Le procès Karim Keita contre Mamadou Diadié Sacko alias Saxe et Adama Dramé avait repris hier au sein du tribunal de grande instance de la commune III du district de Bamako. Ces deux journalistes, respectivement directeurs de la RFM et du journal hebdomadaire le « Sphinx » répondent à la plainte de « diffamation » déposée par l’honorable Karim Keita dit Katio suite à la disparition du journaliste Birama Touré. Pour indisponibilité du procureur de la République, Mamadou Bandjougou Diawara, le procès a été renvoyé au 10 de ce mois.

 

Procès impatiemment attendu depuis 8H, c’est aux environs de 9H43 que les juges feront leur entrée dans la grande salle du tribunal correctionnel. Suite à l’installation des juges et aux courts échanges d’une dizaine de minutes entre avocats, les juges ont décidé de renvoyer l’affaire au 10 de ce mois. Au sortir de la salle, Me Alassane Diop nous confie : « Il y a eu renvoi d’office à la demande du tribunal parce que le tribunal est irrégulièrement constitué. Le parquet ne s’est pas présenté malheureusement au tribunal ce matin. ». Pourtant, l’audience dernière a fait l’objet d’un renvoi contradictoire à l’égard de toutes les parties, dit-il. Sans aucun détour, Me Diop exprime : « On est vraiment surpris de l’absence du parquet ce matin ». De son avis, le parquet est bel et bien informé de la tenue de cette audience. Mais si le tribunal n’est pas régulièrement constitué et que le parquet qui doit être là pour requérir et soutenir la plainte au nom de la société est absent, l’audience ne peut pas se tenir. Me Alassane Diop, avocat des deux journalistes défendeurs se dit mécontent de ce renvoi. « Nous ne sommes pas du tout contents de ce renvoi. On s’était bien préparé pour cette audience et les gens sont venus de l’étranger pour ça et c’est vraiment une surprise désagréable », a-t-il fait savoir. Pour l’ancien ministre de la Justice, Mohamed Aly Bathily, avocat des journalistes, les frais de la consignation fixés la fois dernière à 100 000F a été payé par Karim Keita. Donc, dit-il haut et fort, toutes les conditions étaient réunies pour la tenue de l’audience, « sauf le tribunal qui est venu nous dire que le procureur n’était pas disponible ». Selon lui, « en l’absence du procureur ou de son substitut, aucune audience ne peut se tenir en matière correctionnelle ». Me Bathily poursuit ses propos et confie : « Nous les avocats, on se contente de dire que la formation juridictionnelle du tribunal n’est pas apte à juger. Parce que le procureur qui doit accuser n’est pas là. Et on ne sait pas pourquoi il est absent ».

L’ancien ministre de la justice : « C’est lui qui doit démontrer l’infraction commise (diffamation), et nous (les avocats) répondons au procureur ainsi qu’aux avocats du plaignant. C’est le procureur qui soutient l’accusation dans le droit », « s’il n’est pas là, le jugement ne pourra pas se faire ». De sa part, Me Abdramane Touré, avocat des deux journalistes, précise : « C’est vrai que les mutations doivent avoir lieu, mais jusqu’à présent, c’est le procureur Diawara et ses substituts qui devraient se prononcer sur le jugement d’hier ».

Selon le substitut du tribunal que nous avons rencontré, c’est le procureur seul que peut se prononcer sur son absence. « Je ne sais pas ce qui justifie son absence. Il n’est quand même pas venu, et n’a laissé aucune consigne ou instruction pour  dire qu’il n’allait pas être là », « Avant la sortie du décret, dit-il, c’est lui qui est toujours le premier responsable du tribunal. Cela fait deux jours qu’on ne le voit pas au tribunal. Alors que tous les autres qui doivent être mutés sont à leur poste. Il ne vient pas et ne donne pas non plus de consignes ».

Parmi les greffiers rencontrés, personne n’a pu justifier l’absence de Diawara. Stupéfaites du renvoi d’hier, nombreuses étaient des personnes venues pour soutenir les journalistes qui fustigeaient le comportement du tribunal en promettant une autre sortie massive le 10 juillet pour être au rendez-vous du procès.

Mamadou Diarra

Le Pays