Membre du Conseil de la Confédération africaine d’athlétisme, également première vice-présidente du Comité national olympique et sportif du Mali (Cnosm) et actuelle présidente de la Fédération malienne d’athlétisme, Mme Sangaré Aminata Kéïta a bien voulu nous accorder une interview dans laquelle elle donne ses impressions sur l’état actuel de l’athlétisme malien, les perspectives pour la discipline et ses relations avec la ligue d’athlétisme du district de Bamako.

Aujourd’hui-Mali : Comment jugez-vous l’état actuel de l’athlétisme malien ?

Mme Sangaré Aminata Kéïta : Nous pouvons dire que l’athlétisme se porte assez bien au Mali, malgré toutes les difficultés que nous rencontrons au quotidien. Après notre élection à la tête de la Fédération malienne de d’athlétisme, nous avons d’abord pu mettre en place une administration plus claire. C’est-à-dire une administration chargée de coordonner le bon déroulement des activités. Par exemple, auparavant, il n’existait pas de la licence pour les athlètes. Mais aujourd’hui, ils ont tous une licence. Ensuite, nous avons mise en place une permanence au niveau du siège de la Fédération, ce qui nous permet de travailler à l’aise. En dehors de cela, nous avons mis un accent particulier sur la gestion des infrastructures et la création des compétitions. Aujourd’hui, nous avons un programme de développement que nous essayons de mettre en œuvre. Toutes les compétitions programmées sont exécutées sur le terrain. Toujours par rapport aux compétitions, nous avons pu faire la catégorisation des athlètes. Avant, les athlètes toutes catégories confondues participaient ensemble aux différents tournois, mais depuis un moment, nous avons effectué la catégorisation des athlètes. Il y a désormais des championnats dans toutes les catégories (cadet, junior et sénior). Chaque compétition est organisée à part ce qui nous permet de mieux cadrer et gérer les athlètes.

L’objectif de la Fédération était d’assoir l’athlétisme dans toute étendue du territoire national. Je pense que nous sommes en train d’y arriver petit à petit parce que quand nous commencions, il y avait 9 clubs, à part les clubs affiliés au niveau des ligues. Mais aujourd’hui, nous sommes à 29 clubs affiliés dont 5 clubs en attente. Aujourd’hui, si nous prenons une région comme Tombouctou qui a déjà trois (3) clubs, je crois que c’est vraiment une très bonne chose. En plus de cela, il y a également un club d’athlétisme au niveau de Bandiagara, de Dioila, de Kita et de Kayes. Je pense que cela est une avancée majeure. Aujourd’hui, nous sommes en train d’atteindre doucement notre objectif qui est de développer la discipline à la base et de prétendre avoir des médailles lors des compétitions sous-régionales et internationales.

Sur ce plan, nous pouvons dire que nous avons pu faire quelque chose parce que nos athlètes continuent d’engranger des médailles lors du Tournoi de la solidarité et celui de la Zone II qui regroupe les pays de la Cedeao. Enfin, les ligues régionales sont régulièrement renouvelées tout en respectant les textes. Il est important de souligner que nous avons de très bonnes relations avec nos partenaires comme le Ministère de la Jeunesse et des Sports et le Comité national olympique et sportif du Mali (Cnosm) qui nous accompagne énormément.

Que comptez-vous faire pour consolider les acquis et rehausser l’image de l’athlétisme malien ?

C’est de continuer ce que nous avons entrepris, c’est-à-dire multiplier des compétitions et renforcer la capacité des athlètes, des officiels techniques et des entraineurs. Déjà, l’année dernière, nous avons pu organiser des stages de perfectionnement à l’endroit des athlètes, des officiels techniques et des entraineurs.

Par rapport à ces stages de perfectionnement, l’un a été organisé à Bamako et l’autre au niveau du Centre de développement de l’athlétisme à Dakar au Sénégal. Vous savez, pour aller de l’avant dans l’athlétisme, il est important de développer ces secteurs afin que le niveau des athlètes puisse aller avec ceux des entraineurs. Ensuite, l’équipement ! Il y a des disciplines de l’athlétisme que nous n’arrivons pas à pratiquer chez nous parce que nous n’avons pas le matériel adéquat. Dieu merci, avec le soutien du Comité national olympique et sportif du Mali (Cnosm) nous avons pu avoir quelques matériels électroniques. Donc, nous continuons à nous équiper avec de matériels nouvelle génération. Nous allons évoluer dans ce sens, tout en continuant de chercher d’autres partenaires pour qu’on puisse avoir du matériel adéquat pour le développement de l’athlétisme au Mali. Déjà nous allons également continuer de tisser de bonnes relations avec les ligues.

 Quelles sont les perspectives pour la discipline ?

Pour les perspectives, je pense que cela va dans la continuité parce que si nous voulons développer la discipline, il faut forcément de compétitions et les stages de perfectionnement pour les acteurs. Et, c’est ce que nous continuons de faire. Dans le cadre de l’élargissement de la base, nous allons appuyer les ligues dans la création des clubs d’athlétisme dans leur localité.

Des compétitions, nous les organisons dans l’élite, mais si nous voulons asseoir la discipline à l’intérieur, il faut forcément aller dans les localités et tout en décentralisant les compétitions. C’est là où le bât blesse un peu parce que c’est un travail que doivent faire nos ligues. Malheureusement, elles n’ont pas assez de moyens pour faire face à cela. Mais au niveau de la Fédération, nous allons continuer de les accompagner dans ce sens.

Les gens évoquent souvent le manque d’infrastructures pour faire de l’athlétisme une discipline populaire. Qu’en pensez-vous ?

Le manque d’infrastructures ne peut pas être un frein à la pratique de l’athlétisme parce que nous pouvons bel et bien pratiquer l’athlétisme à la base avec peu de moyens. Sur un terrain vague, dans les brousses, nous pouvons pratiquer la discipline et courir dans tous les sens. C’est peut-être au niveau de l’élite que le manque d’infrastructures peut freiner la pratique de la discipline. Sinon, nous pouvons pratiquer l’athlétisme partout que cela soit dans les villages, les fractions etc. Donc, c’est là où la popularité de l’athlétisme réside parce que sa pratique est plus facile et nous n’avons pas besoin de grand-chose pour la pratiquer.

Quelles sont vos relations avec les ligues d’athlétisme et plus précisément celle du district de Bamako ?

Aujourd’hui, nous avons de très bonnes relations avec toutes les ligues parce qu’une fois que nous sommes élus, nous sommes là pour les ligues. Mais souvent, il y a certaines difficultés et je pense que cela est normal dans la pratique de toute activité humaine. Il y a souvent des incompréhensions, mais dès que vous arrivez à comprendre que vous êtes là pour le développement de la discipline, tout le problème sera aplati. Je pense que cela était valable avec la ligue d’athlétisme de Bamako où il y avait quelques difficultés de compréhension. Mais ce que je peux vous dire, la paix, c’est le respect des règlements et de la discipline parce que c’est lorsqu’on va au-delà de cela que les problèmes surgissent. Nous voulons qu’il y ait le respect strict des textes et c’est ce qui va nous aider à développer l’athlétisme malien. C’est vrai qu’à un certain moment, il y avait beaucoup d’incompréhension entre la Fédération et la ligue de Bamako, mais Dieu merci, nous avons pu les surmonter. Dès lors, tout le monde a compris qu’il faut rester dernière les textes et c’est à cela seulement qu’on peut espérer le développement de la discipline.

Aujourd’hui, quel est l’état de vos relations avec le Comité national olympique et sportif du Mali (Cnosm) ?

Nous avons de très bonnes relations avec le Comité national olympique et sportif du Mali (Cnosm). Vous savez, le Cnosm est l’interface de toutes les fédérations avec le département de la Jeunesse et des sports. Dès lors que tout le monde comprend cela, je pense qu’il n’y a plus de problème. Nous avons de très bonnes relations avec Habib Sissoko, président du Cnosm et aussi avec les autres membres qui sont là pour accompagner toutes les fédérations sportives du Mali dans le développement de leur discipline. J’avoue que nous n’avons pas de problème avec le Cnosm et nous saluons toutes les initiatives du président Habib Sissoko qui a pris à bras-le-corps le développement du sport au Mali.

Avez-vous un message à l’endroit des athlètes par rapport au Covid-19 ? 

J’invite tout le monde et les athlètes en particulier à respecter les gestes-barrières pour lutter contre le Coronavirus encore appelé Covid-19. C’est à dire se laver régulièrement les mains avec du savon, tousser ou éternuer dans son coude, utiliser un mouchoir à usage unique et le jeter, éviter de se serrer les mains. Ces mesures ont pour objectif de nous protéger contre cette pandémie.

 Réalisé par Mahamadou TRAORE   

 

Source: Aujourd’hui-Mali