La défense a soulevé des questions se rapportant à l’absence de certains documents dans les dossiers des accusés. Conséquence : le président a suspendu l’audience pour permettre aux avocats de se mettre à jour. La reprise est prévue pour aujourd’hui

 

Bakary Togola et ses complices sont toujours entre les mains de la justice à la Cour d’appel de Bamako. Lors de la comparution du principal accusé après la reprise du jugement suite au renvoi de la veille, celui-ci s’est agrippé à une dénégation systématique des faits. Mais avant, ses avocats avaient tenté, sans pouvoir l’obtenir, la nullité pure et simple de la procédure. Cette stratégie n’a pas marché et l’accusé Togola a été de nouveau appelé à la barre pour s’expliquer sur la disparition de plus de neuf milliards de Fcfa aux détriments des paysans lorsqu’il était à la tête de l’APCAM.

Devant les jurés, il a opté pour la dénégation comme moyen de défense. La seule explication qu’il a pu donner c’est de dire qu’il a été trahi par certains de ses collègues de l’époque. Il est allé jusqu’à dire que ces derniers ont profité et abusé de son illettrisme. D’où, selon lui-même, sa présence devant les juges pour atteinte aux biens publics. Au troisième jour de l’audience, tout comme les deux jours précédents, les partisans de l’ex-patron de l’APCAM ont pris d’assaut la Cour d’appel très tôt le matin. Les consignes étaient toujours fermes pour accéder à la salle.

Mais qu’à cela ne tienne, de nombreux partisans du principal accusé ont investi la salle d’audience. C’est aux environs de 9 heures que, sous bonne garde des agents de sécurité, Bakary Togola et ses compagnons de fortune ont fait leur entrée dans la salle d’audience pour occuper le box des accusés. Mais avant, certains de ses partisans tenaient à l’approcher pour lui serrer la main en dépit de la présence des forces de sécurité.

Vers 9 heures 15 mn, les jurés ont fait leur entrée dans la salle et le président a annoncé la reprise de l’audience. Le trésorier général de la Confédération des sociétés coopératives de producteurs de coton du Mali, M’Piè Doumbia était le premier à se présenter à la barre. Les juges lui ont notifié sa possible participation dans la disparation de l’argent reproché à l’ancien chef de l’APCAM. Donc, un complice de Bakary Togola.

D’emblée, sans même réfléchir par deux fois, cet accusé aussi a nié les faits. «Je ne l’ai pas aidé», a-t-il brièvement répondu, parlant de Bakary Togola.

Visiblement, il tenait à dégager toute responsabilité dans cette affaire. Il est lui aussi resté dans une logique de dénégation durant tout le temps qu’il était à la barre. à sa suite, c’est le nommé Soloba M. Keïta, président de la Fédération régionale de Kita et son comptable, Mady Keïta qui ont été appelés pour s’expliquer sur les faits de détournement, faux et usage de faux. Tout comme leurs prédécesseurs, eux aussi ont opté pour la dénégation systématique comme moyen de défense.

Toutefois, le comptable a tenté de justifier son accusation par le fait que, selon lui-même, le juge d’instruction n’était pas du tout convaincu des pièces justificatives de 388 millions de Fcfa qu’il avait produites lors de l’instruction de son dossier. Dans le même ordre d’idée, il a soutenu que sa tâche se limitait juste à faire des retraits d’argent pour les activités de la coopérative. Excepté ce travail, l’accusé a précisé qu’en aucun moment, il n’a été mêlé dans la gestion des fonds proprement dits. Appelé à la barre, l’accusé Soloba M. Keïta, bien qu’étant le trésorier général n’a pu donner aucune explication convaincante quant aux déficits enregistrés sous sa gestion.

Pis, il ne pourra même pas dire le montant exact qui était versé dans le compte de la structure dont il était pourtant le trésorier général.

L’accusé s’est agrippé à son seul moyen de défense, celui de répéter à plusieurs reprises, qu’il n’a pas aidé Bakary Togola dans la disparition de la somme citée plus haut. à sa suite, les jurés ont appelé à la barre, le président de la Fédération régionale de Fana, Seydou Coulibaly pour son implication dans le détournement de la somme de plus de 398 millions de Fcfa au préjudice de sa Fédération. Tout comme les autres, lui aussi a tout simplement nié les faits. «Je ne suis responsable en rien de tout ce qui a été dit», s’est-il défendu, en réponse au juge qui lui demandait s’il reconnaissait les faits. Il a ajouté avoir produit toutes les pièces justificatives de la somme manquante qui lui était reprochée.

Et le président de lui rafraichir la mémoire que cela ne représentait qu’une partie du déficit constaté chez lui. Ces propos du président étaient suffisants pour que la défense saute sur l’occasion pour souligner que son client avait fourni toutes les pièces justificatives pendant l’instruction. Mieux, l’avocat précise que l’accusé avait même été mis hors de cause à la suite d’un non-lieu le concernant.

Pour la Cour, elle n’avait reçu que des pièces justificatives de plus de 172 millions de Fcfa versés à l’enquête préliminaire. Dans la foulée, les avocats ont sollicité le renvoi de l’audience pour complément d’informations. Ils avaient soulevé des questions relatives à l’absence de PV de deux des accusés.

Cette situation a donné lieu à des empoignades verbales entre la défense et le ministère public obligeant le président de la Cour à suspendre l’audience pour environ une vingtaine minutes. à la reprise, il est allé dans le sens souhaité par la défense et a renvoyé l’audience à aujourd’hui. Le temps de permettre aux avocats de compléter les dossiers.

Tamba CAMARA

Source : L’ESSOR