L’explosion numérique, auquel le monde fait face, est une belle opportunité pour le système éducatif malien, qui souffre de maints maux. Mais pour l’introduction du numérique dans l’éducation, des préalables doivent être observés.

 

Dans un système éducatif paralysé par des grèves intempestives des enseignants ou des élèves et étudiants, le manque d’infrastructures adaptées, le manque de bibliothèques scolaires ou d’outils pédagogiques nécessaires, l’insécurité, le recours au numérique s’offre comme une chance à saisir.

Dans maintes écoles publiques maliennes, on compte plus de 100 élèves dans une seule classe. Cet effectif pléthorique est impossible à gérer efficacement par un seul enseignant. Depuis la crise sécuritaire de 2012, le nombre d’écoles fermées ne fait qu’augmenter d’année en année. Face à de telles situations, l’introduction du numérique dans le système éducatif ne peut permettre qu’à combler ces déficits tout en gagnant en énergie, en argent et en temps.

Selon Brema Ely Dicko, professeur de sociologie au Mali, « Le numérique est une belle opportunité pour le système éducatif parce qu’il existe des millions de ressources libres (articles, vidéos, sons, …) sur internet ». Ce docteur en sociologie ne fait aucun doute que le numérique puisse permettre de résoudre la question des infrastructures scolaire au Mali.  « En cas de grève, les apprenants pourront accéder aux cours sur internet », a-t-il expliqué.

Aujourd’hui, au Mali, avec un taux de pénétration du téléphone mobile au-delà des 100% depuis 2012, selon le livre de Cheick Oumar Sagara, « Étude de la confiance dans les transactions « M-Banking » en Afrique : Le cas ‘’Orange Money’’ au Mali », le Smartphone peut être utilisé comme outil d’enseignement en l’employant pour « diffuser des contenus éducatifs ».

Depuis 2019, le censeur du lycée privé Bafily Traoré de Bamako, Aboubacar Koné, initie un projet d’éducation numérique ayant pour but de permettre aux élèves, aux parents d’élèves ainsi qu’aux professeurs et l’administration scolaire de rester permanemment en contact dans le cadre de l’instruction des enfants. Un outil susceptible de permettre aux apprenants d’être plus autonomes des enseignants dans le cadre de leur apprentissage. Selon le promoteur de cet outil, il s’agit d’une « technologie intelligente, novatrice et ludique au service de l’éducation accessible via une tablette ou un smartphone connecté partout et à tout moment. Elle permet d’éveiller la curiosité et l’appétit intellectuel des élèves stigmatisés, stressés par la crise. »

Faut-il que ces genres d’initiatives viennent et restent uniquement au niveau des écoles privées ? Cette numérisation des écoles doit se généraliser au Mali, à tous les niveaux, notamment dans les zones de crises où le nombre d’écoles fermées est chaque année en dégringolade.

Selon Ousmane Traoré, blogueur malien, « Avec la toile, bien des tares de notre système éducatif trouveront un remède. En mettant en ligne des plateformes d’apprentissage et des bibliothèques tout en initiant tôt les élèves à l’utilisation de l’outil informatique, grâce notamment au MOOC, des cours en ligne, gratuits et accessibles à tous. »

Le coup de cette introduction du numérique dans l’éducation peut s’avérer colossal surtout pour un « pays en guerre », mais pas plus que les détournements de fonds que font des fonctionnaires durant ces mêmes périodes. Ce qu’il faudrait peut-être souligner, c’est de faire accompagner cette introduction par des mesures de veille afin d’éviter toute dérive en la matière. La loi sur la cybercriminalité doit, à ce titre, être insérée dans les programmes d’éducation.

TOGOLA

Source : LE PAYS