Dans le centre de la région du Sahel, près de 5 millions d’enfants touchés par les violences auront besoin d’aide humanitaire en 2020. Un nombre qui devrait augmenter à mesure que les attaques contre les enfants augmentent au Burkina Faso, au Mali et au Niger, alerte l’UNICEF.

« Lorsque nous examinons la situation dans le centre du Sahel, nous ne pouvons nous empêcher d’être frappés par l’ampleur de la violence à laquelle les enfants sont confrontés. Ils sont tués, mutilés et abusés sexuellement, et des centaines de milliers d’entre eux ont vécu des expériences traumatisantes », a déclaré dans un communiqué Marie-Pierre Poirier, Directrice régionale de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et centrale.

Mi-janvier, le chef des opérations de paix de l’ONU, Jean-Pierre Lacroix avait alerté le Conseil de sécurité sur la dégradation sécuritaire dans les pays du Sahel. Dans la région, la recrudescence de la violence se traduit notamment par des attaques contre des enfants et des civils, des enlèvements et le recrutement d’enfants dans des groupes armés. Actuellement en visite au Mali, M. Lacroix a rappelé dimanche que « c’est surtout la population civile qui souffre » des violences qui touchent le pays et la région du Sahel.

Les attaques contre les enfants au Sahel ont augmenté au cours de l’année écoulée. À titre d’exemple, le Mali a enregistré 571 violations graves contre les enfants au cours des trois premiers trimestres de 2019, contre 544 en 2018 et 386 en 2017.

Depuis le début de l’année 2019, plus de 670.000 enfants dans la région ont été contraints de fuir leur domicile en raison des conflits armés et de l’insécurité. « Les enfants touchés par la violence dans le centre du Sahel ont un besoin urgent de protection et de soutien », a souligné Mme Poirier.

L’UNICEF appelle les gouvernements, les forces armées, les groupes armés non étatiques et les autres parties au conflit à mettre fin aux attaques contre les enfants que ce soit à leur domicile, dans leur école ou dans les centres de santé. L’agence onusienne demande également un accès sûr à tous les enfants touchés, conformément aux principes humanitaires, et exhorte toutes les parties à protéger et à faciliter l’accès aux services sociaux. « Il s’agit d’une pierre angulaire de la cohésion sociale et contribue à prévenir les conflits », a dit Mme Poirier.

Plus de 3.300 écoles fermées en raison des violences

L’augmentation de la violence au Sahel a également des conséquences dévastatrices sur l’apprentissage des enfants. Fin 2019, plus de 3.300 écoles dans les trois pays étaient fermées ou non opérationnelles en raison de violences – un chiffre multiplié par six depuis avril 2017 – touchant 650.000 enfants et 16.000 enseignants.

L’insécurité et les déplacements de population créent des obstacles importants pour les enfants et les familles qui tentent d’accéder aux services essentiels, à la nourriture et aux fournitures nutritionnelles. Une situation qui peut conduire à la détérioration de la santé et de l’état nutritionnel des enfants. L’UNICEF estime que dans le centre du Sahel, plus de 709.000 enfants de moins de 5 ans souffriront de malnutrition aiguë sévère et auront besoin de traitements vitaux cette année.

Pendant ce temps, l’accès des familles à l’eau potable diminue également. Rien qu’au Burkina Faso, l’accès à l’eau potable a diminué de 10% entre 2018 et 2019 dans les zones où les personnes déplacées représentent plus d’un cinquième de la population. Certaines régions ont connu une baisse d’accès à l’eau potable allant jusqu’à 40%.

Sur le terrain, l’UNICEF et ses partenaires sont présents au Burkina Faso, au Mali et au Niger pour fournir aux enfants le soutien et les services dont ils ont un besoin en matière de protection, d’éducation, de santé, de nutrition, d’eau et d’assainissement. L’agence onusienne a besoin de 208 millions de dollars pour répondre aux besoins humanitaires dans le centre du Sahel en 2020.

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