

Issa B Dembélé

SOURCE: L’Aube  du   7 nov 2014.