Comme toutes les nations du monde, au mois de décembre, le Mali fera un clin d’œil aux droits de l’Homme. L’occasion pour l’Observatoire des droits humains et de la paix (Odhp) d’initier un micro-trottoir  des Maliens dans le cadre du respect des droits des individus surtout après une crise sécuritaire.

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Les droits fondamentaux des citoyens sont-ils promus et protégés au Mali ? Quel regard sur le contexte sécuritaire du Mali en rapport avec les droits de l’homme ? Quelles solutions possibles pour une sortie de crise ? Voilà entre autres les questions sur lesquelles des Maliens se sont prononcés. Cette enquête initiée par l’Odhp s’inscrit dans le cadre de ses missions de promotion et de protection des droits humains.

Mamady Tounkara, magistrat en activité, pense que le respect des droits est une quête perpétuelle. Selon lui, aucun pays au monde ne peut prétendre que ces droits et libertés sont acquis. Parlant du contexte sécuritaire du Mali, le magistrat dira que les autorités sont amenées à poser des actes qui peuvent restreindre les libertés des Maliens. Il s’agit, selon lui, de l’Etat d’urgence dont l’esprit est de protéger les citoyens.

Abondant dans le même sens, une étudiante de la Faculté de médecine, Hawa Doumbia, estime que la crise sécuritaire oblige les autorités du Mali à prendre certaines mesures de restitution des libertés. Le justificatif, selon elle, est que dans la région de Ségou, il est interdit de circuler avec un engin à deux roux entre deux villages.  «Cette mesure a contribué à réduire les attaques et attentats contre les forces de sécurité», affirme Hawa Doumbia.

Pour sa part, Moussa Traoré, commerçant de son état, pense que les droits fondamentaux des citoyens sont promus et protégés au Mali seulement par les organisations de défense des droits de l’homme. Selon lui, les autorités du Mali ont toujours piétinés les droits des citoyens surtout dans les commissariats de police et dans les tribunaux. «Il suffit de se rendre dans les juridictions pour se rendre compte que les droits des Maliens ne sont jamais respectés surtout en matière pénale. C’est triste de le dire, mais le constat est clair. Une simple comparution vaut mandat de dépôt sans aucune assistance. Pensez-vous que dans ces conditions les droits de l’homme sont respectés ?», s’interroge Moussa Traoré.

Même s’il reconnaît que l’Etat du Mali fait beaucoup d’efforts pour la promotion et la protection des droits des citoyens, Ibrahim Sirima Keïta, enseignant, pense que beaucoup reste à faire. De son point de vue, le putsch du 22 mars 2012 a été provoqué suite à une injustice qui avait gagné du terrain. «Les pauvres étaient laissés à leur triste sort, surtout dans les juridictions. Les violations des droits se constatent également dans les commissariats de police. Le délai de garde à vue n’est jamais respecté», déplore Ibrahim Sirima Keïta.

Comme pistes de solutions pour le respect des droits humains, les interlocuteurs pensent que l’Etat du Mali doit mettre l’accent sur certaines règles. Il s’agit de préserver et promouvoir la dignité et les droits fondamentaux de l’individu; assurer la justice sociale; favoriser le développement économique et social de la collectivité; renforcer la cohésion de la société ainsi que la tranquillité nationale; créer un climat propice pour la paix. S’y ajoutent le renforcement des capacités des organisations de défense des droits de l’homme et surtout la protection des défenseurs des droits humains à travers l’adoption d’un texte de loi.

Ibrahim M.GUEYE

Par

Le Prétoire