Aucun citoyen ne doit être privé d’un droit civique en raison de son état physique. Cela n’est, sans doute, pas le cas dans notre pays où peu de dispositions sont pas prises en faveur des personnes en situation de handicap pour favoriser leur participation aux opérations électorales.

 

Participer aux compétitions électorales en tant que candidat, exprimer ses choix dans les urnes le jour du vote – toutes choses qui peuvent sembler faciles pour certains – représentent de réelles difficultés pour d’autres citoyens maliens qui ne jouissent pas pleinement de leurs aptitudes physiques. De sorte que, malheureusement, des Maliens se trouvent empêchés, bien qu’ils bénéficient de tous les droits pour ce faire, de participer aux opérations de vote.

Alors bien que des dispositions spécifiques peuvent être mises en places à l’endroit de cette couche pour éviter qu’elle ne se sente marginalisée.

« Cela peut faire mal »

Mamadou Mallé, secrétaire général d’une association de personnes handicapées physiques, DEMESO, en commune VI du district de Bamako, dit se faire énormément de soucis quant à sa candidature aux élections municipale et législatives dans sa circonscription électorale : « Au sein de ma formation politique, je constate qu’on me met de côté. C’est comme cela qu’on traite les personnes en situation de handicap, alors qu’on dispose de tous les atouts intellectuel, moral et politique pour nous faire valoir dans ce pays ».

Tout comme M. Mallé, Abdoulaye Sangaré confie avoir vécu la même expérience quand il a voulu se faire élire comme candidat dans son parti pour les élections législatives de 2018 : « On m’a fait comprendre que je ne serai pas soutenu dans mon parti, à cause de mon seul état physique. Tu n’imagines pas à quel point cela peut faire mal. »

« Dépendant des autres »

Mamadou Traoré est non-voyant. Lors des élections de 2013, il a pu voter en se faisant assister par un ami à lui. Mais en 2018, il n’a pu voter, parce que personne d’autre dans sa famille n’a voulu voter : « Dépendant des autres, ne serait-ce que pour pouvoir m’accompagner au centre de vote, je n’ai pas pu exprimer mon choix dans les urnes », se désole-t-il.

Siratigui Koné dit, pour sa part que pour ne pas être un poids ou maltraité par les autres, il ne se présente pas à son centre de vote ni ne cherche à retirer sa carte d’électeur : « En chaise roulante, comment pouvoir monter l’estrade et accéder à mon bureau de vote ! Il faut que je me fasse aider par des personnes dans ces lieux qui ne sont pas forcément disposées à le faire. »

Prendre des dispositions

On peut être heureux aujourd’hui de constater la présence de personnes handicapées au sein du Conseil national de transition (CNT), par esprit de représentativité. De cette même manière, on pourrait prendre des dispositions législatives pour accorder un quota aux personnes handicapées au sein des bureaux des formations politiques ou dans la constitution des listes de candidature pour les élections municipales et législatives tout en veillant sur les critères de compétence, de probité ou de capacité financière.

Pendant les opérations de vote, on pourrait aussi ou non organiser des élections anticipées pour les personnes handicapées. Mais que l’État veille spécialement à engager des agents chargés d’assister les citoyens dans cette situation dans les centres de vote en vue de faciliter l’accomplissement de leur devoir civique.

L’État doit assurer à tous les citoyens maliens la pleine participation aux opérations de vote. Les citoyens maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs aux termes de notre Constitution. Un principe constitutionnel à garantir à tout prix !

Source : Benbere