Sur le front social, la transition ne connait pas de répit. Après la résolution de l’Article 39 du Collectif des Enseignants signataires du 15 octobre 2016, les Professeurs et Chercheurs donnent de la voix. Dans cette situation de revendications tous azimuts, les Administrateurs civils et les Travailleurs de l’Hôpital Gabriel Touré sont également sur le pied de guerre. Déjà, la semaine dernière, ces deux sections syndicales ont entamé leurs mouvements de grève. Les Médecins demandent une amélioration de leurs conditions de travail. Alors que les Administrateurs civils exigent en plus des meilleures conditions de travail, la libération de leurs collègues retenus en otage. Le Syndicat Libre des Travailleurs des Affaires Etrangères (SYLTAE) et celui des du Ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine (STMMEIA) ont aussi déposé un préavis de grève. Tous ces mouvements sont la conséquence de la gestion désastreuse de l’ancien Régime. Presque tous ces mouvements actuels sont motivés par le non-respect des engagements pris par l’Etat.

Dans le cadre des revendications catégorielles déclenchées sous l’ancien Régime, les Administrateurs civils viennent d’entamer un mouvement de grève de 15 jours à compter du 19 octobre dernier. De leur côté, les Travailleurs de l’Hôpital Gabriel Touré ont cessé le travail pour une durée de 72 heures (20, 21 22 octobre 2020). Le Syndicat National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (SNESUP) et le Syndicat Libre des Travailleurs des Affaires Etrangères (SYLTAE) et le Syndicat des Travailleurs du Ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration Africaine (STMMEIA) ont, à leurs tours, déposé des préavis de grève.  Cette pression sociale est héritée de la mauvaise gouvernance du Régime d’IBK.

En effet, le système IBK avait cristallisé le mécontentement général. Et les préavis de grèves avec leurs cohortes de revendications catégorielles ou corporatistes qui pleuvent et s’accumulent sur la table du nouveau Ministre du Travail ne datent pas d’aujourd’hui. Elles (ces grèves) sont la résultante de la mauvaise gestion frisant la corruption à la grande échelle, l’impunité et la gabegie qui ont caractérisé les mandats de l’ancien Président Ibrahim Boubacar Kéïta. C’est connu de tous, la majeure partie de ces revendications est partie de l’accumulation dans les tiroirs les dossiers des grévistes en réclamation légitime. Ce qui fait qu’à l’instant les Autorités actuelles payent la lâcheté et la fuite en avant De l’ancien Régime qui, face aux mécontentements généralisés et pour calmer ces genres de grognes sociales, n’hésitaient pas à prendre des engagements qu’elles savaient difficiles voire   impossibles à tenir.

Ainsi, après les Administrateurs qui ont débuté une grève de 360 ​​heures (soit 15 jours), ce sont les Travailleurs du Ministère de l’Administration Territoriale qui ont déclenché leur mouvement depuis le lundi 19 octobre dernier, sur l’ensemble du territoire national. Ils en avaient déjà observé un autre mot d’ordre en 2018.  Cette nouvelle grève se déroule, en effet, après que les négociations entre les Syndicats et l’État ont échoué. Et, comme ils l’avaient annoncé préalablement, les Syndicats des Travailleurs de l’Administration Territoriale ont décrété une grève de 15 jours qui a commencé lundi dernier. Par cette série de débrayages au sein des services administratifs de l’Etat, les Syndicalistes et les Travailleurs de l’Administration Territoriale veulent amener l’État malien à respecter désormais ses engagements financiers vis-à-vis des Administrateurs civils et des membres du corps préfectoral.

Aussi, les grévistes exigent la sécurisation des Représentants de l’État dont deux sont « toujours entre les mains des terroristes ». Et, ce n’est pas tout ; car, ils reclament également la prise en charge des salaires de l’ensemble des Travailleurs des Collectivités territoriales et le respect des textes qui régissent les établissements publics à caractère administratif (EPA) au niveau des Agences de Développement Régional (ADR).

Les Syndicats souhaitent également la majoration de la prime de fonction spéciale à hauteur de 300% accordée aux personnels des Services du Ministère de l’Administration Territoriale ; la fixation du nombre d’Agents de sécurité affectés aux Représentants de l’Etat et leur mise à disposition effective au plus tard le 30 octobre 2020 ; la prise en charge effective des salaires et accessoires des Fonctionnaires des Collectivités territoriales relevant du cadre de l’Administration générale par le Budget de l’Etat ; la relecture des cadres organiques des services étatiques pour prévoir les Corps des Fonctionnaires des Collectivités territoriales du cadre de l’Administration générale. A ce niveau, l’on retiendra que la plupart de ces revendications ne date pas d’aujourd’hui.

Pour sa part, le Syndicat National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (SNESUP)  a décidé d’observer une grève de 48 heures allant du mardi 3 au mercredi 4 novembre 2020 et une autre de 72 heures allant du mardi 10 au jeudi 12 novembre 2020 si les points de revendications suivants ne sont pas satisfaits : l’Application de la grille plancher 1368 et plafond 3000 aux Enseignants-Chercheurs ; l’application immédiate des Articles 66 et 97 du Statut des Enseignants-Chercheurs pour l’augmentation de 20% de la grille indiciaire et de 2 ans de l’âge de la retraite pour les Professeurs/Directeurs de Recherche et les Maîtres de Conférences/Maîtres de Recherche ; l’application immédiate de la prime de recherche conformément à l’Article 34 du Décret N°2017- 0850/P-RM du 09 octobre 2017 fixant les modalités d’application du Statut des Enseignants-Chercheurs. Le SNESUP exige aussi le payement des heures supplémentaires dues aux Enseignants ; l’effectivité de la régularisation de la situation administrative et financière des agents de l’Institut d’Economie Rurale (IER), du Centre National de Transfusion Sanguine (CNTS), de l’Institut National de Santé Publique (INSP), de la FMOS/FAPH, de l’ENI-ABT ; l’annulation de la décision de licenciement des agents du Centre Régional de Recherche Agronomique de Sotuba pour faits de grève ; la construction d’une cité des Enseignants au pôle universitaire de Kabala ; la construction et l’équipement de la Bibliothèque universitaire centrale (BUC) et l’opérationnalisation du plan de sécurisation de l’espace universitaire.

Le Syndicat Libre des Travailleurs du Département des Affaires Etrangères (SYLTAE) et le Syndicat des Travailleurs du Ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration Africaine (STMMEIA) projettent d’observer une grève de 144 heures (6 jours) allant du lundi 9 au lundi 16 novembre 2020. C’est à cause du non-respect des Accords signés avec le Gouvernement précèdent. Le Syndicat Libre des Travailleurs des Affaires Etrangères (SYRAE) réclame, entre autres, l’examen et l’adoption du projet de Statut du corps diplomatique ; la relecture du Décret n°05-464/P-RM du 17 octobre 2005 fixant la valeur du Point d’indice de traitement des personnels occupant certains emplois dans les Missions diplomatiques et consulaires du Mali à l’Extérieur ainsi que leurs primes et indemnités ; la relecture des Décrets portant octroi d’indemnités et équipement aux Agents du Département central.  …

 

Les hôpitaux sur la brèche

Pour sa part, le comité du Syndicat National de la Santé, de l’Action Sociale et de la Promotion de la Famille (SNS-AS-PF) du CHU-Gabriel Touré a aussi observé une grève de 72 heures du 20 au 23 octobre derniers. La crise à l’hôpital est récurée. Déjà, en 2017 les hôpitaux avaient été paralysés par son plus long mouvement social. Ces mêmes revendications qui avaient conduit à cette grève reviennent sur le tapis. Les Travailleurs de l’Hôpital GT exigent le remboursement des primes de fonctions spéciales prélevées sur les salaires du personnel bi-appartenant. Aussi, ils demandent le paiement intégral à l’INPS des Arriérés de reversement pour le personnel contractuel.

L’aménagement d’un système d’évacuation des eaux usées, la réhabilitation des Blocs opératoires et la réparation des deux salles d’hospitalisation à la pédiatrie font aussi partie des doléances du comité syndical.

Outre ces revendications, le SNS-AS-PF réclame entre autres: le payement intégral et sans délai des Arriérés d’émoluments du personnel ; le remboursement intégral et sans délai des primes de fonctions spéciales prélevées sur les salaires du personnel bi-appartenant ; le payement intégral et sans délai à l’INPS des Arriérés de reversement de quote-part de (l’AMO des allocations familiales) pour le personnel contractuel ; la nomination d’un Régisseur de recettes au niveau du Bureau des Entrées de l’hôpital dont le poste est vacant depuis bientôt un an. L’assainissement et l’aménagement de la devanture  et des alentours immédiats de l’hôpital afin de rendre fluide la circulation et l’accès facile aux patients avec l’aménagement des systèmes d’évacuation des eaux usées et d’écoulement afin de renforcer l’hygiène dans la cour , déganter la réhabilitation des blocs opératoires des urgences chirurgicales ainsi que celui du service ORL ; réparer les deux salles d’hospitalisation de la pédiatrie fermées depuis plus d’une année ainsi que la salle de réanimation Adultes ; améliorer les conditions de garde du personnel, notamment au niveau des salles de garde et de la restauration ; de réorganiser le fonctionnement des guichets de « l’espace AMO » pour faciliter la prise en charge des Agents socio-sanitaires sont autres motifs avancés par le comité du Syndicat National de la Santé, de l’Action Sociale et de la Promotion de la Famille du CHU-Gabriel Touré pour justifier son action. Rendre effective la prise en charge gratuite des soins médicaux et du médicament pour le personnel socio-sanitaire assujetti à l’AMO, conformément aux engagements  parachever le processus d’intégration dans la fonction publique de l’Etat du personnel contractuel payé sur ressources propres dont le processus a commencé tout en tenant compte de la situation administrative actualisée des Agents à intégrer et en régularisant celle de ceux déjà intégrés et enfin exécuter, en vue  de leur extinction définitive, les différents protocoles d’accord entre le département de la santé et le comité syndical du CHU Gabriel Touré sont autres griefs cités par le comité du SNS-AS-PF du CHU-Gabriel Touré.

Même ébullition du côté de l’autre grand hôpital de Bamako.

En effet, les Thésards de l’Hôpital du Point G ont exprimé, le 19 octobre dernier, à travers un sit-in, leurs malaises.

Selon leur Vice-coordinateur, Dr Seydou Karembé, les Thésards du CHU Point G n’ont pas touché un rond de leurs ristournes depuis le début de l’année 2020.

Selon Dr Karembé, les ristournes s’élèvent à 500 francs CFA par jour et 15.000 FCFA par mois pour chacun des Thésards. Toujours au niveau de l’Hôpital Point G, ils sont environ 200 thésards qui sont privés de leurs ristournes depuis 10 mois. « Depuis le début de l’année, nous n’avons pas perçu un seul centime », déplore le Vice-coordinateur des Thésards, Dr Seydou Karembé, Médecin. Selon ses explications, l’hôpital paie les thésards sur la ligne des bi appartenance (sur l’émolument des Professeurs). Mais, a-t-il ajouté, il se trouve que, pour cette année, cette somme est insuffisante et l’hôpital a demandé un crédit pour payer les thésards. « Le Budget a rejeté la demande parce qu’elle n’était pas spécifiée et nous avons été interpellés pour que nous apportions un document qui prouve que nous devons être payés. Chose que nous avons faites », a expliqué Dr Karembé, sur sa page Facebook.

Au Directeur Général de l’hôpital du Point G, le jeune Médecin adresse un message fort : « Le DG, vos thésards travaillent comme des chevaux à fournir des efforts mécaniques constamment ». Pire, durant toute la période de la pandémie de COVID-2019, ces étudiants en thèse qui sont au niveau de l’hôpital du Point G sont restés sans aucune mesure d’accompagnement. « Ils n’ont pas reçu de primes », selon leur Vice-coordinateur des Thésards.

Mémé Sanogo

Source: L’Aube- Mali