L’ONU a annoncé, mercredi 5 août, avoir fermé deux importants camps au Niger abritant des milliers de réfugiés maliens qui vont désormais vivre au sein de la population de la région de Tillabéri (ouest), proche du Mali et théâtre d’attaques djihadistes. «La fermeture des camps est une idée conjointe» du Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) et du gouvernement nigérien «qui a été accélérée l’an dernier avec la détérioration de la situation sécuritaire», a indiqué à l’AFP Benoît Moreno, un responsable du HCR à Niamey.

Pour «le gouvernement nigérien, les camps ne sont pas une solution dans la mesure où il y a des services (publics de base) parallèles et ça isole les gens», a-t-il expliqué. Les camps de réfugiés fermés sont Tabarey Barey et Mangaizé dans l’ouest du Niger, où vivaient 15.000 Maliens ayant fui les violences dans leur pays depuis 2012.

Les pensionnaires ont été déjà transférés dans les villes d’Ayorou et Ouallam (ouest), selon lui. Benoît Moreno assure que le HCR va s’atteler «à accompagner les réfugiés» afin qu«ils puissent «s’intégrer (à la population locale) en attendant de pouvoir repartir au Mali». «Le camp de Tabarey Barey et celui de Mangaizé ont déjà été abandonnés et leurs infrastructures ont été officiellement remises au gouvernement du Niger par le HCR», a affirmé à la radio publique un responsable du ministère de l’Intérieur.

Les camps soupçonnés d’abriter des terroristes

Des maisons seront construites pour les réfugiés et des habitants «vulnérables» de la région en vue de «faciliter l’intégration», a-t-il dit. Ce transfèrement «a un double avantage: il met les réfugiés à l’abri des attaques terroristes et la population bénéficiera des services sociaux», santé, éducation, alimentation, fournis par l’ONU, a confié à l’AFP un élu local.

Les autorités nigériennes soupçonnent par ailleurs ces camps d’abriter «des terroristes ou leurs complices». L’ouest du Niger est le théâtre d’attaques fréquentes de groupes djihadistes, notamment de l’État Islamique au Grand Sahara (EIGS).

Entre 2014 et 2016, Tabarey Barey et Mangaizé ont subi des attaques djihadistes qui ont fait une dizaine de morts parmi les réfugiés et les membres des forces nigériennes qui assuraient leur sécurité. Selon l’ONU, le Niger abrite près de 60.000 réfugiés maliens qui avaient fui le nord du Mali tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes. Le Niger doit aussi faire face aux attaques dans l’Est des djihadistes de la nébuleuse Boko Haram.

Le Figaro