La Commission vérité, justice et réconciliation organisait, samedi 18 septembre, sa quatrième audience publique. Les victimes venant de tout le pays, mais majoritairement du nord et du centre, les zones les plus touchées par les conflits, ont livré leurs témoignages sur les violences qu’elles ont subies.

Alhousseyni Diaby prend place sur la scène du centre international de conférence de Bamako samedi 18 septembre. À ses côtés, un psychologue. Face à lui, cinq spécialistes l’invitent à prendre la parole. D’une voix puissante, il décrit le jour où son frère jumeau s’est fait assassiner sous ses yeux. C’était le 3 décembre 2011, dans sa maison à Kidal. Aujourd’hui, c’est la première fois qu’il pose des mots sur près de dix ans de cauchemar ressassé. Comme pour une thérapie en public. « Je me suis libéré, d’un traumatisme, d’une souffrance que je portais seul et je pense que désormais les gens vont compatir à ma douleur », explique-t-il.

Ce sont 22 600 dépositions qui ont été collectées dans les différentes antennes régionales de la Commission vérité, justice et réconciliation (CVJR). Des récits d’exactions, de massacres, ou d’arrestations arbitraires non judiciarisés mais qui pourraient entrer dans le cadre de la politique nationale de réparation en faveur des victimes.

Réparation

Dont le témoignage d’Awa Doumbia. Originaire de Gao, elle a perdu sa fille, décédée peut de temps après avoir été touché par des éclats d’obus. Elle milite pour plus d’assistance envers les orphelins. « Moi, mes petits enfants se contentent de moi, parce que je suis là. Ceux qui n’ont même pas de parents, qu’est-ce qu’ils vont devenir après ? Si on ne les encadre pas, on ne les entretient pas, ils vont prendre des armes », s’inquiète-t-elle.

Selon les vœux du gouvernement, un plan d’action d’un coût de 65 milliards de francs CFA (près d’un milliard d’euros) prendra en charge les activités de la politique nationale de réparation des victimes des crises au Mali depuis 1960 dont le décret d’approbation a été signé le 10 septembre dernier. Des victimes dont le nombre continuent d’augmenter du fait de la crise sécuritaire qui secoue le pays.