Il avait été à l’origine de grandes manifestations qui avaient déstabilisé le pouvoir au Mali. Six mois après le coup d’État d’août 2020, le Mouvement du 5 juin a décidé de remobiliser ses partisans, cette fois-ci, contre les putschistes.

Le vent a tourné sur la scène politique malienne. Hier, ils étaient de facto alliés contre Ibrahim Boubacar Keita (IBK), l’ex-président renversé le 18 août 2020. Aujourd’hui, le Mouvement du 5 juin (M5-RFP) tient pour responsable les putschistes, qu’il accuse de mettre à mal la transition. Le mouvement a tenu son premier meeting à Bamako ce dimanche 21 février avec un dispositif sécuritaire maximal, rapporte le Journal du Mali.

Dans la salle, les leaders du M5-RFP n’ont pas mâché leurs mots. C’est “la pire transition de l’histoire du Mali”, clame l’un d’entre eux, tandis que les accusations fusent contre les militaires au pouvoir. Ils sont suspectés de perpétuer les mêmes pratiques et objectifs que l’ancien régime déchu. Le M5-RFP a également exigé la dissolution du Conseil national de la transition (CNT), qu’il juge illégal.

Alors que le mouvement s’était montré prêt à accompagner les militaires dans la période de transition il y a quelques mois, il est désormais vent debout contre les putschistes :

Le M5-RFP dit NON à la marche d’une transition sans boussole ni repère, ne sachant où aller ni que faire et prône la tenue [d’un scrutin] sans délai.”
Le mouvement fait peau neuve

Outre ces accusations, le M5-RFP, “après un silence de mort”, parie aussi sur un coup de communication, rapporte le journal malien Les Échos. L’enjeu est bien d’apparaître comme une alternative crédible et capable de faire le poids sur l’échiquier politique malien. La tâche n’est pas simple. Par le passé, le mouvement est apparu plus divisé que jamais. Pour cause, le choix maintenant décrié du militaire Bah N’Daw pour tenir les rênes de la transition n’était pas rejeté par tous en septembre 2020, lors de son investiture.

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C’est donc une nouvelle version du M5-RFP qui cherche à convaincre les indécis. D’ores et déjà elle a “enregistré l’adhésion de plusieurs associations et mouvements”, précise le Financial Afrik. Parmi eux, des adeptes de l’ex-président IBK ou des déçus du très influent imam Mahmoud Dicko.

Déjà en proie à une menace terroriste incessante, c’est dans un contexte particulièrement tendu et un paysage politique clivé que des élections devront être organisées dans le pays, et le pouvoir rendu aux civils.
Pauline Le Troquier

Source: courrierinternational.com