En nommant comme sélectionneur des Aigles l’ex international malien Éric Sékou Chelle le 6 mai dernier, la Fédération malienne de football (FEMAFOOT) a fait un pari : celui d’un coach sans expérience d’une sélection nationale et n’ayant pas encore entraîné d’équipe de haut niveau.

« C’est un stagiaire qui va diriger notre équipe nationale ». Les mots sont forts, mais c’est ce que pense l’analyste sportif Moussa Diarra, pour lequel « la fédération a privilégié l’argent par rapport à l’expérience, car il y avait mieux que lui parmi les postulants », explique-t-il. Selon les responsables de la FEMAFOOT, l’État, qui paie les sélectionneurs, avait donné un plafond financier à ne pas dépasser. L’ancien défenseur, passé par Valenciennes et Lens, n’aura été dernièrement au chômage que six mois. Après avoir été limogé par l’Union sportive de Boulogne, club de troisième division française, pour défaut de résultats, il devra faire beaucoup mieux avec les Aigles. Drissa Niono, journaliste sportif, préfère parler d’un pari. « C’est vrai qu’il n’a pas d’expérience au haut niveau. Mais, en tant qu’ancien joueur, la fédération estime qu’il pourra réussir, comme l’ont fait d’autres anciens joueurs, comme le sélectionneur du Sénégal (Alioune Cissé, champion d’Afrique en titre avec son équipe nationale NDLR) ».

Selon certains observateurs, le style d’Éric Sékou Chelle est similaire à celui du coach argentin Marcelo Bielsa, avec de la vivacité, de l’intensité, axé sur l’offensive. D’ailleurs, lui-même l’a déclaré au quotidien national au moment de présenter « les grands chantiers » de son management. « J’ai un plan purement technique basé sur l’animation offensive. Le but est de travailler dans la continuité avant d’ajouter ma vision du football et ce que je veux pour cette équipe. Je peux vous promettre qu’il va y avoir de l’intensité sur le terrain ». Mais le problème des équipes de Bielsa est qu’elles encaissent beaucoup de buts. Pour Alassane Souleymane, journaliste et ancien candidat à la présidence de la FEMAFOOT, Chelle pourra s’appuyer sur les fondations solides posées, en défense notamment, par son prédécesseur Mohamed Magassouba. « Il faudra y ajouter maturation et assurance », ajoute-t-il. Des doutes subsistent sur le choix d’Eric Sékou Chelle à la tête des Aigles, doutes que le nouveau sélectionneur devra vite balayer, avant d’entamer début juin la phase de qualification pour la CAN 2023.

Aly Asmane Ascofaré

Source : Journal du Mali