Dans un communiqué de presse en date du 13 janvier 2020, signé par Ousmane Diallo, l’Amnesty international-Mali estime que le report de dernière minute du procès d’Amadou Aya Sanogo, dans l’affaire dite des «bérets rouges», prolonge la souffrance des familles de victime. En effet, devant reprendre le 13 janvier dernier, ledit procès a été reporté à une prochaine session de la Cour d’assises de Bamako pour des raisons de consolidation de la cohésion sociale et la bonne entente avec l’armée, selon le gouvernement malien.

Le procès du général Amadou Haya Sanogo et de plusieurs autre militaires, accusés d’enlèvement, d’assassinat et de complicité d’assassinat dans l’affaire concernant l’homicide de 21 parachutistes, est reporté sans cesse depuis décembre 2016. « Huit ans se sont écoulés depuis l’enlèvement et l’exécution extrajudiciaire de ces 21 parachutistes maliens. Les familles ont déjà attendu trop longtemps que justice soit faite. Repousser la reprise du procès à ce stade tardif, prolonge leur souffrance et bafoue l’obligation faite à l’État d’administrer la justice et d’œuvrer à la manifestation de la vérité », a déclaré Ousmane Diallo d’Amnesty international.

Aussi, a-t-il souligné, « en outre, cela fait six ans que les accusés ont été arrêtés ou inculpés. Ce retard prolonge non seulement l’attente des familles de victime, mais viole également le droit des accusés d’être jugés dans un délai raisonnable, en particulier dans la mesure où certains d’entre eux sont détenus depuis le début ». Pour rappel, à la suite du coup d’Etat de mars 2012, qui avait porté le général Amadou Aya Sanogo au pouvoir, plusieurs responsables politiques et militaires avaient été arrêtés et détenus arbitrairement et un certain nombre de militaires et policiers avaient été victimes de disparition forcée, de tortures ou d’exécutions extrajudiciaires.

La mort des 21 personnes concernées est survenue lors de la tentative de contre coup d’État du 30 avril et du1er mai 2012, au cours de laquelle, les parachutistes, réputés proches du Président déchu Amadou Toumani Touré, avaient essayé de renverser la junte dirigée par le général Sanogo.

L’enquête sur ces exécutions extrajudiciaires a débuté après la découverte des corps dans une fosse commune, dans le village de Diago, non loin de Kati, (QG de la junte militaire de 2012). Le procès s’est ouvert le 30 Novembre 2016 à Sikasso, mais a été ajourné le 8 décembre pour des questions de procédure. Parmi les accusés figurent le général Amadou Haya Sanogo, ancien dirigeant de la junte, et le général Ibrahim Dahirou Dembélé, actuel ministre de la Défense et des Anciens combattants, nommé en mai 2019, et chef d’état-major des armées au moment des faits.

En 2019, le Mali a promulgué une loi de « réconciliation nationale » accordant l’amnistie pour un certain nombre de crimes. Bien que l’amnistie exclue explicitement les crimes de droit international, Amnesty International craint que ce texte ne serve à empêcher les poursuites pour de graves violations des droits humains. L’organisation exhorte les autorités maliennes à veiller à ce que toutes les graves violations des droits humains fassent l’objet d’une enquête et de poursuites, et à respecter les droits des victimes à la vérité et à la justice ainsi que les droits des accusés à un procès équitable. « Nous appelons les autorités maliennes à amener les responsables présumés de tous les crimes de droit international et d’autres graves violations des droits humains commis par toutes les parties depuis 2012 à répondre de leurs actes », a déclaré Ousmane Diallo.

 

Seydou K. KONE

Source: Bamako News