Le lundi 15 avril dernier, la 2e salle d’audience de la Cour d’assises a servi de cadre pour le jugement des accusés, Hawa Sy, Adama Camara et Boubacar B Cissé, poursuivis pour coups mortels, complicité et refus d’assistance à personne en péril. Ils ont été acquittés faute de preuve.

Il résulte de  l’arrêt de renvoi que c’est à l’aube du dimanche 29 mai 2011 que les cris stridents de la demoiselle Hawa Sy, appelant au voleur et au secours, ont alerté les voisins du quartier qui sont précipitamment sortis pour poursuivre le suspect, Alassane Libo Diarra, qui venait juste de déposer la demoiselle Hawa Sy devant son domicile, après avoir passé du bon temps avec elle au cours de la soirée. Alassane a été lynchée par ses poursuivants, à savoir Adama Camara et Aboubacar B Cissé, tous deux identifiés par la demoiselle Fatoumata Bah comme ayant participé au lynchage.
Après plusieurs heures de débats contradictoires à la barre, au cours duquel les accusés ont niés les chefs d’accusations, il faudra attendre le moment des plaidoyers pour se rendre compte de la grandeur et la complexité de cette affaire.
Dans son plaidoyer, le conseil de la partie civile s’est dit très ravi et fier de la justice de son pays pour son implication afin que la vérité, dans cette affaire, puisse être connue au bonheur des justiciables. Toujours au cours de son plaidoyer, il dira que n’eut été l’implication et la rigueur du juge d’instruction dans cette affaire criminelle, l’action allait être éteinte depuis la police, à cause des  coups de fil pour influencer les policiers. Pour finir, il dira qu’il n’est pas devant la Cour pour demander des millions dans cette affaire, mais simplement demander le franc symbolique et surtout mettre hors d’état de nuire les malfrats.
Quant au substitut Sam, représentant le ministère public, la justice doit rompre le silence face à de telles affaires qui deviennent de plus en plus fréquentes dans notre pays et cela doit s’arrêter. Il poursuivra en ces termes : «Les accusés à la barre ont tous nié les chefs d’accusation contre eux, alors que cela ne peut qu’aggraver la situation. Je plaide alors qu’il vous plaise de maintenir dans les liens de culpabilité, tous les accusés et de les sanctionner sévèrement pour que de telles pratiques soient bannies à jamais sur notre territoire».
Cette approche du ministère public n’a été  nullement partagé par les conseils de la défense car selon eux, rien n’est fondé et établi contre les accusés à la barre. Pour le conseil d’Aboubacar Cissé, son client, depuis les enquêtes préliminaires jusque devant le magistrat instructeur et au finish devant la Cour, a toujours soutenu qu’il est innocent et n’a jamais porté de coups mortels à la personne d’Alassane Libo Diarra.
Pour finir, il demande à la Cour d’acquitter son client et que si par miracle, son client doit être maintenu dans les liens de la culpabilité, il souhaite que la Cour prenne en compte la situation scolaire de son client qui a perdu deux ans de scolarité.
Il faut noter que le même plaidoyer a été suivi par les autres avocats de la défense pour demander l’acquittement de leurs clients.
Après les débats contradictoires à la barre, la Cour après avoir délibéré conformément à la loi, a déclaré les accusés non coupables des faits qui leurs sont reprochés. Il faut noter que l’assistance de cette audience a été momentanément effrayée par une crise que l’accusé Adama Camara a piquée, après avoir été déclaré non coupable par la Cour. Mais la peur n’a été que de courte durée car le sieur Adama Camara s’est vite remis après avoir reçu beaucoup d’eau fraiche sur la tête.
Seydou Oumar N’DIAYE    

Commission d’office des avocats :
Les avocats ne sont pas avisés à temps

Le phénomène risque d’être une habitude lors des sessions ordinaires de la Cour d’Assises. Il s’agit de la commission d’office des avocats pour les accusés au cours des sessions des assises.
Il se trouve que les doléances posées par le président de l’ordre des avocats ne sont pas prises en compte par la commission d’organisation des sessions ordinaires de la Cour d’assises. En effet, depuis 2011, le bâtonnier, Me Issiaka Konaté, n’a cessé de demander à la Commission d’organisation de fournir à temps les dossiers aux avocats commis d’office pour qu’ils puissent entrer en contact avec leurs clients.
La question qui taraude aujourd’hui les esprits est de savoir si la bonne marche de la justice pourrait s’accommoder de tels actes? En tout cas, le Procureur général est plus que jamais interpelé afin de mettre fin à de telles pratiques.