Présenté par Soro Solo, ce magazine radio diffusé dans six pays africains use d’humour et de pédagogie pour informer sur l’épidémie liée au coronavirus.

« Covid, là, on va le lutter grave ! », introduit la voix off de l’émission, dont on comprend rapidement la tonalité. « Nous voulons parler de la pandémie en dépassant l’anxiété qu’elle suscite », explique son présentateur, Soro Solo, qui a longtemps animé, depuis son exil de Côte d’Ivoire en 2002, de nombreux programmes sur l’Afrique sur la station publique France Inter (« Je vous écris de France », « L’Afrique enchantée », « L’Afrique en solo ») : « L’objectif, c’était de ne pas se contenter de transmettre une information scientifique sur la maladie, mais d’apporter un regard décalé. Nous constatons que l’humour rend les auditeurs plus réceptifs aux mesures de précaution et les implique davantage. »

C’est ainsi que l’humoriste malienne Alima Dioba Togola n’hésite pas à ironiser, dans un sketch, sur les bienfaits de la pandémie pour les couples : « Confinement, merci du fond du cœur ! Grâce à toi, je mange tous les soirs avec mon mari et on dort ensemble. Nous, les femmes mariées, étions devenues des célibataires dans notre propre foyer ! » Comme elle, la Burkinabée Roukiata Ouedraogo, le Camerounais Ulrich Takam et l’Ivoirien Taxi-Conteur ont répondu à l’appel de la production en écrivant des sketchs. Seule contrainte : glisser dans leurs textes un rappel des gestes barrières.

Les « fake news » passées au crible

L’humour et la pédagogie sont les deux ingrédients principaux de l’émission hebdomadaire « Covid-19, c’est quoi même ? », diffusée depuis le 1er juin par quinze radios dans six pays africains (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad et Sénégal), déclinée dans quinze langues (arabe tchadien, bambara, dioula, fulfuldé, haoussa, ngambay, sérère, soninké, songhai, moré, pulaar, khassaniya, tamashek, wolof et zarma) et également disponible en podcasts (uniquement en français, ils seront relayés sur Le Monde Afrique à raison d’un épisode par jour à partir du vendredi 14 août). L’intitulé de ce magazine radio qui ne se prend pas au sérieux reprend une expression ivoirienne désormais populaire en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale.

Chaque semaine, une personnalité est invitée pour prendre du recul sur l’actualité. L’historien Amzat Boukari-Yabara a par exemple mis en avant les solutions africaines développées pour gérer la crise sanitaire : « La production de masques au Maroc, la fabrication de respirateurs artificiels dans plusieurs pays et l’interdiction d’importation de gel hydroalcoolique par le Nigeria, pour assurer sa propre production, montrent qu’il y a une volonté de sortir de la dépendance médicale vis-à-vis du monde extérieur. Un nouveau capitalisme et une nouvelle géopolitique de la santé sortiront de cette pandémie. » Le philosophe Souleymane Bachir Diagne a quant à lui analysé comment la pandémie « remet les humains face aux questions fondamentales : la vie, la mort et la vulnérabilité de notre humanité ».

Ponctué de titres musicaux d’artistes africains engagés dans la lutte contre le coronavirus (Tiken Jah Fakoly, Smarty, Mo Kouyaté…), le programme de trente minutes propose une chronique passant au crible les « fake news » proliférant sur la Toile et fait la part belle aux initiatives locales. « Nous voulions mettre en avant ces Africains qui trouvent des solutions face aux difficultés engendrées par la pandémie. Ceux qui se réinventent, comme l’ONG WakatLab, qui s’est investie très rapidement dans la production de masques et de respirateurs à destination des hôpitaux », s’enthousiasme Soro Solo. Le Covid-19, une opportunité pour le continent ? Le journaliste en est convaincu. C’est pour cette raison qu’il a accepté d’animer ce programme. « Nous sommes le continent de l’oralité. La radio est le meilleur outil pour répondre de manière moins anxiogène au milliard de questionnements que pose ce virus », conclut l’animateur.
Episode 1| Qu’est-ce que le coronavirus exactement ? Episode 2| Coronavirus et religion
¶Le Monde Afrique est partenaire de ce magazine de société hebdomadaire de trente minutes diffusé par quinze radios de six pays d’Afrique de l’Ouest. Le programme est proposé par la structure sénégalaise RAES Productions et l’Agence française de développement des médias CFI dans le cadre de son projet « MédiaSahel » et de l’initiative « Covid-19 – Santé en commun ». Le projet est financé par l’Agence française de développement (AFD).

Laureline Savoye

Source: Le Combat