Face à la recrudescence de la violence dans le milieu universitaire, le gouvernement de transition a décidé de sévir. Estimant que la source de ces violences est liée à la gestion d’œuvres universitaires, les autorités de transition décident de retirer cette gestion du syndicat estudiantin. Une décision qui ne serait pas appréciée. 

La gestion des parkings, gargotes et kiosques, bref de toutes les œuvres universitaires dans lesquelles les membres de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) pouvaient se faire des profits lui sera retirée pour les confier au Centre national des œuvres universitaires (CENOU) et aux établissements d’enseignement supérieur, avant la fin de l’année 2020. Une manière pour le gouvernement de transition de venir à bout de la violence dans l’espace scolaire et universitaire. Puisque le constat est que « les étudiants s’entretuent pour le contrôle d’une manne financière qu’ils tirent de la gestion de certaines œuvres universitaires ».

Des perceptions diverses 

Selon une de nos sources au Centre national des œuvres universitaires, cette mesure parviendra à mieux apaiser cet espace devenu « criminogène » depuis quelques annéesElle estime d’ailleurs qu’avec l’application de ces mesures, les autorités de transition auront réussi à moraliser ce syndicat estudiantin. L’origine du conflit étant contrôlée, nous ne pouvons espérer que sur la paix, espère-t-elle.

Bien que l’initiative soit salutaire, ne faut-il pas craindre des réactions du côté de l’AEEM ? Les membres de cette association accepteront-ils de sortir les bras ballants ? Nous avons tenté de joindre le coordinateur national de ce syndicat estudiantin, Moussa Niangaly. Mais en vain. Néanmoins, nous savons que le vendredi dernier, lors de la réunion de présentation de la Feuille de route et de son plan d’action, il avait claqué la porte avant la fin des activités. Une situation qui n’annonce pas un lendemain meilleur quant à l’application de cette feuille de route pour la mise en œuvre des recommandations du Forum national sur la violence en milieu universitaire.

Que l’État s’assume !

Certes, il pourrait y avoir des réactions de la part de l’AEEM, mais il faudrait que l’État soit fort et s’assume pour appliquer réellement cette décision, sinon ce sera fini pour l’école malienne, avertit Dr Seydou Loua, enseignant-chercheur à l’Université des Lettres et des Sciences humaines de Bamako. Selon lui, cette mesure est certainement la dernière stratégie, qui avait d’ailleurs été proposée depuis longtemps par lui et certains de ses collègues, pour l’apaisement de cet espace.

En octobre 2020, dans une interview accordée à phileingora.org, le coordinateur national de l’AEEM lançait également cet appel aux autorités maliennes : « Nous demandons beaucoup l’accompagnement du gouvernement pour sécuriser le milieu universitaire. Ça fait plus de deux ans que nous avons fait cette demande auprès du gouvernement malien. Pourtant, tant qu’on n’aide pas le bureau de coordination à sécuriser ce milieu, ce sera très difficile d’y arriver ». Aujourd’hui, disons que le gouvernement de transition a entendu et répondu à l’appel. En effet, depuis au début de son mandat, Amadou Kéïta, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, n’avait-il pas laissé entendre : « La pacification de l’espace universitaire me tient beaucoup à cœur » ?

Notons que depuis l’adoption de cette feuille de route en 2018 et la Charte sur le vivre-ensemble dans les institutions d’enseignements supérieurs et les campus sociaux, en 2019, la violence continue d’être une réalité qui gangrène le milieu universitaire au Mali.

Rappelons que cette Feuille de route prévoit plusieurs autres mesures visant la sécurité des étudiants, du personnel enseignant et administratif.

Cet article a été publié initialement sur phileingora.org 

Fousseni Togola

Source: Le Pays- Mali