Présumé cerveau d’un complot visant à renverser les autorités, Boubou Cissé à qui on prête des ambitions présidentielles, n’est « pas en fuite » selon ses avocats mais « à Bamako et en lieu sûr ».   

Un  pan entier de voile s’est levé sur les arrestations en série opérées récemment dans notre pays dans le cadre d’une « entreprise de déstabilisation » visant les autorités de la transition. Le parquet a invoqué des réunions clandestines , une propagande « subversive » à laquelle se serait prêté l’activiste et chroniqueur  radio populaire Mohamed Youssouf Bathily communément appelé Ras Bath, un effort pour lever 200 millions de francs CFA qui auraient servi notamment à instrumentaliser des syndicats , mais aussi des sacrifices  rituels et des consultations  auprès des marabouts  importants , a révélé le groupe de presse Jeune Afrique citant une source proche du dossier.

Au cœur de la présumée tentative de déstabilisation, le dernier Premier ministre du président Ibrahim Boubacar Keïta, renversé le 18 août dernier. Mais il n’aurait pas joué en solo. Six autres personnalités sont mises en cause fin décembre par la justice. Le mode opératoire se déclinait en campagne de discrédit des autorités de nature à semer des troubles jusqu’à la chute de l’actuel gouvernement de Moctar Ouane. Cinq des personnalités mises en cause ont été interpellées puis écrouées. Seul a manqué à l’appel Boubou Cissé, lui « est resté introuvable », a annoncé le parquet dans un communiqué rendu public.

Son de cloche différent du côté des avocats de Boubou Cissé. Dans une sortie médiatique, Me Marcel Ceccaldi s’est montré plus explicite. Il « est à Bamako » et « en lieu sûr ». L’ancien ministre de la Justice et ex-bâtonnier des avocats, Me Kassim Tapo lui a fait chorus : « Boubou Cissé n’est pas en fuite ».

 

« Je suis à l’abri »

 

Le dernier locataire de la primature s’est abrité derrière une intrusion en sa résidence, fin décembre, de plusieurs hommes présumés appartenir  à la sécurité d’Etat en son absence pour invoquer une absence de garantie de sa sécurité. La semaine  dernière, dans un entretien  avec  la radio allemande Deutsche Welle, il a rappelé à ceux qui doutaient de sa bonne foi que ces hommes armés avaient « violenté » des personnes se trouvant chez lui.

« Si on m’avait simplement convoqué en bonne et due forme, évidemment je me serais présenté pour répondre  aux questions (…) compte tenu du fait qu’on était face à l’arbitraire, je me suis mis à l’abri en attendant que je sois convoqué en bonne et due forme » s’est –il justifié  avant d’ajouter qu’il se trouve bel et bien au Mali, sans fournir la moindre précision.

Boubou Cissé avait le 23 décembre dernier nié toute implication dans un projet de déstabilisation «  je tiens à prendre l’opinion nationale et internationale comme témoins de cette odieuse tentative de jeter le discrédit sur ma personne et l’idéal politique que je suis supposer incarner : je ne suis ni directement ni indirecte de quelconque  que ce soit associé à un projet déstabilisation des institutions de mon pays, et je mets quiconque au défie d’en apporter la preuve contraire ».

Une torche de ses avocats tentait d’apporter un éclairage sensé guider les pas vers la compréhension de tout un ensemble. A les suivre, si leur client n’est pas inculpé parce qu’il n’a pas été convoqué. Et Me Ceccaldi d’indiquer brièvement qu’ « il n’y a rien dans le dossier ». Mais voilà un grain de sable dans le mécanisme, grain assimilé à la procédure bâtie sur un rapport des services secrets auquel le collectif des avocats n’a pas accès et qu’il a dénoncé avec force.

Dans l’œil du cyclone de la justice, Boubou Cissé serait au cœur du complot et on lui a prêté l’intention de s’aligner dans la course à l’élection présidentielle  devant se dérouler en 2022 et qui va consacrer le retour à un pouvoir civil. Cependant, l’ex-Premier ministre a préféré botter en touche. « Ce n’est pas l’ordre du jour chez moi » a-t-il souligné à Deutsche Welle.

Hormis Boubou Cissé, l’activiste et chroniqueur radio Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath, le directeur général du Pari mutuel urbain (PMU) Vital Robert Diop entre autres ont été inculpés et écroués. Autre personnalité de premier plan dans le collimateur de la justice Sékou Traoré, secrétaire général de la présidence au moment des faits. Son décret de nomination vient d’être abrogé et la Cour suprême saisie de son cas devra se prononcer sur le sort à lui réserver.

Georges François Traoré