Yogoro Koné, né vers  1931 à Dogodogo, cercle de Tominian, est le père de Tankélé dit Zoura, né vers 1972 et de Hyppolite Koné, né vers 1993. Tous inculpés de coups mortels, faits prévus et punis par l’article 202 du code pénal. Ils ont comparu le vendredi 27 novembre 2020 à la barre de la Cour d’assises de Bamako où les deux frères ont été condamnés à 10 ans d’emp

Il résulte de l’information les faits suivants : Le 21 février 2016 à Dogodogo, cercle de Tominian, Joseph Koné décide de se rendre au champ, objet de litige qui l’oppose à Yogoro Koné. Sur place, il trouve les enfants de Yogoro Koné, notamment Tankélé dit Zoura Koné et Hyppolite Koné qui y travaillent. Soudain, ces individus, non contents de la présence de Joseph Koné dans ledit champ, affichent leur désapprobation suivie d’une vive discussion. Leur père, informé, leur ordonne de l’en dissuader.

Forts de ces consignes, Hyppolite Koné pourchasse Joseph Koné et le frappe violemment à l’aide d’un coupe-coupe qu’il déclare avoir récupéré sur vis-à-vis avant de le lui retourner plusieurs fois. Dans cette furie, Tankélé rentre dans la danse en rouant Joseph Koné de coups de pioche, permettant du coup à Hyppolite de l’achever. La victime s’écroule. Il est ensuite secouru par ses parents qui informent le chef de village, avant de le transporter au centre de santé de référence de Tominian. Il est finalement évacué sur l’hôpital de Sévaré où il rend l’âme.

Yogoro Koné nie les faits, alors que Tankélé dit Zoura Koné, présent sur les lieux au moment des faits, reconnaît avoir participé aux faits incriminés à l’enquête préliminaire, avant de se rebiffer devant le magistrat instructeur. En revanche, Hyppolite Koné qui a pris la poudre d’escampette après avoir commis le forfait et qui est par la suite interpellé à Bamako à la faveur d’un mandat d’arrêt exécuté par le procureur de la République près du tribunal de grande instance de la commune V, reconnait les fait.

Il n’apparait pas que Yogoro Koné ait pris part physiquement aux faits incriminés. Cependant, sa complicité est prouvée par sa présence dans un champ, non loin des protagonistes et il reconnait, lui-même, avoir instruit à ses enfants de dissuader Joseph Koné de ses désirs d’appropriation manifestés par cette présence imprévue.

Cette attitude de les laisser faire après avoir donné l’ordre, prouve à suffisance sa complicité. Cela est d’autant plus plausible que, s’il ne voulait pas de mal à Joseph, il se serait interposé, son emprise de père aidant à leur interdisant et les dissuader d’un éventuel conflit sanglant.

Hyppolite Koné, quant à lui, a reconnaît les faits de coups mortels à lui reprochés tant à l’enquête préliminaire que devant le magistrat instructeur, alors que Tankélé dit Zoura Koné nie tout. Ce dernier, pour s’innocenter, argue tantôt la réciprocité des coups portés à Hyppolite tantôt la légitime défense dans une lutte acharnée pendant laquelle ils étaient au nombre de deux face à Joseph Koné. Mais la Cour se rend comprend que ces contrevérités sont des tentatives de se soustraire à l’action de la loi pénale et elles ne peuvent prospérer au regard de la constance des faits.

Pourtant Tankélé, reconnait avoir pourchassé leur victime, malgré l’interposition de leur frère Issa Koné. En plus, Hyppolite déclare avoir neutralisé Joseph Koné en sectionnant ses deux avant-bras lors de l’altercation en lui retournant plusieurs fois le coupe-coupe.

Par ailleurs, ils reconnaissent l’avoir pourchassé avant de venir à bout de ses tentatives de fuite. Toutes choses attestant des preuves d’indices confortant les charges contre eux. En tout état de cause, il apparait que les faits ci-dessus spécifiés sont constants à l’encontre des inculpés Hyppolite Koné et Tankélé dit Zoura Koné et peuvent donner lieu à l’application des peines criminelles, en vertu des dispositions de l’article 202 du code pénal.

C’est ainsi que la Cour, dans sa délibération, a déclaré les deux frères Tankélé dit Zoura Koné et Hyppolite Koné à 10 ans d’emprisonnement ferme et leur père Yogoro Koné à 5 ans avec sursis.

Notons que Yogoro Koné, âgé d’environ 90 ans, était en détention depuis 4 ans. Pour dire que la justice ne connait pas d’âge. Le vieux Yogoro ne peut rien faire tout seul, même se tenir debout, à cause de sa vieillesse et de son état de santé. Malgré cela, il a été détenu, jugé et condamné conformément à la loi.

                                                            Marie DEMBELE

Source: Aujourd’hui-Mali